Sans l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le rover ExoMars 2022 aurait été expédié ces jours-ci sur son site de lancement, à Baïkonour au Kazakhstan, d’où il aurait été préparé en vue de son lancement fin septembre 2022. La suspension des activités spatiales avec Roscosmos et la Russie en a décidé autrement. Des études sont en cours pour identifier les meilleures options pour amener le rover aussi vite que possible sur Mars – sans les Russes qui étaient partenaires du projet.


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    En matière de recherche d'une forme de vie martienne éteinte, voire en activité, ExoMars est une des missions les plus ambitieuses jamais réalisées. Notamment parce que le rover Rosalind Franklin est doté d'un foret qui lui aurait permis d'explorer le sous-sol martien jusqu'à une profondeur de deux mètres. Aurait... parce qu'en raison du conflit entre l'Ukraine et la Russie, l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne a suspendu sa coopération spatialecoopération spatiale avec Roscosmos, partenaire majeur du programme. Résultat, alors que la mission devait être lancée fin septembre 2022 à bord d'un Proton russe, le rover restera au sol et hibernera jusqu'à sa prochaine date de lancement. Il sera stocké dans l'usine turinoise de Thales Alenia Space, maître d'œuvremaître d'œuvre du programme.

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    C'est dans ce contexte que deux revues prévues, la mission's System Qualification et la Flight Acceptance Review, ont tout de même été réalisées. Notamment, pour s'assurer de l'état de préparation du rover et qu'il était prêt à être transféré sur son site de lancement, à BaïkonourBaïkonour au Kazakhstan. Résultat, tous les voyants sont au vert. ExoMars 2022 aurait pu décoller à destination de Mars, à partir du 20 septembre 2022.

    Le lancement d'Exomars vers la Planète rouge est en attente... © Peter Jurik, Adobe Stock
    Le lancement d'Exomars vers la Planète rouge est en attente... © Peter Jurik, Adobe Stock

    Depuis 2018, le rover ExoMars a bien du mal à décoller

    N'oubliez pas que la mission a raté les deux fenêtresfenêtres de tir précédentes, celles de 2020 et de 2018. Il était donc important pour l'ESA, Thales et Airbus de s'assurer que les causes de ces deux reports avaient été corrigées. Ces revues ont aussi permis de s'assurer que le rover pouvait hiberner plusieurs années avant de rejoindre la planète Mars.

    « J'espère que nos États membres décideront que ce n'est pas la fin d'ExoMars, mais plutôt une renaissance de la mission, servant peut-être de déclencheur pour développer une plus grande autonomieautonomie européenne », déclare David Parker, directeur de l'exploration humaine et robotiquerobotique à l'ESA. Une déclaration pour rappeler que dans le jargon de l'ESA, ExoMars est une mission facultative, c'est-à-dire que chaque État membre décide des programmes facultatifs auxquels il souhaite participer et du montant de ses contributions à chacun de ces programmes. Contrairement aux activités obligatoires de l'ESA dans le domaine des sciences spatiales, si financement insuffisant, les missions facultatives sont susceptibles d'être abandonnées.

    D'ici quelques semaines, l'Agence spatiale européenne devrait rendre publiques les conclusions des études engagées, ou les pistes de réflexion, sur l'avenir d'ExoMars et dans quelle configuration et à quelle date la mission pourrait être lancée.


    ExoMars : la recherche de la vie sur Mars va encore devoir attendre…

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 20/03/2022

    Pour sa mission à destination de Mars, l'Agence spatiale européenne se passera des Russes. Elle ne sera donc pas lancée avant 2026, le temps de trouver des alternatives à la participation de la Russie qui fournissait notamment la plateforme d'atterrissage du rover et le lanceur.

    À l'issue de son Conseil, l'Agence spatiale européenne (ESA) a pris plusieurs décisions suite à l'arrêt de la coopération spatiale avec la Russie. La plus attendue, concernait le sort de la mission ExoMars 2022 qui prévoyait le lancement d'un rover en septembre, à bord d'un lanceur russe Proton.

    Sans surprise, et pour se conformer aux sanctions prises contre la Russie, le Conseil a décidé de reporter son lancement et d'engager une étude pour trouver des alternatives à ce que devaient fournir les Russes dans le cadre de ce partenariat qui, rappelons-le, comprenait également ExoMars 2016. Dmitri Rogozine, le chef de l'Agence spatiale russe Roscosmos, a déclaré regretter cette décision et souligna, avec un certain aplomb, que la Russie pourrait effectuer seule cette mission d'ici quelques années...

    Réunion du Conseil de l'ESA, qui s'est tenu les 16 et 17 mars 2022 à Paris – session d'information pour les médias. © ESA

    La fenêtre de tir de 2024 très, très incertaine

    La date de lancement est donc repoussée et ExoMars nouvelle version pourrait décoller seulement en 2026, voire 2028. En effet, il est peu probable que Thales Alenia Space, maître d'œuvre du programme, et ses partenaires industriels, dont Airbus, soient en mesure de remplacer les équipements russes, dont la plateforme d'atterrissage et le logiciellogiciel de vol en seulement moins de deux ans.

    Lors du prochain Conseil, d'ici quatre à cinq semaines, l'Agence spatiale européenne devrait préciser ses souhaits et les alternatives possibles.

    Quant aux autres missions, qui devaient être lancées par le Soyouz russe, elles sont toutes suspendues. Il s'agit de deux satellites destinés à la constellation européenne de localisation GalileoGalileo, de la mission scientifique EuclidEuclid et de la mission européo-japonaise d'observation de la Terreobservation de la Terre EarthCARE.

    Nous vous tiendrons informés.


    Mars : le sort du rover ExoMars va se jouer dans quelques jours

    Article de Rémy Decourt publié le 05/03/2022

    En raison du contexte géopolitique, des sanctions de l'Union européenne et de la très forte dégradation des relations avec la Russie, le lancement de la mission ExoMars, à laquelle participe fortement la Russie, programmé pour septembre 2022 est rendu très improbable. L'Agence spatiale européenne devrait décider du sort de cette mission et des alternatives qui s'offrent à elle lors de son Conseil prévu les 15 et 16 mars. 

    Le chemin de croix se poursuit pour la mission ExoMars. Après ExoMars 2018ExoMars 2018, ExoMars 2020 puis ExoMars 2022, l'Agence spatiale européenne sera-t-elle contrainte de renommer une nouvelle fois son programme phare ? 2024, voire bien plus tard si l'ESA prend une décision radicale !

    Si le report de 2018 s'expliquait par des retards dans les activités industrielles européennes et russes, ainsi que dans les livraisons relatives à la charge utile scientifique, celui de 2020 était dû à des éléments liés à la sonde comme les parachutesparachutes, les panneaux solaires, des équipements électroniques russes et la mise au point d'un logiciel de vol.

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    Alors que la sonde devait s'envoler en avril pour rejoindre son site de lancement, l'Agence spatiale européenne a déclaré le 28 février qu'en raison des sanctions imposées à la Russie à la suite de l'invasion de l'Ukraine, le lancement en septembre 2022 semble très improbable.

    La première coopération à grande échelle entre l’ESA et Roscosmos

    Pour comprendre cette déclaration, il faut savoir que le programme ExoMars est réalisé en étroite collaboration avec la Russie qui avait en quelque sorte sauvé le programme après le retrait de la NasaNasa. À l'époque, en 2012, l'Agence spatiale russe rejoignait le programme en fournissant les lanceurs Proton et des instruments scientifiques pour les missions de 2016 et 2022, ainsi que pour le rover ExoMars 2022, la plateforme d’atterrissage Kazachok dotée de 13 instruments scientifiques qui ne sont pas tous russes.

    Le rover ExoMars sur la plateforme Kazachok. © ESA
    Le rover ExoMars sur la plateforme Kazachok. © ESA

    Lors de son Conseil, prévu les 15 et 16 mars, l'Agence spatiale européenne devrait passer en revue les alternatives qui s'offrent à elle quant à la suite à donner à ce programme. Si un report de deux ans est la solution la moins douloureuse et la moins contraignante pour le programme, il nous paraît peu probable que l'ESA décide « d'y aller seule ». Cela s'explique par le niveau très élevé de l'implication et de la participation de l'Agence spatiale russe Roscosmos dans le programme. Le 16 mars, nous serons fixés sur le sort d'ExoMars.

    Fort heureusement pour l'ESA, tous les éléments de la sonde sont actuellement dans l'usine turinoise de Thales Alenia Space. On imagine le casse-tête diplomatique si ExoMars 2022 se trouvait en Russie !