L’histoire des peuples au fil des millénaires peut se lire dans notre ADN. En Europe, elle révèle ainsi l’intensité des mélanges entre les groupes, au fil des mouvements de populations. En Afrique du Sud, une nouvelle étude révèle cependant que certains peuples indigènes possèdent une signature génétique très proche d’individus morts il y a 10 000 ans.


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    Terre ancestrale du peuple San, l’Afrique du Sud est une région au riche passé archéologique. Les fossilesfossiles humains et artefacts y sont en effet nombreux et permettent de remonter jusqu'aux origines de la lignée humaine. Les plus vieux fossiles d’Homo sapiens découverts dans la région datent en effet de 260 000 ans. Le rôle qu'ont joué les populations préhistoriques sud-africaines dans l'évolution humaine est donc central. Cela se voit notamment dans les archives génétiquesgénétiques anciennes et actuelles.

    A-t-on retrouvé le fameux « chaînon manquant » de l'humanité ? Découvrez l'histoire pleine de rebondissements de l'une des découvertes les plus capitales de notre existence sur cette planète. © Futura

    Mais l'étude du génomegénome humain recèle toutefois certaines surprises. Le séquençageséquençage génétique de plusieurs individus retrouvés sur le site archéologique d'Oakhurst Rockshelter a permis de reconstruire l'histoire démographique du peuple indigèneindigène San sur les 10 000 dernières années. Et elle est pour le moins surprenante.

    Un lien génétique direct entre les San d’aujourd’hui et des individus morts il y a 10 000 ans

    Les San (autrefois appelés les Bochimans)) représentent un peuple autochtone de chasseurs-cueilleurs qui se caractérisent notamment par leur langage composé de « clics ». Leurs racines en Afrique australe pourraient remonter à 44 000 ans. Une présence ancienne sur ces terres d'Afrique qui se voit confirmée par cette nouvelle étude publiée dans la revue Nature ecology and evolution.

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    Le peuple San est l'un des peuples autochtones d'Afrique australe. Bien que sédentarisés à l'heure actuelle, ils ont une culture de chasseurs-cueilleurs. © Ian Sewell, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.5

    Jusqu'à présent, le plus ancien génome provenant de cette région datait de 2 000 ans. Mais le séquençage du génome des individus retrouvés dans l'abri-sous-roche d'Oakhurst a permis de repousser nettement cette limite. Deux des treize individus séquencés, un homme et une femme, auraient en effet vécu il y a 10 000 ans. Ce qui en fait les plus vieilles traces ADNADN d'Afrique du Sud.

    Des données qui s'avèrent être étonnamment proches du génome actuel des peuples San et Khoekhoe. Ce résultat est une véritable surprise, les chercheurs ne s'attendant pas forcément à une telle stabilité génétique sur une si longue période de temps.

    Un schéma totalement différent de celui observé sur le territoire eurasiatique

    En Europe et en Asie, les analyses génétiques révèlent en effet d’importantes évolutions au cours des derniers 10 000 ans, une observation qui est liée aux intenses mouvements des différents groupes qui parcourent alors ce territoire. L'évolution du génome rend ainsi compte des flux migratoires qui agitent alors les populations.

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    Les nombreuses peintures qui ornent les grottes de la région témoignent de la longue implantation du peuple San sur ce territoire d'Afrique du Sud. © Jimfbleak, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0

    Mais, en Afrique du Sud, l'histoire est tout autre. Cette nouvelle analyse génétique révèle au contraire une étonnante et longue période de stabilité, qui confirme l'implantation du peuple San sur ces terres depuis au moins dix millénaires. Ces résultats montrent que l'histoire de cette population n'est manifestement pas marquée par des vaguesvagues de migration ou de remplacement, tout du moins entre le début de l'HolocèneHolocène et la fin de l'âge de pierre. Cette stabilité génétique ne sera en effet perturbée qu'il y a 1 300 ans environ, avec l'arrivée de nouveaux groupes provenant de l'est ou de l'ouest de l'Afrique, qui vont notamment introduire les pratiques agropastorales dans ce peuple autochtone de chasseurs-cueilleurs. L'effondrementeffondrement du peuple San va s'accélérer par la suite avec l'arrivée des colons européens au milieu du XVIIe siècle.

    Malgré ces épisodes récents de déstabilisation de cette population indigène, il apparaît qu'aujourd'hui, le peuple San porteporte encore une signature génétique héritée directement des individus ayant peuplé l'abri d'Oakhusrt il y a 10 000 ans.