Une équipe d’astronomes pense avoir observé le début de la destruction de la comète 323P/SOHO, découverte en 1999, due à sa forte proximité au Soleil. En plus de retracer ses origines, ils pensent pouvoir prédire sa destruction totale au cours des deux prochains millénaires…


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    C'est grâce à l'observatoire solaire spatial SoHO (Solar and Heliospheric Observatory) que la comète 323P/SOHOSOHO a été observée pour la première fois, en 1999. Initialement conçu pour étudier divers processus et caractéristiques solaires, le satellite SoHO, placé en orbite autour de notre Étoile, a également permis l'identification de plus de 4.000 comètes en raison de son excellent point d'observation. La quasi-majorité des comètes ainsi détectées appartiennent à la classe des comètes rasantes -- des comètes avec un périhélie extrêmement proche du Soleil ; à cause de cette proximité, ces objets sont difficilement observables, ainsi le nombre de comètes rasantes détectées est bien plus faible que ce que prédisent les modèles numériquesmodèles numériques.

    Une comète qui se comporte étrangement

    Avec une période orbitaleorbitale d'un peu plus de 4 ans, la comète 323P/SOHO possède une orbite fortement excentrique : sa distance au Soleil varie de 5.1 ua à son aphélieaphélie (point de l'orbite le plus éloigné du Soleil) à seulement 0.04 ua à son périhélie (point le plus proche du Soleil). Une équipe internationale d'astronomesastronomes a réalisé les premières observations au sol de la comète (elle devient ainsi la deuxième comète, détectée par SoHO, observée par des observatoires non solaires), et pointe le caractère singulier de son comportement.

    Voir aussi

    En vidéo, le plongeon d'une comète brillante dans le Soleil

    Lors de son approche à son point de périhélie pendant l'année 2020, les observations de 323P/SOHO, réalisées avec le télescopetélescope Subaru (basé à Hawaï), ne montraient aucune activité cométaire. En revanche, après avoir passé son point de périhélie le 17 janvier 2021, les astronomes ont pu détecter des caractéristiques étonnantes : la comète aurait développé une longue queue, probablement composée de débris cométaires. Les chercheurs ont de plus réussi à identifier la présence de deux fragments d'un diamètre d'une vingtaine de mètres chacun, en provenance de 323P/SOHO, leur permettant au passage d'estimer une perte de massemasse de la comète pouvant avoisiner les 10 % : la comète semble progressivement se détruire au fil de ses passages successives près du Soleil. 

    Photographie de la comète Hale-Bopp, prise en mars 1997, dans la région de Pazin (Croatie). Cette photo a eu le prix ​​de l'Image. L'arbre était illuminé par une lampe-torche. © Philipp Salzgeber, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 2.0-AT
    Photographie de la comète Hale-Bopp, prise en mars 1997, dans la région de Pazin (Croatie). Cette photo a eu le prix ​​de l'Image. L'arbre était illuminé par une lampe-torche. © Philipp Salzgeber, Wikimedia Commons, CC by-sa 2.0-AT

    Mais une autre caractéristique intrigue les scientifiques : à l'aide de modèles numériques exploitant des données photométriques de la comète, l'équipe d'astronomes a pu estimer la période de rotationpériode de rotation de son noyau -- partie solidesolide d'une comète, d'un diamètre d'environ 172 mètres dans le cas de 323P/SOHO -- à un peu plus d'une demi-heure, l'une des rotations les plus rapides connues parmi toutes les comètes du Système solaireSystème solaire. D'après les chercheurs, cette rotation rapide serait un signe de forte cohésion au sein du noyau, le rendant potentiellement plus résistant aux forces gravitationnellesforces gravitationnelles exercées par le Soleil.

    En A et B, deux fragments d'environ 20 m de diamètre chacun ont été observés par la caméra <em>Wide-Field</em> de Hubble, en provenance de la comète 323P/SOHO. © Hui et <em>al.</em>, 2022
    En A et B, deux fragments d'environ 20 m de diamètre chacun ont été observés par la caméra Wide-Field de Hubble, en provenance de la comète 323P/SOHO. © Hui et al., 2022

    Une fin de vie proche ?

    D'après leurs observations, cette comète ferait partie de la famille des comètes joviennes -- des comètes dont les périodes de révolutionpériodes de révolution seraient comprises entre la période de révolution de JupiterJupiter et la moitié de celle-ci. Seulement, d'ordinaire, ces comètes, contenant d'importantes quantités d'éléments volatils, sont généralement reconnaissables à la queue formée derrière elles lorsqu'elles sont chauffées par le Soleil. Aux vues de la nature de la queue développée par 323P/SOHO, les scientifiques s'accordent à dire qu'elle se serait, à l'inverse, formée sous l'action de son instabilité rotationnelle et de l'important gradientgradient de température au sein du noyau lors de son approche au point de périhélie.

    Ainsi la comète 323P/SOHO pourrait survivre à ses passages successifs près du Soleil grâce à la cohésion de son noyau, mais pas indéfiniment : en plus de son instabilité rotationnelle, la comète est en résonancerésonance orbitale avec SaturneSaturne, augmentant petit à petit l'excentricitéexcentricité de son orbite et rapprochant progressivement son point de périhélie de la surface du Soleil : d'après les chercheurs, la comète est en fait condamnée à entrer en collision avec le Soleil au cours des deux prochains milliers d'années...

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