C’est donc confirmé : le démonstrateur Schiaparelli a raté son atterrissage et a vraisemblablement explosé au sol. Les images de l’orbiteur MRO, de la Nasa, sont sans appel. Elles montrent un site d’atterrissage noirci, large de 15 mètres et long de 40 mètres. Cet échec est toutefois à relativiser. En effet, Schiaparelli a, certes, raté son atterrissage mais n’oublions pas qu’il a réussi son entrée dans l’atmosphère martienne et sa traversée.

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    Un dysfonctionnement du système de communication de Schiaparelli (mission ExoMarsExoMars) avait d'abord été envisagé pour expliquer son silence et la difficulté à le joindre. Toutefois, les images de la sonde de la Nasa Mars Reconnaissance OrbiterMars Reconnaissance Orbiter (MRO) nous montrent une réalité très différente. MRO a en effet repéré ce qui semble être le parachuteparachute et une tache sombre et floue de 15 mètres sur 40, qui est vraisemblablement tout ce qu'il reste de l'atterrisseur, brisé en plusieurs morceaux.

    
Évidemment, on aurait souhaité qu'il se pose comme il faut mais, ne l'oublions pas, Schiaparelli est avant tout un démonstrateurdémonstrateur d'entrée, de descente et d’atterrissage. Seule la phase d'atterrissage a raté. Autrement dit, l'ESA et Thales Alenia Space ont d'ores et déjà validé la phase d'entrée et de descente de l'atterrisseur. Les technologies utilisées pour cela sont donc maîtrisées et le gain en compétences est réel.

    Image du site Futura Sciences

    L'image du haut date du 29 mai 2016, soit avant l'arrivée de Schiaparelli sur Mars. La seconde a été acquise le 20 octobre 2016, le lendemain de la tentative d'atterrissage de Schiaparelli et montre le point d'impact de l'atterrisseur et son parachute (images acquises par la caméra de contexte CTX de MRO). © Nasa, JPLJPL, MSSS

    Un atterrissage raté, de la déception mais aussi de la satisfaction

    Tous les maillons de la chaîne ont été activés, du bouclier thermique à l'allumage des rétrofusées, sans oublier l'ouverture du parachute (L'ESA et Thales Alenia Space ont la certitude de connaitre le scénario jusqu'à l'éjection du capot arrière avec le parachute). Cependant, et les données le préciseront, le parachute se serait ouvert ou détaché du module plus tôt que prévu et les moteurs n'ont pas fonctionné aussi longtemps qu'espéré, seulement 3 ou 4 secondes sur les 30 prévues. Résultat : l'ESA estime que Schiaparelli a chuté d'une hauteur comprise entre 2 et 4 kilomètres et impacté la surface à une vitesse de 300 kilomètres par heure (à comparer aux 21.000 kilomètres par heure de sa rentrée dans l'atmosphèreatmosphère martienne) à seulement 5,4 kilomètres du centre de la cible, une ellipse de 15 x 100 kilomètres.

    Enfin, la traversée de l'atmosphère et la descente de Schiaparelli ont été observées de trois endroits différents. Ainsi, avec les données enregistrées par l'orbiteur TGO, le MRO et Mars ExpressMars Express, les équipes de l'ESA et de Thales Alenia Space sont convaincues qu'elles seront en mesure de reconstituer l'enchaînement des évènements avec une grande précision.

    Par ailleurs, dans le courant de la semaine prochaine, MRO va de nouveau survoler le site de l'atterrissage raté de Schiaparelli. Lors de son précédent survolsurvol, seule la caméra dite « de contexte » a été utilisée (pour localiser le site), ce qui explique la faible résolutionrésolution des images. Avec une fauchée de 30 kilomètres et une résolution moyenne de 6 mètres, seuls des détails d'une vingtaine de mètres sont susceptibles d'être vus. La prochaine fois, étant donné que la Nasa connait les coordonnées du site du crash, la sonde MRO utilisera la caméra HiRise, qui produit des images à 30 centimètres et permettra de discerner des détails de 90 centimètres.

    Quant à la mission de 2020, qui prévoit l'atterrissage sur la Planète rouge du rover ExoMars 2020, également réalisé sous la maîtrise d'œuvre de Thales Alenia Space, elle n'est pas remise en cause, notamment parce que le module de descente sera de conception différente et fourni par l'Agence spatiale russe Roscosmos.