À l’occasion du lancement de la première mission à destination de la planète Mars de l’Agence spatiale des Émirats arabes unis, Futura a pu interviewer S.E Sarah Al Amiri, ministre d'État des Émirats arabes unis pour les sciences aéronautiques et spatiales et chef de projet adjoint de la mission Mars des Émirats. À quelques heures du décollage de cette première mission martienne d’une nation arabe, la ministre d’État revient sur la nécessité de diversifier l'économie des EAU et de se lancer dans l'économie du savoir.  


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    Créée en 2004, l'Agence spatiale émiratie s'apprête à lancer aujourd'hui son premier satellite d'exploration robotiquerobotique à destination de la planète Mars après avoir envoyé le premier astronaute des Émirats arabes unis (EAU) à bord de la Station spatiale internationale. Une performance remarquable pour un pays vieux de seulement 50 ans. Hope (Al Amal en arabe, espoir en français), c'est le nom de la mission Emirates Mars Mission (EMM), est bien plus qu'une mission de plus à destination de Mars. Ses objectifs sont inédits, certes l'intérêt scientifique est évident, certes elle contribuera à faire progresser la connaissance de Mars depuis une orbite jamais occupée par une autre sonde.

    Le lancement de Hope est prévu ce soir. Il est à suivre en direct sur le site de l'Agence spatiale des Émirats arabes unis (www.emm.ae/live).

    Hope doit décoller du centre spatial japonais Tanegashima, à bord d'un lanceur H-IIA, et entamer un voyage de sept mois vers la Planète rouge autour de laquelle elle se mettra en orbite en février 2021.

    Mais, au-delà de ces attraits, Hope s'inscrit dans un contexte plus large qui vise à « préparer les 50 prochaines années des Émirats arabes unis » qui souhaitent « diversifier une économie très dépendante de la pétrochimie et du tourisme », nous explique Sarah Al Amiri. Ces cinquante dernières années nous ont « servis à construire toutes les infrastructures (aéroports, routes, hôtels, réseaux de distribution d'énergie, d'eau...) nécessaires aux bien-être de nos concitoyens ». Demain, le but est d'assurer la prospérité des Émirats arabes unis en s'appuyant sur « l'éducation, la science et la technologie notamment ».

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    Diversifier une économie trop dépendante du pétrole

    Il est un peu tôt pour voir cette future économie du savoir, comme l'économie post-pétrole mais, comme le souligne la ministre d'État, nous « souhaitons diversifier notre économie qui dépend aujourd'hui de la pétrochimie et du tourisme en augmentant la croissance de nouveaux secteurs d'activités liés à la technologie et au savoir ». Le tourisme et la pétrochimie feront toujours partie de l'ADNADN des Émirats arabes unis mais, cette prospérité ne doit plus seulement reposer sur les seules industries du pétrole, de la chimiechimie et du tourisme. Pragmatique, S.E Sarah Al Amiri tient à préciser que « s'il faut diversifier notre économie », le but est « moins de diminuer la part de certains secteurs que d'augmenter la croissance de certains secteurs et d'en ajouter d'autres ! »

    S.E Sarah Al Amiri s'exprimant lors d'une table organisée par l'équipe <em>Youth Connect</em> de l’Expo 2020 de Dubaï. © Droits réservés
    S.E Sarah Al Amiri s'exprimant lors d'une table organisée par l'équipe Youth Connect de l’Expo 2020 de Dubaï. © Droits réservés

    Nous devons renforcer notre économie du savoir en la rendant plus innovante, créative et compétitive

    « Nous devons renforcer notre économie du savoir en la rendant plus innovante, créative et compétitive », avec pour but que les EAU fassent partie des leaders scientifiques dans la région et le monde arabe. Pour y parvenir, des missions comme Hope « qui est le projet spatial le plus complexe que nous ayons entrepris » nous permettent d'acquérir des « savoir-faire acquis tout au long du développement de la sonde dont la fabrication de composants ». Aujourd'hui, Hope a été réalisée à l'aide de nombreux partenariats internationaux, dont l'université du Colorado, l'université de Californie-Berkeley et l'université d'État de l'Arizona. Demain, nous « souhaitons être capables de développer nos propres missions spatiales, en toute autonomieautonomie ».

    Acquérir de la compétence technologique

    Cet investissement dans la technologie spatiale est aussi une question de souveraineté dans le sens où les Émirats arabes unis « souhaitent disposer de leur propre flotte de satellites d'observation de la Terreobservation de la Terre pour gérer au mieux nos ressources naturelles, réserves de pétrole et de gazgaz, voire aussi comment mieux les exploiter à l'avenir ».

    Au-delà de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance en 1971 des Émirats arabes unis, jusque-là sous tutelle britannique, Hope est un jalon important, pour les Émirats arabes unis dont les ambitions martiennes doivent les amener, à terme à construire une ville sur Mars avant 2117.

    L’équipe scientifique de la mission compte par ailleurs 90 % de femmes. © United Arab Emirates Space Agency
    L’équipe scientifique de la mission compte par ailleurs 90 % de femmes. © United Arab Emirates Space Agency

    Interrogée sur l'éventualité d'une prochaine mission à destination de Mars, S.E Sarah Al Amiri, s'est voulue « vaguevague », préférant profiter de l'instant présent et nous rappeler que la mission Hope est devenue une « réalité en seulement six ans » et que les « données complètes de la mission seront partagées avec des scientifiques du monde entier pour faire progresser la connaissance collective ».

    En guise de conclusion, nous soulignerons le rôle des femmes dans la mission dont « l'équipe scientifique émiratie de la mission est en grande majorité constituée de femmes », preuve de la place des femmes dans le domaine des Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques aux Émirats arabes unis. Et de rappeler, que la partie occidentale de la mission est très masculine !