Mission accomplie ! La Chine a réussi à rapporter sur Terre des échantillons de la Lune après une mission remarquablement bien maîtrisée et en seulement un peu plus de 3 semaines. Après les États-Unis et la Russie, elle est le troisième pays à réussir un tel exploit. Notre analyse.


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    Fin de mission pour Chang'e 5mission pour Chang'e 5. La capsule contenant les échantillons prélevés sur la Lune a atterri dans la zone prévue, à 19 h 00 (heure de Paris), seulement un peu plus de trois semaines après avoir quitté la Terre, le 23 novembre. Quant à l'orbiter Chang'e 5, des rumeurs indiquent qu'il pourrait être dirigé vers l'astéroïde 2016 HO3, objectif de sonde chinoise Zheng He dont le lancement est prévu ces prochaines années. L'idée serait d'aller photographier lors d'un survolsurvol rapproché cet astéroïde que l'on présente comme un « quasi-satellite » de la Terre. À suivre donc.

    Cette mission signe un des plus beaux exploits du spatial chinois dans le domaine de l'exploration robotiquerobotique. Au-delà de l'exploit technique et des premières réalisées lors de cette mission (redécollage depuis la Lune, rendez-vous et transfert en orbite), l'intérêt scientifique est très grand. La composition chimique de ces échantillons rapportés sur Terre renforcera la connaissance que nous avons de l'histoire de la Lune, voire elle l'améliorera, mais surtout ils renseigneront sur les niveaux projetés de concentration des  terres rares, le futur eldorado lunaire.

    Il sera également possible de tester différentes techniques d'extraction et voir si l'impression additive à base de la poudre de métauxmétaux contenus dans le régolithe est pertinente et si elle est une solution d'avenir. Les analyses de ces échantillons seront comparées avec les mesures, réalisées sur la Lune par Chang'e 5, de la composition minérale de la surface ainsi que sous la surface de la Lune.

    Le module lunaire Chang'e-5 après son atterrissage dans la province chinoise de Mongolie interieure, le 17 décembre 2020. © CNSA, <em>via</em> AFP
    Le module lunaire Chang'e-5 après son atterrissage dans la province chinoise de Mongolie interieure, le 17 décembre 2020. © CNSA, via AFP

    Un ricochet sur l’atmosphère

    La capsule a accompli une trajectoire de rentrée avec rebond contre l'atmosphère pour ralentir sa vitesse, avant de plonger dans l'atmosphèreatmosphère et atterrir sous parachutesparachutes. Cette technique de retour d'orbite a été testée avec succès avec Chang'e 5 T1 en octobre 2014. Cependant, cette manœuvre de rentrée par saut, imitant une pierre faisant des ricochets, rend difficile son contrôle et explique pourquoi la zone d'atterrissage était particulièrement grande.

    Trajectoire de rentrée de la capsule avec rebond contre l'atmosphère pour ralentir sa vitesse, avant de plonger dans l'atmosphère et atterrir sous parachutes. Cette technique de retour d'orbite a été testée avec succès avec Chang'e 5 T1 en octobre 2014. © CNSA, CGTN
    Trajectoire de rentrée de la capsule avec rebond contre l'atmosphère pour ralentir sa vitesse, avant de plonger dans l'atmosphère et atterrir sous parachutes. Cette technique de retour d'orbite a été testée avec succès avec Chang'e 5 T1 en octobre 2014. © CNSA, CGTN

    La Chine, un acteur majeur de l'exploration robotique !

    La rapidité et l'apparente facilité avec lesquelles la Chine a récupéré ces échantillons lunaires et les a rapportés sur Terre sont très impressionnantes. Elles montrent le niveau de maturité atteint dans la maîtrise des techniques robotiques et les technologies spatiales. Plus surprenant encore, le fait que les responsables de la mission aient annoncé à l'avance les dates et les heures de chaque phases de la mission -- du jamais vu lors des missions précédentes ! -- et les retransmettent en direct, montre un niveau de confiance rarement dévoilé au public.

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    Chang'e 5 : les objectifs cachés de la mission de retour d'échantillons lunaires de la Chine

    La sonde chinoise Chang'e 5 recueille des échantillons sur la Lune, le 2 décembre 2020. © China National Space Administration (CNSA) via AFP
    La sonde chinoise Chang'e 5 recueille des échantillons sur la Lune, le 2 décembre 2020. © China National Space Administration (CNSA) via AFP

    Avec les normes en vigueur au sein de l'Agence spatiale européenne et de la Nasa, il aurait été compliqué, voire impossible, de réaliser une mission dans des délais aussi courts. Non pas que ces deux agences ne soient pas capables de récupérer des échantillons où que ce soit mais, à chaque étape, elles se seraient astreintes, à raison, à de fastidieuses vérifications en tous genres qui demandent beaucoup de temps pour s'assurer que tout fonctionne nominalement ! Avec Chang'e 5, la Chine ne s'est pas embarrassée de tant de précautions. Évidemment, des vérifications a minima ont eu lieu à chacune des phases mais, comme diraient les fans de l'Olympique de Marseille : « Droit au but » !

    Cela dit, cette confiance peut aussi s'expliquer par le fait qu'en cas de l'échec de la mission, un Chang'e 5 de « remplacement » était d'ores et déjà planifié pour une seconde tentative. Cette deuxième mission d'un retour d'échantillons lunaires aura tout de même lieu ! Chang'e 6 visera un site d'atterrissage, certainement difficile d'accès, situé soit sur la face cachée de la Lune, soit au pôle sud et, si c'est le cas, ce sera dans l'optique d'une future mission habitée chinoise. Son lancement est prévu en 2024, voire en 2023.

    La capsule contenant les échantillons lunaires. © Agence spatiale chinoise (CNSA)

    Le module lunaire Chang'e 5 après son atterrissage dans la province chinoise de Mongolie interieure, le 17 décembre 2020. © CNSA, <em>via</em> AFP
    Le module lunaire Chang'e 5 après son atterrissage dans la province chinoise de Mongolie interieure, le 17 décembre 2020. © CNSA, via AFP

    Le saviez-vous ?

    Actuellement, il y a 5 missions chinoises dans l'environnement lunaire :

    • Chang’e 5 est revenue sur Terre avec plus de 2 kilogrammes d’échantillons lunaires ;
    • Chang’e 4 et son rover Yutu-2 en activité sur la face cachée de la Lune depuis 2019 ;
    • L’orbiter Queqiao autour d'un point de Lagrange qui assure les liaisons entre Chang'e 4 et la Terre depuis 2018 ;
    •  Chang’e 5T1 en orbite lunaire depuis 2014 ;
    •  Chang’e 3 sur la face visible de la Lune depuis 2013.

    Chang'e 5 : la sonde a quitté la Lune et vole vers la Terre

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 14/12/2020

    Après avoir séjourné 10 jours en orbite autour de la Lune, la sonde Chang'e 5, chargée d'au moins deux kilogrammeskilogrammes d'échantillons lunaires, a quitté notre satellite naturel et vole à destination de la Terre. Arrivée prévue le 16 décembre ! 

    La sonde chinoise Chang'e 5, en orbite autour de la Lune depuis le 3 décembre, a quitté la Lune et vole aujourd'hui en direction de la Terre qu'elle devrait rejoindre le 16 décembre. Samedi, la sonde avait débuté ses manœuvres orbitalesorbitales pour se préparer à ce départ en effectuant une première correction de trajectoire pour se placer sur une orbite elliptique.

    Dimanche, un second allumage du moteur, pendant 22 minutes, a permis à la sonde de s'éloigner de la Lune et a mis Chang'e 5 sur une trajectoire de rendez-vous avec la Terre, a indiqué l'agence spatiale chinoise (CNSA, Administration nationale de l'Espace de Chine).

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    Chang'e 5 : les objectifs cachés de la mission de retour d'échantillons lunaires de la Chine

    Image du site Futura Sciences
    L'orbiter Chang'e 5 quitte la Lune avec quelque 2 kilogrammes d'échantillons et vol en direction de la Terre. © CNSA

    Un voyage retour de 112 heures

    Le voyage de retour sur Terre est prévu pour durer environ 112 heures. S'il se déroule comme prévu, la capsule qui contient les échantillons sera larguée et accomplira une trajectoire de rentrée avec rebond contre l'atmosphère pour ralentir sa vitessevitesse, avant de plonger dans l'atmosphère et atterrir sous parachutes.

    Cette technique de retour d'orbite a été testée avec succès avec Chang'e 5 T1 en octobre 2014. La capsule devrait se poser sur le site de Siziwang Banner, en Mongolie-Intérieure -- le même site que celui où atterrissent les taïkonautestaïkonautes à bord des capsules ShenzhouShenzhou. Une correction de trajectoire, à mi-chemin entre la Lune et la Terre, sera réalisée afin de viser précisément le point d'entrée dans l'atmosphère terrestre de la capsule de retour.


    Chang'e 5 : amarrage et transfert réussis en orbite lunaire

    Article de Rémy Decourt publié le 07/12/2020

    Avec sa mission de retour d'échantillons lunaires Chang'e 5, l'Agence spatiale chinoise enchaîne les performances technologiques. Après avoir décollé d'un objet extraterrestre pour la première fois, la Chine a amarré avec succès deux engins entre eux en orbite lunaire : le module de remontée et l'orbiteur Chang'e 5. Les échantillons lunaires ont ensuite été transférés à bord de la capsule de retour. 

    La mission de retour d'échantillons lunaires express de Chang'e 5 a réussi son amarrage en orbite lunaire. Samedi soir, le module de remontée et l'orbiteur se sont amarrés sans coup férir. Trente minutes plus tard, les échantillons lunaires étaient transférés dans la capsule de retour ! Les responsables de la mission s'attendent à ce que plus ou moins deux kilogrammes de matièresmatières lunaires aient été récupérés à la surface de la Lune et jusqu'à deux mètres de profondeur.

    Cette manœuvre, une première pour la Chine autour de la Lune, était similaire aux rendez-vous orbitaux qu'effectuaient les missions Apollo de la NasaNasa lors de leur retour de la Lune. À l'époque, les modules lunaires s'amarraient aux modules de commande ApolloApollo avant de retourner sur Terre.

    Le décollage de la Lune du module de remontée, puis l'amarrage et le transfert des échantillons en orbite autour de la Lune, étaient deux des phases les plus difficiles de la mission et ces deux réussites ont donc permis de valider les choix technologiques et de développement pour les mener à bien. 

    Le départ de l’orbite lunaire prévu le 13 décembre

    Avant de quitter l'orbite lunaire, Chang'e 5 devra attendre plusieurs jours, le temps que la Terre et la Lune soient correctement alignées pour amener la sonde à destination.

    Le voyage de retour sur Terre est prévu le 13 décembre et doit durer environ 112 heures. S'il se déroule comme prévu, la capsule qui contient les échantillons sera larguée et accomplira une trajectoire de rentrée avec rebond contre l'atmosphère pour ralentir sa vitesse avant de plonger dans celle-ci et atterrir sous parachutes. Cette technique de retour d'orbite a été testée avec succès avec Chang'e 5 T1 en octobre 2014. La capsule devrait se poser sur le site de Siziwang Banner, en Mongolie-Intérieure -- le même site où atterrissent les taïkonautes à bord des capsules Shenzhou.

    Si le retour sur Terre se déroule sans encombre, la Chine deviendra le troisième pays à en rapporter des échantillons, après les États-Unis et la Russie.


    Chang'e 5 : les échantillons lunaires sont en orbite autour de la Lune

    Article de Rémy Decourt publié le 04/12/2020

    Seulement deux jours après son atterrissage sur la Lune, la mission chinoise Chang'e 5 est déjà repartie avec une précieuse cargaison d'échantillons lunaires. Elle se trouve en orbite autour de la Lune et demain elle devrait s'amarrer à l'orbiteur Chang'e 5 pour transférer les échantillons dans une capsule de retour. Le départ de la Lune est prévu plus tard et l'arrivée sur Terre devrait avoir lieu le 16 décembre.

    La collecte des échantillons s'est terminée dans de très bonnes conditions, ont annoncé les responsables de la mission qui ont confirmé qu'ils ont été scellés à l'intérieur du module de remontée. Apparemment, les deux kilogrammes d'échantillons prévus auraient bien été prélevés dont une partie jusqu'à deux mètres de profondeur. Comme prévu, la mission ne s'est pas attardée sur la surface lunaire. Seulement quelques heures après le dernier coup de « pelle », le module de remontée quittait la Lune, deux jours après son arrivée  !

    Décollage du module de remontée depuis sa plateforme d'atterrissage. © CNSA

    Étape décisive qui va décider du succès ou non de la mission

    Ce matin, les échantillons lunaires sont toujours en orbite lunaire. Le module de remontée doit effectuer un rendez-vous automatique avec l'orbiteur Chang'e 5. Dès l'amarrage accompli, les échantillons seront transférés dans la capsule de retour. Cette manœuvre complexe permet à la Chine de transporter une grande quantité de matériaux lunaires. En effet, un retour direct depuis la Lune n'aurait pas permis d'en transporter autant. Pour rappel, les trois missions soviétiques qui ont réussi à rapporter des échantillons sur Terre, Luna 16, 20 et 24 en 1970, 1972 et 1976, avaient rejoint la Terre directement depuis la Lune mais avec « seulement » 170 grammes d'échantillons au maximum.

    Cette manœuvre sera réalisée samedi et doit durer environ trois heures et demie. Elle se terminera par la séparationséparation des deux satellites. Avant de quitter l'orbite lunaire, Chang'e 5 devra attendre plusieurs jours, le temps que la Terre et la Lune soient correctement alignées pour amener la sonde à destination.

    Retour sur Terre prévu le 16 décembre

    Le voyage de retour sur Terre est prévu pour durer environ 112 heures. S'il se déroule comme prévu, la capsule qui contient les échantillons sera larguée et accomplira une trajectoire de rentrée avec rebond contre l'atmosphère pour ralentir sa vitesse avant de plonger dans l'atmosphère et atterrir sous parachutes. Cette technique de retour d'orbite a été testée avec succès avec Chang'e 5 T1 en octobre 2014. La capsule devrait se poser sur le site de Siziwang Banner, en Mongolie-Intérieure - le même site où atterrissent les taïkonautes à bord des capsules Shenzhou.

    Chang'e 5 collectant des échantillons de surface et dans le sous-sol. L’atterrisseur est équipé d’une caméra, d’un spectromètre et d’un radar dont les données serviront à fournir le contexte géologique des échantillons. © CNSA

     


    Des images à couper le souffle de la Lune prises cette nuit par Chang'e 5

    Article de Rémy Decourt publié le 02/12/2020

    La sonde Chang'e 5, qui doit rapporter des échantillons de la surface de la Lune, s'est posée avec succès sur la surface de la Lune. Les opérations de collecte vont se dérouler rapidement, on parle de deux ou trois jours afin que la sonde retourne sur Tere d'ici quelques jours, vers la mi-décembre. Une mission express qui démontre le niveau de maturité et de maîtrise atteint par la Chine dans le domaine de la robotique et des technologies spatiales.

    Après un court voyage entre la Terre et la Lune, la sonde chinoise Chang'e 5, première mission visant à collecter et ramener sur Terre des échantillons de roches lunaires depuis plus de 40 ans, a atterri sur la surface de la Lune cette après-midi. Après avoir décollé le 23 novembre du centre spatial de Wenchang, à bord d'un lanceurlanceur Long March 5, le plus puissant des lanceurs chinois en service, la sonde a rejoint l'orbite lunaire cinq jours plus tard, à seulement 200 kilomètres d'altitude. Deux jours après, le 30 novembre, l'objet volant s'est séparé en deux parties. Les modules d'alunissage et de remontée se sont dirigés vers la surface de la Lune tandis que celui du retour est resté en orbite.

    Un panorama spectaculaire pris à la surface de la Lune depuis le site d'atterrissage de Chang'e 5 dans l'Océan des Tempêtes. Image en haute résolution <a href="https://weibo.com/5386897742/JwCDRjkmU?type=comment#_rnd1606908931099" target="_blank">ici</a>. © CNSA
    Un panorama spectaculaire pris à la surface de la Lune depuis le site d'atterrissage de Chang'e 5 dans l'Océan des Tempêtes. Image en haute résolution ici. © CNSA

    Un séjour très court sur la Lune

    L'alunissage a eu lieu ce mardi 1er décembre à 16 h 13, heure de Paris. La sonde s'est posée à l'endroit prévu, c'est-à-dire dans l'océan des TempêtesTempêtes, à l'ouest de la face visible de la Lune, près d'une formation volcanique d'environ 1.000 mètres de haut dénommée Mons Rümke. La particularité de ce site est qu'il est beaucoup plus « jeune » que tous ceux analysés jusqu'à présent : ils ne dateraient en effet que de 1,2 milliard d'années, contre 3,1 à 4,4 milliards d'années pour ceux collectés par les missions Apollo et Luna.

    Après les vérifications techniques d'usages et la caractérisation du site d'atterrissage, de façon à fournir des informations sur le contexte géologique du site afin de mieux comprendre les échantillons qui seront étudiés, les opérations de collecte devraient débuter très rapidement. Elles devraient durer deux ou trois jours. Les responsables de la mission ne souhaitent pas s'attarder trop longtemps sur place car la sonde n'a pas été conçue pour séjourner longtemps sur la Lune. La mission recueillera des échantillons à la fois en surface et jusqu'à deux mètres de profondeur à l'aide d'une foreuse à percussion.

    Un site qui satisfait scientifiques et opérateurs de vol

    Le site d'atterrissage n'a évidemment pas été choisi au hasard. Il est un très bon compromis entre intérêt scientifique et facilité d'accès. Dit autrement, il doit convenir non seulement aux chercheurs, mais surtout aux ingénieurs et aux contrôleurs en charge de la mission qui va se poser. En effet, contrairement à une idée reçue, il n'est pas toujours possible de se poser là où l'intérêt scientifique est le plus grand. Pour atterrir en sécurité, de nombreux paramètres sont à prendre en compte ce qui restreint l'accessibilité de site d'intérêt scientifique. C'est surtout vrai pour Mars et moins contraignant pour la Lune.

    Le site d'atterrissage de Chang'e 5 vu lors de la descente de la sonde. © CNSA
    Le site d'atterrissage de Chang'e 5 vu lors de la descente de la sonde. © CNSA

    La Chine envoie une mission express de retour d’échantillons sur la Lune

    Article de Rémy Decourt publié le 24/11/2020

    C'est fait ! La sonde Chang'e 5, qui doit rapporter des échantillons de la surface de la Lune, a été lancée hier soir. Elle doit atterrir dans la journée de vendredi. Les échantillons seront de retour sur Terre d'ici seulement quelques semaines, vers la mi-décembre. Une mission express qui démontre le niveau de maturité et de maîtrise atteint par la Chine dans le domaine de la robotique et des technologies spatiales.

    Hier soir, un lanceur Long March 5 a lancé la sonde Chang'e 5 à destination de la Lune. Le décollage a eu lieu à 21 h 31, heure de Paris, depuis la base de lancement de Wenchang située sur l'île de Hainan. Notez que pour cette mission, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne fournit une assistance technique en matière de télécommunication et de surveillance de la sonde à l'aide de son réseau de l'espace profond.

    Chang'e 5 devrait atterrir dans la journée de vendredi à proximité de Mons Rümker dans l'océan des Tempêtes, la plus grande des mers lunaires où de nombreux engins soviétiques et américains se sont posés ainsi que la mission Apollo 12 en novembre 1969. Environ deux kilogrammes de poussières et cailloux lunaires, dont de la matière située jusqu'à deux mètres de profondeur, devraient être recueillis et rapportés sur Terre à la mi-décembre.

     

    Une mission de retour d’échantillons de la face cachée en cours de préparation

    Une mission express qui s'explique par les choix techniques des responsables de la mission qui n'ont pas souhaité doter la mission de dispositif particulier pour résister au froid lunaire. Toute la mission de Chang'e 5 sera donc réalisée lors d'une seule journée lunaire qui dure tout de même un peu plus de 29 jours terrestres. Un panorama du site d'atterrissage sera réalisé ainsi que des clichés de la zone d'où seront récupérés les échantillons afin de fournir aux scientifiques des informations sur le contexte géologique du site.

    Décollage de la fusée Long March 5, transportant le module lunaire Chang'e-5, du centre spatial de Wenchang, dans le sud de la Chine, le 24 novembre 2020. © STR, AFP
    Décollage de la fusée Long March 5, transportant le module lunaire Chang'e-5, du centre spatial de Wenchang, dans le sud de la Chine, le 24 novembre 2020. © STR, AFP

    Après avoir réussi le premier alunissage sur la face cachée de la Lune avec Chang'e 4Chang'e 4 qui s'est posé dans le cratère Von Kármán en janvier 2019, c'est un autre exploit technique que la Chine s'apprête à réaliser. Cela dit, au niveau mondial, cette mission n'est pas une première. Dans le passé, neuf missions ont rapporté sur Terre des échantillons lunaires, mais c'était il y a bien longtemps : on compte les six missions Apollo de la Nasa entre 1969 et 1972, et trois missions Luna de l'ex URSS (sur les 24 lancées entre 1959 et 1976) réussiront ce pari technologique (Luna 16, Luna 20 et Luna 24).

    La fusée Long March 5 acheminée vers son pas de tir au centre spatial de Wenchang, dans le sud de la Chine, le 17 novembre 2020. © STR, AFP, Archives
    La fusée Long March 5 acheminée vers son pas de tir au centre spatial de Wenchang, dans le sud de la Chine, le 17 novembre 2020. © STR, AFP, Archives

    Si la mission réussit, la Chine utilisera la sonde Chang'e 6, construite en back-up de Chang'e 5, pour une mission de retour d'échantillons inédite de la face cachée de la Lune en 2023-2024. Cette sonde, dont la plateforme est identique à celle de Chang'e 5, embarquera Dorn, un instrument scientifique et démonstrateurdémonstrateur technologique conçu et fabriqué par le Cnes en coopération avec des chercheurs de l'Irap. Dorn a pour objectif d'étudier le radonradon, un gaz libéré par le sol et de démontrer la faisabilité de cette expérience pour étudier l'exosphèreexosphère (la très fine « atmosphère » lunaire) lors d'une future mission.


    Lune : La Chine se prépare à lancer sa mission de retour d'échantillons

    Article de Rémy Decourt publié le 20/11/2020

    La Chine poursuit son ambitieux programme d'exploration robotique de la Lune et se prépare à lancer Chang'e 5, une mission de retour d'échantillons lunaires. Le lancement devrait avoir lieu dans le courant de la semaine prochaine.

    La Chine s'apprête à lancer sa mission spatiale la plus ambitieuse de sa jeune histoire débutée dans le domaine de l'exploration robotique. Le 24 novembre, la Chine devrait lancer la mission de retour d'échantillons lunaires Chang'e 5 à bord d'un lanceur Long March 5 utilisé cet été pour lancer la sonde Tianwen-1 à destination de Mars. Le 17 novembre, le lanceur a été installé sur son pas de tir de la base de lancement de Wenchang située sur de l'île de Hainan. Cette date de lancement est donnée à titre indicatif. En effet, la Chine communique très peu sur ses activités spatiales les considérant comme étant des domaines stratégiques et « sensibles ».

    Cette mission inédite pour la Chine mettra à l'œuvre 4 modules qui totalisent ensemble une massemasse de plus de 8 tonnes ! On compte l'étage de transfert (aussi appelé module de service) utilisé pour le trajet aller-retour entre la Terre et la Lune, un atterrisseur d'une masse de 3,8 tonnes, un étage de remontée qui doit amener les échantillons en orbite lunaire et une capsule de retour. L'atterrisseur (ou landerlander) se posera à proximité de Mons Rümker dans l'océan des Tempêtes, la plus grande des mers lunaires où de nombreux engins soviétiques et américains se sont posés ainsi que la mission Apollo 12 en novembre 1969.

    Vue d'artiste de l'architecture de la mission Chang'e 5 avec ses quatre modules. © CNSA
    Vue d'artiste de l'architecture de la mission Chang'e 5 avec ses quatre modules. © CNSA

    Un scénario de retour d’échantillons jugé complexe

    Si tout se passe comme prévu, quelque deux kilogrammes de poussières et cailloux lunaires, dont de la matière située jusqu'à deux mètres de profondeur, devraient être recueillis. Ils seront ensuite amenés en orbite d'où ils seront récupérés par le module de service et transférés dans la capsule de retour qui retournera sur Terre dans le courant du mois de décembre.

    Illustration d'un décollage depuis la surface de la Lune d'une capsule transportant des échantillons lunaires en direction du véhicule du retour qui les attend en orbite autour de la Terre. Ce concept n'est pas forcément représentatif du design définitif de la mission Chang'e 5. © CNSA
    Illustration d'un décollage depuis la surface de la Lune d'une capsule transportant des échantillons lunaires en direction du véhicule du retour qui les attend en orbite autour de la Terre. Ce concept n'est pas forcément représentatif du design définitif de la mission Chang'e 5. © CNSA

    Pour Chang'e 5, l'Agence spatiale chinoise doit faire face à de nombreux et nouveaux défis technologiques : collecter des échantillons lunaires, les amener en orbite lunaire pour un rendez-vous avec le véhicule de retour et se poser en sécurité sur Terre sans altérer le précieux chargement. Un scénario étonnamment complexe et très différent de la stratégie soviétique qui rapportait sur Terre les sondes du programme Luna directement depuis la Lune.

    En prévision de cette mission de retour d'échantillons lunaires, mais aussi de Chang'e 6 qui rapportera des échantillons de la face cachée de la Lune en 2023-2024, la Chine a réalisé un vol de démonstration d'une capsule de retour d'orbite pour préparer la phase de la rentrée atmosphérique. Baptisée Chang'e-5-T1, cette mission avait pour but de tester certaines des technologies nécessaires à ce retour d'échantillons dont une capsule de rentrée atmosphérique susceptible d'être utilisée plus tard pour rapporter des échantillons lunaires, voire des taïkonautes de retour d'une mission sur notre satellite.


    En bref : les Chinois préparent une mission de retour d'échantillons lunaires

    Article de Rémy Decourt publié le 17/08/2014

    La Chine poursuit son programme d'exploration robotique de la Lune en préparant le successeur de son petit roverrover « Lapin de Jade » (Chang'e 3). Nommée Chang'e 4, elle devrait être lancée d'ici la fin de l'année et préparer une mission ultérieure de collecte et retour d'échantillons lunaires annoncée pour 2017.

    La Chine a confirmé l'envoi d'ici la fin de l'année de Chang'e 4, un nouveau robotrobot à destination de la Lune. Cette mission a pour but de préparer à la suivante qui prévoit le retour d'échantillons de roches lunaires, Chang'e 5. Le Ministère des sciences et de la technologie chinois a annoncé son lancement pour 2017.

    Son objectif est d'atteindre notre satellite naturel puis de se poser en République populaire de Chine. Bon nombre des technologies qui seront utilisées pour la mission Chang'e 5 seront testées. Comme nous l'avons expliqué précédemment dans l'article le défi chinois du retour d’échantillons lunaires, le pays cherche à rattraper son retard dans ce domaine et à franchir quelques étapes technologiques que seule une mission précurseur permettrait de qualifier et maîtriser.

    Une mission à deux objectifs ?

    Voilà pour la version officielle du Ministère des sciences et de la technologie. Pour les spécialistes du secteur spatial chinois, cette mission est autant le précurseur d'une mission de retour d'échantillons lunaires qu'une mission habitée ! En effet, il semble que la capsule de rentrée atmosphérique soit aussi grande que celle des véhicules Shenzhou actuellement utilisés pour emmener les taïkonautes dans l’espace.

    Ajoutons aussi que, comme à son habitude, les autorités du pays n'ont pas fourni beaucoup d'informations techniques sur cette mission et encore moins sur le profil du vol. Ce qui, bien sûr, laisse libre cours à de nombreuses hypothèses dont certaines seraient très réalistes.

    Aussi sera-t-il très intéressant de voir si la mission a pour but de faire un simple voyage autour de la Lune puis s'en retourner sur la Terre -- comme l'a fait, bien malgré lui, l'équipage d'Apollo 13 -- ou, et cela démontrerait une certaine aisance technologique dans ce domaine, une mise en orbite autour de la Lune représentative d'une véritable mission de retour d'échantillons lunaires.

    Si telle est cette option qui s'applique à Chang'e 4, l'orbiteur pourrait simuler le temps nécessaire à une sonde pour atterrir sur la Lune, forer, récupérer les échantillons du sol et les envoyer en orbite lunaire d'où ils seraient récupérés, après une phase de rendez-vous avec un orbiteur stationné. A cela s'ajoute que le retour pourrait ne pas être immédiat. Le vaisseau devra attendre une fenêtrefenêtre de tir opportune qui le mettra sur une trajectoire de retour pour aller se poser sur un site chinois, vraisemblablement situé en Mongolie Intérieure.