À l’occasion de son centième anniversaire, l’Union astronomique internationale (UAI) vient de révéler pour 112 pays les noms choisis, à partir de campagnes publiques, pour des exoplanètes autour d'étoiles visibles de chacun de ces pays. Pour la France, ce sont les noms de la mythologie gauloise Belenos et Belisama qui pourront désormais être utilisés pour l'étoile HD 8574 et sa géante gazeuse en orbite.


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    On se souvient qu'à l'occasion de son centième anniversaire, l'Union astronomique internationale (UAI) avait lancé la campagne IAU100 « Nommez une exoplanète » avec l'aide de plus de 110 pays. À l'international, l'IAU100 NameExoWorlds project donnait donc l'opportunité aux membres de chaque pays de proposer des noms pour des systèmes d'exoplanètes puis à sélectionner ceux qui seraient retenus pour les systèmes assignés à chacun de ces pays (Futura l'expliquait dans les articles précédents ci-dessous).

    Les campagnes publiques ont été un succès puisque plus de 780.000 personnes à travers le monde y ont pris part directement et qu'environ 360.000 propositions de noms ont été soumises. Lors d'une réunion ce 17 décembre 2019 à l'Observatoire de Paris dans la salle Cassini, les noms ont été révélés. Désormais, ils seront employés en parallèle avec la nomenclature scientifique. On n'oubliera pas de créditer les personnes qui les ont proposés en premier.

    Dans le cas de la France, on sait donc maintenant que Belisama et Belenos sont les noms retenus par le public français pour désigner l'exoplanète HD8574 b et son étoile qui, à près de 150 années-lumière du Système solaire, est à peine plus massive et plus grande que le SoleilSoleil. Belenos peut être observée même avec des jumelles et elle est située dans la constellationconstellation des PoissonsPoissons, non loin des constellations du Triangle et d'Andromède. Par contre, Belisama ne révèle son existence qu'aux astronomesastronomes professionnels équipés des instruments nécessaires pour détecter sa présence indirectement via la méthode des vitesses radialesméthode des vitesses radiales.

    Carte des constellations voisines de HD8574. La position de l'étoile est signalée par un cercle, entre la partie nord des Poissons, le Triangle, et au sud d'Andromède. La galaxie, en haut de l'image, est la fameuse galaxie d'Andromède. © F. Mottez, Stellarium
    Carte des constellations voisines de HD8574. La position de l'étoile est signalée par un cercle, entre la partie nord des Poissons, le Triangle, et au sud d'Andromède. La galaxie, en haut de l'image, est la fameuse galaxie d'Andromède. © F. Mottez, Stellarium

    Une étoile du catalogue Henry Draper

    Pour mémoire, rappelons que si plusieurs étoiles de la Voie lactéeVoie lactée étudiées pour leurs exoplanètes sont référencées par les lettres HD, comme, par exemple, HD 10180 et HD 40307, c'est tout simplement parce que ces étoiles font partie du catalogue Henry Draper (HD). Il regroupe les données sur plus de 225.000 étoiles dont les magnitudes apparentesmagnitudes apparentes vont jusqu'à 9 environ et il couvre presque toute la voûte céleste. Il a été établi au début du XXe siècle par l'astronome Annie Jump Cannon et ses collègues du Harvard College Observatory et tire son nom d'un pionnier de l'astrophotographie, qui fut le premier à obtenir un spectrespectre stellaire, celui de Véga en 1872. À sa mort, sa veuve avait financé la réalisation de ce catalogue, par la suite largement utilisé par les astronomes.

    Pour chaque pays, l'étoile initialement assignée au vote et autour de laquelle gravite une exoplanète doit être assez brillante pour être facilement visible avec un petit télescopetélescope. L'exoplanète doit être une géante gazeusegéante gazeuse en orbiteorbite autour d'une étoile sur la séquence principaleséquence principale, comme ce fut le cas pour la première exoplanète découverte en 1995 par les prix Nobel de physiquephysique 2019, les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz. Par contre, la méthode de détection pouvait avoir été soit celle des transitstransits, soit celle des vitesses radiales. Les noms qui pouvaient être proposés pouvaient être issus des langues autochtones, ce qui a finalement été le cas pour quelques douzaines de ces noms.

    Représentation de l'orbite elliptique de la planète HD8574b autour de son étoile, avec l'orbite de la Terre donnée à la même échelle. © G. Hébrard
    Représentation de l'orbite elliptique de la planète HD8574b autour de son étoile, avec l'orbite de la Terre donnée à la même échelle. © G. Hébrard

    Belenos et Belisama, des divinités gauloises

    Les noms de Belenos pour l'étoile HD8574 et de Belisama pour l'exoplanète HD8574 b avaient été proposés initialement par Fabien Miller, résidant à Bettancourt-la-Ferrée. Ils sont issus de la mythologie gauloise où Belenos était le dieu du Soleil et de la santé avec son épouse Belisama qui, elle, était la déesse gauloise du foyerfoyer, de la métallurgie, des arts du verre, et du tissage.

    Découverte en 2002 à l'Observatoire de Haute-Provence, Belisama est la seule exoplanète connue aujourd'hui en orbite autour de l'étoile Belenos mais si elle en possède d'autres, il est prévu qu'elles puissent prendre également un nom issu de la mythologie gauloise comme le célèbre astéroïde Toutatis.

    Dans le cas présent, on sait que Belisama boucle une orbite elliptique autour de Belenos en environ 227 jours terrestres et que sa massemasse vaut au moins 1,8 fois la masse de JupiterJupiter (la méthode des vitesses radiales utilisée pour sa découverte ne permet une mesure précise que lorsque l'exoplanète peut effectuer un transit). Avec une distance qui varie de 0,55 à 1,0 unité astronomiqueunité astronomique, on estime que la température d'équilibre de la géante gazeuse varie entre 10 °C et 110 °C.

    Parmi les autres systèmes planétaires dont les noms ont également été officialisés (la liste est ici) on peut citer le cas de l'Irlande où les noms de deux chienschiens (Bran, Tuiren) issus de la légende mythologique irlandaise ont été utilisés pour désigner l'exoplanète HAT-P-36b (Bran) et son étoile HAT-P-36 (Tuiren) que l'on peut observer, sans surprise, dans la constellation des Chiens de Chasse.

    De même, pour le Burkina Faso, l'exoplanète HD 30856 b devient Nakambé et son étoile hôte HD 30856 devient Mouhoun. En langue autochtone, ils font référence à deux fleuves importants et là aussi, sans surprise, ce système planétaire se trouve dans la constellation de l'Éridan, nom qui est aussi celui d'un fleuve.


    Cette exoplanète attend que vous lui donniez un nom

    Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman publié le 06/07/2019

    L'Union astronomique internationale (UAI) fête ses 100 ans cette année et souhaite pour l'occasion que les citoyens de plus de 100 pays dans le monde choisissent le nom d'une exoplanète et de son étoile attribuée par l'institution qui réunit 13.700 astronomes. Découvrez quel monde lointain les Français ont la possibilité de nommer dès maintenant.

    C'est parti ! Les Français ont jusqu'au 5 octobre 2019 pour déposer leurs propositions de noms pour l'exoplanète HD 8574b et son étoile (visible dans la constellation des Poissons avec une paire de jumelles ou une lunette astronomique). Découverte à l'Observatoire de Haute-Provence (OHP) en 2002, rappelons que cette planète, une géante gazeuse, est presque deux fois plus massive que notre Jupiter (plus d'infos dans l'article plus bas).

    IAU100-NameExoWorlds : l'annonce des noms choisis sera faite le 15 décembre

    L'Union astronomique internationale (UAI) a indiqué que toute personne ou groupe constitué sont les bienvenus pour s'inscrire et déposer les deux noms de leurs souhaits, en veillant à laisser un petit mot justificatif et bien sûr à ce que les règles de conformité édictées par l'UAI soient respectées. « Les noms proposés pour la planète et pour l'étoile doivent avoir un lien, de sorte que le couple de noms ait du sens dans son ensemble » est-il précisé sur le site français de l’IAU100-NameExoWorlds qui vient d'ouvrir et les présente.

    Les noms proposés pour la planète et pour l'étoile doivent avoir un lien, de sorte que le couple de noms ait du sens dans son ensemble

    Ce sera le 15 décembre 2019 que le Comité international de l'UAI annoncera les noms choisis pour cette planète géanteplanète géante et son étoile-hôte visible de France. Mais auparavant, la liste des noms validés par le Comité national sera d'abord dégrossie par leurs soins après le 5 octobre afin de n'en conserver et classer que 12 au maximum. Puis entre le 12 et le 31 octobre, ce sera au tour des écoles et des clubs d'astronomie de faire leurs choix pour qu'il ne reste plus que trois couples de noms. C'est l'UAI qui aura le dernier mot.

    Pour proposer un nom pour HD 8574b et son soleil HD 8574, cliquez ici.


    L'UAI vous invite à nommer cette exoplanète et son étoile

    Article de Xavier Demeersman publié le 10 juin 2019

    Près de 4.000 exoplanètes ont été confirmées par les astronomes en un quart de siècle. Pour la deuxième fois, l'Union astronomique internationale invite les citoyens du monde à choisir les noms d'environ 100 d'entre elles. Découvrez quel monde lointain les Français ont la possibilité de nommer.

    Les astronomes l'appellent HD 8574 et parce qu'elle n'est pas visible à l'œilœil nu, l'étoile n'a jamais reçu de joli nom comme ses homologues les plus brillantes (Sirius, Altaïr, Véga, etc.). Mais cela va bientôt changer car, en effet, les Français sont invités par l'UAI, l'Union astronomique internationale (en anglais, IAU) dont c'est le centième anniversaire cette année - c'est à elle que revient le choix officiel du nom des objets célestes - à lui en choisir un dans le cadre de la deuxième édition du programme NameExoWorlds que l'organisation vient de lancer.

    100 exoplanètes qui attendent un nom

    IAU100 NameExoWorlds est une campagne internationale qui est déjà rejointe par près de 100 pays du monde entier. Une étoile (dans tous les cas visible dans un petit instrument) et l'exoplanète qui lui gravite autour ont été attribuées pour chacun d'entre eux (voir la liste ici), en fonction notamment de leur visibilité depuis leurs contrées. Ainsi, par exemple, nos voisins Belges devront élire un nom pour HD 49674, une naine jaunenaine jaune dans le Cocher qui ressemble beaucoup au Soleil, et sa planète. En Algérie, les citoyens devront décider celui de HD 28678b, une géante gazeuse qui rappelle Jupiter, et bien sûr de son étoile-hôte. Et à l'autre bout du monde, sous le ciel austral, les Chiliens pourront se prononcer pour celui de HD 164604 et sa Jupiter. Etc.

    Représentation hypothétique de HD 8574b et comparaison avec Jupiter, la grosse planète du Système solaire. © Nasa
    Représentation hypothétique de HD 8574b et comparaison avec Jupiter, la grosse planète du Système solaire. © Nasa

    L'UAI nous a donné à tous jusqu'à novembre pour faire nos choix. La proclamation des nouveaux noms officiels de ces mondes lointains et leurs soleils sera faite en décembre prochain. Pour chaque pays, un comité national choisi par l'UAI est chargé de mettre en place le vote (vous pouvez participer ici).

    « Cet événement passionnant invite tous les citoyens du monde à réfléchir à leur place collective dans l'universunivers, tout en stimulant la créativité et la citoyenneté mondiale, a déclaré la présidente de l'UAI Debra Elmegreen. L'initiative NameExoworlds nous rappelle que nous sommes tous réunis sous un même ciel ».

    L’exoplanète et l’étoile attribuées aux Français

    HD 8574 est une étoile située à 144 années-lumière en direction de la constellation des Poissons. De type spectral F, elle est plus brillante que notre Soleil et un peu plus massive. Comme elle est de magnitude 7, elle n'est pas visible à l'œil nu mais on peut l'observer facilement dans une lunette ou un télescope. Sa proximité, vue de la Terre, de la galaxie du Triangle M33, la rend assez facile à repérer dans la nuit.

    HD 8574b est une géante gazeuse deux fois plus massive que Jupiter découverte en 2003. Elle tourne autour de son étoile en près de 228 jours à une distance équivalente à celle de VénusVénus dans notre Système solaire. Sa température est estimée à 356 K, soit environ 82 °C.

    Quel nom pourrait-elle porter ?

    Voir aussi

    Découverte d’une exoplanète « interdite »


    Le grand public pourra bientôt nommer les exoplanètes

    Article de Xavier Demeersman publié le 24 juillet 2014

    L'illustre Union Astronomique Internationale (UAI) ouvre ses portesportes en 2015 au grand public pour qu'il puisse soumettre à leurs votes le choix du nom de plusieurs exoplanètes (et étoiles-hôte) confirmées. Rendez-vous en août 2015 pour la proclamation des gagnants.

    Illustration de différents systèmes planétaires découverts autour d’étoiles qui ressemblent à notre Soleil ou aussi des naines rouges. L’AUI invite les associations et clubs d’astronomie dans le monde entier à faire des propositions pour nommer 305 exoplanètes sélectionnées et confirmées. © Nasa
    Illustration de différents systèmes planétaires découverts autour d’étoiles qui ressemblent à notre Soleil ou aussi des naines rouges. L’AUI invite les associations et clubs d’astronomie dans le monde entier à faire des propositions pour nommer 305 exoplanètes sélectionnées et confirmées. © Nasa

    Fondée en 1919, l'Union Astronomique Internationale (International Astronomical Union), ou UAI, dont la vocation a toujours été de « promouvoir et protéger l'astronomie sous tous ses aspects », est une autorité célèbre et respectée comptant quelque 11.000 astronomes du monde entier. L'une de ses charges n'est autre que d'arrêter les choix dans la nomenclature de divers corps célestes connus. On lui doit, par exemple, le choix définitif des 88 constellations boréales et australes en 1930 ou encore, plus récemment, en 2006, la décision controversée de sortir Pluton du sanctuaire des planètes pour la reclasser dans la nouvelle catégorie dite des planètes naines, au même titre que SednaSedna, ErisEris ou CérèsCérès...

    Plus d’ouverture au grand public

    Consciente de l'intérêt grandissant du grand public pour les nombreuses découvertes des nouveaux mondes gravitant autour d'autres étoiles que notre Soleil, l'UAI a ainsi annoncé le 9 juillet dernier s'être résolue, pour la première fois de son histoire, à soumettre au vote des citoyens de la planète, la nomenclature des exoplanètes. Une proposition très enthousiasmante et, bien entendu, soumise à plusieurs conditions.

    Parmi les quelque 1.126 systèmes extrasolaires découverts en une vingtaine d’années, l’étoile <em>α Piscis Austrini</em> ou Fomalhaut, visible à l’œil nu, est une des rares à bénéficier d’un véritable nom propre. D’origine arabe, <em>fum al-hūt</em> signifie « la bouche du poisson ». Pour les Perses, elle incarnait, voici 5.000 ans, une des « quatre étoiles royales ». Sur cette image composite prise par le télescope spatial Hubble, on découvre le vaste disque de poussière qui ceint la jeune étoile ainsi que la présence d’un corps massif désigné comme étant la planète Fomalhaut b. © Nasa, Esa, P. Kalas, J. Graham, E. Chiang, E. Kite (<em>University of California</em>, Berkeley), M. Clampin (<em>Nasa Goddard Space Flight Center</em>), M. Fitzgerald (<em>Lawrence Livermore National Laboratory</em>), K. Stapelfeldt et J. Krist (Nasa, JPL)
    Parmi les quelque 1.126 systèmes extrasolaires découverts en une vingtaine d’années, l’étoile α Piscis Austrini ou Fomalhaut, visible à l’œil nu, est une des rares à bénéficier d’un véritable nom propre. D’origine arabe, fum al-hūt signifie « la bouche du poisson ». Pour les Perses, elle incarnait, voici 5.000 ans, une des « quatre étoiles royales ». Sur cette image composite prise par le télescope spatial Hubble, on découvre le vaste disque de poussière qui ceint la jeune étoile ainsi que la présence d’un corps massif désigné comme étant la planète Fomalhaut b. © Nasa, Esa, P. Kalas, J. Graham, E. Chiang, E. Kite (University of California, Berkeley), M. Clampin (Nasa Goddard Space Flight Center), M. Fitzgerald (Lawrence Livermore National Laboratory), K. Stapelfeldt et J. Krist (Nasa, JPL)

    Comment participer au choix ?

    Après consultation et délibération, le groupe de travail du Public Naming of Planets and Planetary Satellites a édicté un ensemble de règles pour ce concours désigné NameExoWorlds (développé en partenariat avec le programme Zooniverse). Tout d'abord, seuls les clubs et associations d'astronomie (à but non lucratif) de par le monde pourront participer en s'inscrivant, dès septembre, sur le sitedirectory.iau.org (encore en chantier), mis en place pour cette occasion.

    Puis, quelques semaines plus tard, les participants seront invités à choisir parmi les 305 exoplanètes (découvertes avant le 31 décembre 2008) sélectionnées par l'UAI au sein de 260 systèmes planétaires différents, les quelque 20 à 30 mondes qu'ils préfèrent. Pour cela, rendez-vous en octobre 2014 pour voter sur le site NameExoWorlds.

    Dans un troisième temps (décembre 2014), les clubs et associations inscrits pourront déposer leurs propositions de noms pour les exoplanètes et aussi les étoiles-hôtes, argumentées et dûment respectueuses des règles de l'UAI. Enfin, c'est à partir de mars 2015 qu'un plus large public sera convié à départager les noms des candidats (l'UAI et Zooniverse se préparent d'ores et déjà à plus d'un million de votes).

    À terme, les gagnants seront désignés par le groupe de travail du comité exécutif pour la nomenclature publique des planètes et des satellites naturels (Executive Committee Working Group on the Public Naming of Planets and Planetary Satellites) au cours de juillet 2015 et annoncés entre le 3 et 14 août 2015, à l'occasion d'une cérémonie spéciale organisée lors de la XXIXe assemblée générale de l'organisation mondiale, à Honolulu (Hawaï, États-Unis). Avis aux amateurs.