Et si, au lieu de polluer les océans, les déchets plastique servaient à construire des routes plus écologiques ? La PlasticRoad, qui intègre 70 % de déchets plastique, est une nouvelle alternative à l’asphalte à base de bitume. Elle se présente en modules préfabriqués très faciles à installer et à entretenir.

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    Depuis le 11 septembre dernier, les cyclistes de Zwolle, la capitale de la province d'Overijssel, aux Pays-Bas, roulent sur une toute nouvelle route... en plastiqueplastique. Cette première mondiale, baptisée PlasticRoad, est présentée par trois entreprises : KWS, une filiale du géant néerlandais de la constructionconstruction VolkerWessels, le plasturgiste Wavin et le Français Total. Installée sur une longueur de 30 mètres, la portion de piste cyclable contient l'équivalent de 218.000 gobelets en plastique ou 500.000 bouchons de bouteilles. Elle est aussi bardée de capteurscapteurs chargés de surveiller la température du sol, le nombre de passages de vélos et l'usure de la route.

    Cette dernière présente de nombreux avantages par rapport à une route en bitumebitume. Conçue en modules préfabriquéspréfabriqués et encastrables, elle est quatre fois plus légère, facilement transportable et 70 % plus rapide à installer. On peut, par exemple, pré-imprimer des marques de séparationséparation ou des places de parking.

    Sa durée de vie est trois fois supérieure à celle d'une route classique et elle nécessite peu d'entretien et de maintenance. Finis les problèmes de trous dans la chaussée, d'échauffement, de vibrations, de mauvaises herbes ou de flaques d'eau. Le plastique permet également un meilleur drainagedrainage de l'eau par rapport à l'asphalte, ce qui limite les inondationsinondations. Enfin, les modules creux permettent d'intégrer toutes sortes d'éléments : câbles, tuyaux d'eau, mais aussi capteurs intelligents ou matériaux de récupération d'eau et de stockage d'énergie.


    La PlasticRoad, qui se présente en modules préfabriqués, est quatre fois plus légère et dure trois fois plus longtemps que les routes en bitume. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais apparaissent alors. Cliquez ensuite sur la roue dentée à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © KWS, YouTube

    Route en plastique : l'exemple parfait d'économie circulaire

    Mais c'est bien entendu l'argument écologique que les concepteurs mettent en avant. Alors que 350 millions de tonnes de plastique sont utilisées chaque année dans le monde, à peine 14 % est recyclé. « Avec 40 millions de kilomètres de routes installés chaque année, le potentiel est énorme », s'enthousiasme Wavin. Ces 350 millions de tonnes de plastique représentent en effet trois fois la quantité de bitume fabriquée annuellement (120 millions de tonnes).

    La PlasticRoad s'inscrit dans le principe de l'économie circulaireéconomie circulaire : elle utilise des matériaux recyclés et peut elle-même être démontée et recyclée en fin de vie. Comme elle est plus légère, on gagne aussi sur le transport. « Avec la PlasticRoad, on économise deux à trois couches d'asphalte », assurent les concepteurs. L'installation nécessite ainsi 85 % de transport en moins, ce qui évite le rejet d'autant de CO2.

    Grâce à sa structure en creux, la PlasticRoad draine l’eau et peut intégrer des capteurs, câbles électriques ou stocker le froid et la chaleur. © PlasticRoad

    Grâce à sa structure en creux, la PlasticRoad draine l’eau et peut intégrer des capteurs, câbles électriques ou stocker le froid et la chaleur. © PlasticRoad

    Le plastique, l'avenir du bitume ?

    Après Zwolle, une autre piste cyclable devrait être installée à Giethoorn, dans la même province. Mais de nombreux autres projets sont en cours, aussi bien pour des routes, des parkings, des quais de gares ou des trottoirs. Total et ses partenaires ne sont d'ailleurs pas les seuls à travailler sur la route en plastique. La start-upstart-up britannique MacRebur conçoit ainsi des revêtements routiers intégrant 5 à 10 % de plastique afin de lui conférer des propriétés particulières. L'un des mélanges, plus solide, est par exemple destiné au trafic des poids lourds ; un autre est conçu pour résister aux températures extrêmes. En Australie, une portion de route de 300 mètres en Plastiphalt a été inaugurée en mai 2018, à Melbourne. Des granulés issus de 200.000 sacs plastique, 63.000 bouteilles et 4.500 cartouches d'encre ont été fondus dans le bitume. Mais la part du plastique reste encore inférieure à 1 % dans la composition de l'asphalte. La PlasticRoad de Zwolle, elle, est constituée à 70 % de plastique, et les concepteurs espèrent atteindre les 100 % dans un avenir proche.

    Il reste encore quelques améliorations à apporter avant d'envisager une généralisation du plastique sur nos routes. La PlasticRoad a tendance à être trop lisse, offrant donc une plus faible adhérence. Il faut également éviter que des microparticules de plastique soient éjectées dans l'air par abrasionabrasion lors du passage de véhicules et prévenir les risques de combustioncombustion en cas d'incendie. Mais ces problèmes devraient pouvoir se résoudre.