La Nasa exploite les divers instruments de son rover Curiosity dans le but de détecter des sels organiques sur la Planète rouge. Voici pourquoi.


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    CuriosityCuriosity n'en a pas terminé avec les plaines arides de la surface martienne. Une équipe de la Nasa, menée par le géologuegéologue James M.T. Lewis, souhaite exploiter le rover afin de trouver des sels organiques à la surface de Mars. Dans une étude publiée le 30 mars dans Advancing Earth and space science, Lewis expliquait la nécessité d'analyser ces minérauxminéraux afin de progresser dans la compréhension de la vie à la surface de la Planète rouge. Deux instruments sont utilisés dans la recherche de trois composants : l'acétate, l'oxalate et le perchlorate. 

    « Si nous pouvons confirmer que des sels organiques sont présents sur Mars, l'intérêt serait de savoir à quel point ils sont répandus à sa surface, ainsi que de déterminer leur âge. Si certains étaient déjà présents dans des temps plus anciens, ils pourraient avoir été une source non négligeable d'énergie pour entretenir de la vie, si la vie a existé à cet endroit », affirme James M.T. Lewis.

    En 2018, Curiosity avait trouvé des molécules organiques dans de l'argiliteargilite recueillie au cœur du cratère Gale, principal site de recherche depuis l'arrivée du rover sur Mars en 2012. La Nasa compte bien pousser au maximum les capacités de la plus vieille astromobile encore en activité sur la Planète rouge afin de dénicher les précieux sels organiques.

    Le rover Curiosity et son instrument de pointage à rayon-X, CheMin. © Nasa
    Le rover Curiosity et son instrument de pointage à rayon-X, CheMin. © Nasa

    Curiosity, analyste de la surface martienne

    Dans l'arsenal d'outils à la disposition de Curiosity, SAM est l’un des plus utilisés, littéralement le « ventre » du rover qui accueille les échantillons recueillis par un bras mécanique. Le Sample Analysis at Mars va alors faire chauffer les éléments à 1.000 °C, lors d'un procédé appelé pyrolyse, et les roches vont se gazéifier durant le processus. Les géologues sont néanmoins confrontés à un problème majeur : les gaz s'en dégageant sont trop communs et ne permettent pas de détecter s'ils proviennent des sels organiques recherchés. 

    Pour pallier ce problème, l'équipe de Lewis compte utiliser l'instrument CheMin, qui permet de déterminer la composition d'une roche en tirant un rayon-X se réfractant sur les capteurscapteurs de Curiosity. L’instrument a fait ses preuves à de nombreuses reprises en permettant un examen précis de roches observées. Les données sont ensuite envoyées sur Terre pour analyse. Elles devraient déterminer si des sels organiques, essentiels au développement de la vie, sont présents dans les échantillons.

    Vidéo de la Nasa expliquant les méthodes de recherche du rover Curiosity dans le cratère Gale. © Nasa

    Life on Mars ?

    Si de la vie a subsisté sur Mars, les radiations ont rapidement balayé sa surface et son atmosphèreatmosphère ténue, réduisant de potentiels micro-organismesmicro-organismes à néant. Cependant, cette vie archaïque et microbienne se serait nourrie de ces fameux sels organiques, réunissant des moléculesmolécules d'acétate, perchlorate et oxalate contenues dans certaines roches. 

    Selon le docteur Lewis : « Les sels organiques sont impliqués dans l'habitabilité d'une planète. On en trouve sur Terre, mais dans une moindre mesure car la vie microbienne les consume rapidement. Ils se forment à partir de la décomposition de matièresmatières plus complexes. Si l'on observe la présence de sels organiques sur Mars, cela pourrait signifier que des organismes plus évolués existaient sur cette planète. »

    Concept visuel du rover pour la mission ExoMars 2022. © ESA
    Concept visuel du rover pour la mission ExoMars 2022. © ESA

    La recherche de la vie sur Mars devrait capter l'attention des scientifiques pendant quelques années. L'arrivée de PerseverancePerseverance, en février, et du rover chinoisrover chinois Zhurong, le 17 mai, devrait fournir une assistance à Curiosity dans cette quête encore incertaine. Une mission de grande ampleur, ExoMars, devrait débuter en 2022 et devrait voir des échantillons de sols martiens revenir sur Terre à l'horizon 2030.