C'est aujourd'hui que sort enfin la saison 4 de Stranger Things. Nous allons retrouver Mike, Onze, toute la bande, et surtout, l’un des plus grands mystères de la série : le Monde à l’envers. Parallèle au nôtre, ou plutôt « en-dessous » comme décrit dans la série, un tel monde pourrait-il exister ?


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    1983. Dans un contexte de Guerre froide, les États-Unis et l'URSS font la course à l'espace, mais pas seulement. La série Stranger Things, dont la saisonsaison 4 sort le 27 mai, fait référence à une autre course scientifique hypothétique : celle vers les mondes parallèles et de la manipulation du temps, avec le projet Montauk. Réalité ou fiction ? Le projet Montauk relève de théories du complot ; rien n'est avéré donc. Le nom fait référence au lieu géographique, un petit village situé dans l'État de New York, où les expériences auraient eu lieu.

    Netflix a diffusé un récapitulatif des 3 premières saisons, effectué par les acteurs de la série !

    Dans Stranger Things que l'on reverra très prochainement dans une saison 4, en tout cas, les chercheurs du laboratoire national d'Hawkins, relié au département des énergies, ont réussi à ouvrir une porteporte vers un monde parallèle au nôtre : le Monde à l'envers, ou l'Upside down dans la version originale. Les lieux sont identiques, on y trouve les mêmes poteaux électriques, la même école, les mêmes repères, mais tout le reste diffère.

    <em>Le Monde à l'envers</em> est un monde en parallèle du nôtre, dans lequel les lieux sont plus ou moins les mêmes, mais faits d'une autre matière, et peuplés d'êtres vivants étranges. © Netflix 
    Le Monde à l'envers est un monde en parallèle du nôtre, dans lequel les lieux sont plus ou moins les mêmes, mais faits d'une autre matière, et peuplés d'êtres vivants étranges. © Netflix 

    Tout y est sombre, la vie qui s'y trouve ne prend pas la même forme que dans le monde « réel ». L'explication derrière ce phénomène, dans la série, est donnée par le professeur Clark : « Un acrobate, qui se tient sur une corde étroite, représente notre dimension. Cette dimension a des règles : il peut seulement bouger en avant et en arrière sur la corde. Mais si on considère une puce sur cette même corde, elle peut bouger dans les deux sens, mais aussi passer sous la corde : dans le Monde à l'envers ».

    Le Monde à l’envers tel qu’il est décrit dans Stranger Things, n’est pas envisageable

    Si la réalité regorge de théories qui évoquent le multivers ou des mondes parallèles au nôtre, il n'est jamais question d'un monde où tout est plus ou moins identique et dans lequel on peut passer par une brèche. Encore moins où une seule intelligenceintelligence possède le contrôle sur tout ce monde, comme le Mind flayer, ou Flagelleur mental dans la version française. Mais des théories s'en approchent, qui supposent un univers miroir du nôtre ou en parallèle. Voire des mondes en parallèle. Notamment les théories dans le cadre de la gravité quantique, qui tentent de réconcilier la physique quantique et la relativité généralerelativité générale d'EinsteinEinstein, et qui décrivent respectivement le monde à très petite échelle et à très grande échelle. 

    Parmi elles, concentrons-nous d'abord sur la théorie des cordes. Établie dès les années 1970 pour expliquer le comportement particulier des hadronshadrons, des particules du modèle standardmodèle standard, elle correspond plutôt à un cadre théorique dont découlent ensuite de nombreuses autres théories. Elle part du principe que les particules fondamentales, celles que l'on ne peut « casser » pour y trouver d'autres sous-éléments, sont en fait des cordes vibrantes à une dimension. De plus, notre monde ne serait pas en quatre dimensions -- une de temps et trois d'espace -- mais en dix, voire onze dimensions.  

    La série Stranger Things pourrait faire référence à un monde miroir

    Cependant, de nombreuses dimensions sont repliées sur elles-mêmes à une échelle de l'ordre de la longueur de Plancklongueur de Planck (10-35m), invisibles pour nous. Sauf si... ? Des chercheurs ont testé la possibilité que des neutrons puissent passer brièvement dans une dimension parallèle pour revenir ensuite dans notre monde. Ces particules sont habituellement confinées au sein du noyau atomique, avec leurs compagnons chargés positivement, les protons. Mais lorsqu'ils sont seuls, ils se désintègrent rapidement en protonsprotons. Selon la méthode utilisée pour mesurer la duréedurée avant cette désintégration, les chercheurs trouvent un temps différent. 

    D'où l'hypothèse, pour expliquer cette différence, qu'ils passeraient dans un monde « miroir » du nôtre avant de revenir. Les lois de la physique y seraient pratiquement les mêmes. La matière noire pourrait s'y trouver, mais la plupart des particules de notre monde ne pourraient s'y rendre, à l'exception des neutronsneutrons sous une forme d'oscillation particulière. Les forces ne pourraient pas non plus se transmettre, à l'exception de la gravitationgravitation. En pratique, l'expérience pour tester cette hypothèse consiste à tenter de faire passer des neutrons « à travers » un murmur : ils arrivent de la source au détecteur alors qu'ils rencontrent un obstacle qui empêche leur passage. Bien sûr, aucune possibilité de transposer cela à grande échelle comme pour Stranger Things, mais rien n'empêche de rêver !

    De nombreuses théories font appel au multivers

    Parmi les très nombreuses solutions à la théorie de cordes, se trouve celle de l’inflation cosmique. Selon cette théorie, au début de l'existence de notre Univers, ce dernier aurait subi une phase d'expansion très accélérée, lui permettant de s'agrandir d'un facteur de 1026 en seulement 10-35 secondes. 

    L'inflation correspond à la période qui a directement suivi le Big Bang et qui n'a duré qu'une fraction de seconde. © Nasa, JPL, <em>Keck Foundation, Moore Foundation</em>
    L'inflation correspond à la période qui a directement suivi le Big Bang et qui n'a duré qu'une fraction de seconde. © Nasa, JPL, Keck Foundation, Moore Foundation

    Cette phase très courte se serait stoppée dans notre région de l'Univers, mais aurait continué ailleurs : un multivers composé de plusieurs bulles d’univers distincts auraient alors été créées, dans lesquelles les lois de la physique sont différentes. Mais, dans ce cas, impossible d'être en contact avec ces univers parallèles, étant donné qu'ils sont inaccessibles !

    Everett et la théorie des mondes multiples

    Enfin, penchons-nous sur la physique quantique. Elle décrit la physique à très petite échelle, celle des particules élémentairesparticules élémentaires... et regorge de curiosités ! Par exemple, le principe de superposition, qui découle de l'interprétation mathématique de la physique quantique : un même état quantique, une particule par exemple, peut posséder plusieurs valeurs pour une certaine quantité observable. En pratique, cela signifie que les états quantiques sont décrits par des probabilités : ce n'est qu'une fois que l'observateur se penche sur le système que la valeur est imposée. 

    Cette expérience de pensée illustre le côté probabiliste de la mécanique quantique : on suppose un chat enfermé dans une boîte avec un dispositif qui tue l'animal dès qu'il détecte la désintégration d'un atome d'un corps radioactif. Or, les désintégrations suivent la demi-vie, qui indiquent le temps pour que la moitié des atomes se soient désintégrés. Ainsi, la mort — ou non — du chat relève de probabilités. La mécanique quantique indique alors que tant que l'observation n'est pas faite, l'atome est dans une superposition d'états : à la fois désintégré et intact. Donc le chat est à la fois vivant et mort. © Alexander Pokusay, Adobe Stock
    Cette expérience de pensée illustre le côté probabiliste de la mécanique quantique : on suppose un chat enfermé dans une boîte avec un dispositif qui tue l'animal dès qu'il détecte la désintégration d'un atome d'un corps radioactif. Or, les désintégrations suivent la demi-vie, qui indiquent le temps pour que la moitié des atomes se soient désintégrés. Ainsi, la mort — ou non — du chat relève de probabilités. La mécanique quantique indique alors que tant que l'observation n'est pas faite, l'atome est dans une superposition d'états : à la fois désintégré et intact. Donc le chat est à la fois vivant et mort. © Alexander Pokusay, Adobe Stock

    De cette superposition d’états ont découlé de nombreuses théories et interprétations, comme celle des mondes multiples décrite par le physicienphysicien et mathématicienmathématicien Hugh Everett. Elle suggère une multiplicité de mondes en parallèle : la particule où l'état quantique prend une des valeurs dans chacun de ces mondes. Le tout existerait au sein d'un univers quantique régi par une seule solution de l'équationéquation de Schrodinger : la fonction d'onde universelle. Malheureusement, cette interprétation n'est pour l'instant pas vérifiable, faute d'expériences pour la tester.

    Voir aussi

    Dossier : Introduction à la physique quantique