« Dans l’espace, personne ne vous entendra crier. » Cette accroche du film « Alien, le 8e passager » est peut-être la plus célèbre de toutes. Et elle est juste. Pourtant, des chercheurs parlent aujourd’hui de chants d’oiseaux enregistrés à plus de 100 000 kilomètres de notre Terre. Comment est-ce possible ?


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    Qu'il est agréable, au printemps, d'être réveillé par le chant des oiseaux ! Mais celui dont il est question ici est quelque peu différent. Les récepteurs radio d'une station de recherche en AntarctiqueAntarctique, notamment, l'enregistrent depuis la fin des années 1960. Et les scientifiques ont compris qu'il naît dans l'espace. Il correspond à ce qu'ils appellent des « émissions chorus ». Des sortes d'intenses explosions naturelles de rayonnement électromagnétique qui se produisent lorsque des instabilités apparaissent dans la magnétosphère d'une planète. Converties en signaux audio, leurs notes aigües font penser... au chantchant des oiseaux.

    Des « ondes chorus » bien trop éloignées de notre Terre

    Les chercheurs en ont observé dans notre Système solaire. Du côté de la magnétosphère de Jupiter, celle de SaturneSaturne ou encore celle de NeptuneNeptune. Dans la région affectée par celle de notre Terre aussi. Récemment, elles ont pu être recréées en laboratoire. Une chance de mieux les étudier. Et aujourd'hui, comme un coup de théâtre, des chercheurs de l'université d'aéronautique et d'astronautique de Pékin (Chine) rapportent dans la revue Nature avoir capté de telles « ondes chorus » à quelque 165 000 kilomètres de notre Terre. Soit trois fois plus loin que n'importe quelle autre onde de ce type enregistrée jusqu'ici.

    Le saviez-vous ?

    Les « ondes chorus » sont connues pour accélérer des électrons jusqu’à des vitesses proches de celles de la lumière. À tel point qu’on les surnomme alors des « électrons tueurs ». On comprend donc pourquoi la découverte du jour pourrait être capitale pour ceux qui prévoient des voyages spatiaux longue distance.

    Un coup de théâtre parce qu'à cette distance, qui plus est du côté opposé de la Terre par rapport au Soleil, le champ magnétique de notre Planète est très déformé, comme étiré. Les scientifiques n'avaient pas imaginé pouvoir y trouver des « ondes chorus ». Et la découverte, réalisée grâce à la mission Magnetospheric Multiscale Satellites (MMS, Nasa), remet donc en question ce qu'ils pensaient de la manière dont ces ondes se forment.

    Comprendre le processus de formation de ces ondes

    Les chercheurs font état d'ondes qui ne durent que 0,1 seconde et dont la fréquencefréquence augmente d'environ 100 hertzhertz par seconde. Des caractéristiques tout à fait semblables à celles détectées par le passé. Mais dans une région où le champ magnétiquechamp magnétique de notre Terre n'est plus assimilable à un dipôle. Or, les scientifiques soupçonnaient cette configuration dipolaire d'être à l'origine des « ondes chorus ». Il va donc falloir trouver une autre explication, qui se cache peut-être dans la variation de fréquence du champ magnétique.