Les dents de squelettes retrouvés en Pologne et datant du dernier âge glaciaire intriguent depuis longtemps les scientifiques : elles montrent en effet une usure prononcée et totalement atypique. Un chercheur pourrait cependant avoir enfin trouvé une réponse, qui nous éclaire sur la culture de ces chasseurs-cueilleurs.


au sommaire


    Il y a 30 000 ans, l'Europe était plongée dans ce que l'on appelle le dernier maximum glaciaire. Le climatclimat était alors froid et les calottes de glace recouvraient les territoires du Nord. Dans les vastes toundrastoundras qui occupaient les actuelles Autriche et Pologne vivaient cependant des communautés de chasseurs-cueilleurs. Plusieurs sites archéologiques, notamment celui du village de Pavlov, ont en effet livré des témoignages d'une culture sophistiquée, basée sur la chasse au mammouth.

    Des dents anormalement usées

    Mais depuis leurs découvertes, les restes humains de cette culture pavlovienne intriguent les chercheurs. Les crânescrânes retrouvés montrent tous d'étranges marques sur les dents. Les canines, molairesmolaires et prémolaires des individus, adultes comme jeunes, présentent en effet des facettes d'usure totalement atypiques. Pour les expliquer, de précédentes études ont proposé que ces individus auraient possédé certaines habitudes, comme de garder en bouche des petites pierres dans le but d'apaiser la soif. Mais après analyse minutieuse des dents de plusieurs dizaines d'individus ayant vécu entre 29 000 et 25 000 ans, des chercheurs proposent cependant une autre théorie. Les marques, présentes uniquement sur les faces externes des dents maxillairesmaxillaires laissent en effet penser que les individus portaient des piercings (ou labrets) au niveau des joues !

    Des piercings dans les joues dès l’enfance

    De tels ornements corporels ont déjà été retrouvés sur d'autres sites archéologiques, montrant que le port de piercing n'est pas du tout un phénomène typique de notre société moderne, bien au contraire. Pourtant, aucun artefact pouvant être associé à un labret n'a été retrouvé sur les sites pavloviens. Dans un article publié dans la revue Journal of Paleolithic Archaeology, John Charles Willman de l'Université de Coimbra (Portugal), explique qu'il est tout à fait possible que les labrets aient été faits de matériaux périssables n'ayant pu être conservés au fil du temps, comme le cuir ou le boisbois.

    L'analyse des dents suggère que le premier labret était posé dès l'enfance, des dents de très jeunes enfants montrant déjà des traces d'usure. Celles-ci sont cependant présentes sur plus de dents chez les adultes, ce qui laisse penser qu'avec l'âge d'autres labrets étaient ajoutés, ou que leur taille était plus importante. Ce type d'ornement corporel devait avoir une signification sociale, en permettant peut-être d'identifier l'appartenance d'un individu à un groupe.