Juno, la sonde de la Nasa qui fournit des informations précieuses sur Jupiter depuis 2016, est passée prêt de la catastrophe. Au lieu de cela, elle a surpris, à l’occasion de son dernier survol, un nouveau cyclone, un peu plus grand que la France, au pôle Sud de la planète géante.


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    La Grande tache rouge de Jupiter, on ne la présente plus. Mais elle est loin d'être le seul phénomène météorologique extraordinaire à se jouer sur la plus grande planète de notre Système solaire. Lorsque JunoJuno, la sonde de la Nasa (États-Unis), est arrivée à destination en juillet 2016, ses caméras - infrarouge et visible - ont observé que les pôles de JupiterJupiter étaient agités de cyclonescyclones tous aussi grands que les États-Unis.

    Au nord, un cyclone central entouré de pas moins de huit cyclones périphériques. Au sud, dans une disposition similaire, un cyclone central et cinq cyclones périphériques. Et au fil des survols de Juno, les données ont confirmé qu'aucune autre tempêtetempête ne semblait pouvoir être en mesure de se glisser dans ce schéma bien installé.

    Le nouveau cyclone observé par Juno au pôle sude de Jupiter est aussi que la France. © Nasa, JPL-Caltech, SwRI, ASI, INAF, JIRAM
    Le nouveau cyclone observé par Juno au pôle sude de Jupiter est aussi que la France. © Nasa, JPL-Caltech, SwRI, ASI, INAF, JIRAM

    Mais le 3 novembre dernier, à l'occasion de son 22e survolsurvol - à seulement 3.500 kilomètres au-dessus de la couche nuageuse -, Juno a révélé une surprise : un nouveau cyclone a rejoint la structure en forme de pentagone du pôle Sud. Un cyclone plus modeste que les autres, mais dont la taille dépasse tout de même celle de la France. « Peut-être de futurs survols montreront que celui-ci se développe pour atteindre la taille de ses voisins », suggère Alessandro Mura, chercheur à l'institut d'astrophysique de Rome (Italie).

    Des mouvements de fluides inédits

    Les astronomesastronomes ont pu obtenir des images visibles du nouveau système hexagonalsystème hexagonal. Mais ils ont aussi été en mesure, grâce à l'outil infrarouge de Juno, de mesurer la vitesse des vents au cœur du cyclone. Ils sont de l'ordre de 360 km/h, un peu comme ceux des six plus anciens cyclones.

    Dans cette simulation informatique, un nouveau cyclone est placé à proximité des six cyclones du pôle Sud de Jupiter, un au centre et cinq l’entourant en configuration pentagonale. Tous les cyclones ont des zones tampons, des vents de protection – ici en blanc – qui entourent le noyau – ici en noir – et tourbillonnent dans la direction opposée du cyclone. Le cyclone intrus dérive vers le pôle puis se fraye un chemin au milieu d’eux. Après quelques rotations, la disposition pentagonale des cyclones entourant le cyclone directement au pôle est transformée en une disposition hexagonale. © Nasa/JPL-Caltech/SwRI/Li

    Et rappelons que l'étude de ces cyclones - même si de telles configurations n'ont encore jamais été observées ailleurs - permet aux chercheurs de mettre en lumière des phénomènes atmosphériques qui peuvent se produire aussi sur d'autres planètes géantes gazeuses comme SaturneSaturne, UranusUranus ou NeptuneNeptune. Ou sur quelques exoplanètes. Les travaux des chercheurs de l'équipe de Juno ont même déjà permis d'en apprendre plus sur les cyclones que l'on rencontre sur notre bonne vieille Terre.

    « Il se joue sur Jupiter des mouvementsmouvements de fluides inédits, que nous n'avions pas même imaginés. Mais au fil des observations et des simulations informatiquessimulations informatiques, nous saisissons de mieux en mieux cette nouvelle physiquephysique », indique Cheng Li, astronome à l'université de Californie à Berkeley (États-Unis). « Les prochains survols de Juno devraient fournir des indications concernant l'évolution de ces phénomènes. Des indications qui nous aideront à affiner un peu plus notre compréhension de cette dynamique particulière. »

    Le saviez-vous ?

    Juno compte sur des panneaux solaires pour poursuivre sa mission. Or il y a quelques semaines, la trajectoire de la sonde la menait droit dans l’ombre de Jupiter. De quoi mettre en péril la mission. Alors le 30 septembre dernier, les ingénieurs de la Nasa ont tenté une manœuvre destinée à littéralement sauter cette ombre. Une manœuvre couronnée de succès qui a autorisé à Juno le fameux survol du 3 novembre dernier, au cours duquel la sonde a dévoilé un nouveau cyclone.