L'expansion des premiers hommes modernes depuis l'Afrique via un itinéraire côtier longeant l'Asie méridionale se serait effectuée plus tard qu'on le pensait et aurait été à plusieurs reprises contrecarrée par une série d'importantes modifications environnementales.

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    Aperçu des grandes vagues migratoires humaines depuis l'Afrique et en direction du continent nord-américain, d'après Journal of Biogeography.

    Aperçu des grandes vagues migratoires humaines depuis l'Afrique et en direction du continent nord-américain, d'après Journal of Biogeography.

    Ces conclusions résultent d'une étude de Kevin O. Pope (Geo Eco Arc Research, Garrett Park, Etats-Unis) et John E. Terrell (The Field Museum of Natural History, Department of Anthropology, Chicago), qui publient leurs résultats dans le Journal of Biogeography. Leur analyse s'est appuyée sur des éléments génétiquesgénétiques et archéologiques liés aux mouvements  de populations entre l'Afrique et la région circum-Pacifique que les chercheurs ont mis en corrélation avec les modifications du climatclimat et du niveau de l'océan durant le Pleistocène et l'HolocèneHolocène.

    -45.000 ans : première expansion

    Les premières vaguesvagues d'expansion humaines en dehors de l'Afrique selon un itinéraire côtier en Asie méridionale ont tout d'abord été contrecarrées, voire bloquées par d'importantes modifications environnementales incluant une élévation importante du niveau de la mer et une sécheressesécheresse extrême des zones côtières. Ensuite, une stabilisation du climat avec la mise à sec d'importantes bordures continentales a permis, durant la période -45.000 à -40.000 ans, la première migration importante en direction du sud-est asiatique, incluant la Mélanésie et l'Australie, puis se déployant vers le nord vers -37.000 ans en atteignant la Russie et le Japon oriental.

    Les premières tentatives de progression vers le nord le long de la côte orientale asiatique se sont arrêtées à 43° de latitudelatitude, probablement en raison de la mauvaise adaptation des humains aux eaux froides et de la végétation du genre toundratoundra et steppesteppe. La période glaciairepériode glaciaire qui a suivi depuis -33.000 jusqu'à -16.000 ans a provoqué de nouveaux changements importants du niveau de la mer et du climat, provoquant l'abandon de nombreux sites côtiers.

    -16.000 ans : deuxième expansion

    A partir de 16.000 ans avant notre ère, les températures sont progressivement redevenues plus clémentes, tandis que le niveau de la mer demeurait stable à 100 mètres au-dessous de la situation actuelle, laissant dégagées de larges bandeslarges bandes de terrain. Malgré des modifications climatiques brusques et répétées, ces conditions ont permis aux cohortescohortes humaines en provenance, semble-t-il, d'Asie centrale et mieux adaptées aux climats nordiques froids, de se répandre à partir de -14.000 ans vers le Nouveau Monde en franchissant la région aujourd'hui appelée Détroit de Behring, maintenant recouverte de glace mais alors plus tempérée et sèche.

    -8000 ans : troisième expansion

    La stabilisation du climat et le retour à un niveau normal des océans vers -8000 à -6000 ans ont provoqué l'expansion des marécages côtiers, des lagunes et l'apparition de récifs de corailcorail qui ont à nouveau favorisé de nouvelles migrations humaines tout autour de la région Pacifique, de part et d'autre de l'océan. Puis vers -6000 ans, une légère baisse du niveau de la mer dans la région pacifique occidentale a entraîné un appauvrissement de l'habitat et des diminutions de la population jusque vers -4000 ans.

    -3500 ans : quatrième expansion

    Ces conditions de famine ont vraisemblablement entraîné plusieurs dislocations des populations locales ainsi qu'une nouvelle vague migratoire en direction de l'Océanie, qui aurait débuté vers -3500 ans et aurait notamment abouti au peuplement de l'Île de Pâques et des îles Hawaii 2000 à 1000 ans avant notre ère.

    Note :

    Les périodes mentionnées dans cet article restent approximatives et ce récit, très simplifié, est tiré de la publication des auteurs disponible dans son intégralité sur le site de la revue (avec une version PDF).