Près de 170 souriceaux sont nés dans les laboratoires de l’université de Yamanashi (Japon). Ce qu’ils ont de particulier, c’est qu’ils sont nés d’un sperme, lyophilisé puis réhydraté, qui venait de passer plusieurs années à subir des rayonnements supposés nocifs à bord de la Station spatiale internationale (ISS). Une bonne nouvelle pour les humains qui partiront coloniser Mars ?


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    Sur Terre, nous sommes relativement bien protégés par notre planète. Mais dans l'espace, les choses sont différentes. Les astronautes sont exposés à des rayonnements qui pourraient nous être nocifs. Et c'est pour en savoir plus à ce sujet que des chercheurs de l’université de Yamanashi (Japon) ont envoyé du spermesperme lyophilisé de douze souris vers la Station spatiale internationale (ISS). Pour déterminer les effets de ces rayonnements sur la fertilité des mammifèresmammifères.

    Le résultat a de quoi surprendre : même après près de six années passées dans l’espace -- cinq ans et dix mois, pour être exact --, l'ADNADN des noyaux des spermatozoïdesspermatozoïdes de souris semble ne pas avoir subi de dommages importants. Alors même qu'ils ont été exposés à des rayonnements ionisants connus pour endommager l'ADN et déclencher des mutations : 0,61 millisievert (mSv) par jour alors que la limite donnée par la Nasa pour ses astronautes est de 0,14 mSv/jour.

    Des chercheurs de l’université de Yamanashi (Japon) ont injecté dans des cellules ovariennes <em>« fraîches »</em>, un sperme de souris qui avait passé plusieurs années dans l’espace. Cette expérience est la plus longue expérience de biologie jamais effectuée à bord de la Station spatiale internationale (ISS). © Teryhiko Wakayama, Université de Yamanashi 
    Des chercheurs de l’université de Yamanashi (Japon) ont injecté dans des cellules ovariennes « fraîches », un sperme de souris qui avait passé plusieurs années dans l’espace. Cette expérience est la plus longue expérience de biologie jamais effectuée à bord de la Station spatiale internationale (ISS). © Teryhiko Wakayama, Université de Yamanashi 

    Lyophiliser du sperme pour coloniser l’espace

    Et justement, après avoir réhydraté le sperme revenu de l'ISS -- avec de l'eau, tout simplement --, les chercheurs l'ont injecté dans des cellules ovariennes « fraîches » de souris. Les mères porteuses ont ensuite donné naissance à des souriceaux parfaitement sains et sans défauts. Certains ont même déjà pu eux-mêmes avoir d'autres petits. Mais ces résultats devront encore être confirmés par des analyses ADN.

    Les chercheurs imaginent déjà que les futurs colons humains qui feront le voyage vers Mars pourront emporter avec eux du sperme lyophilisé de chats ou de chienschiens afin de recréer sur place des populations d'animaux de compagnie. D'autant qu'ils concluent qu'ainsi préparé, le sperme pourrait se conserver dans l'espace jusqu'à 200 ans. L'idée pourrait même s'appliquer... aux humains !

    Prochaine étape pour les scientifiques japonais : étudier le développement d'embryonsembryons de mammifères dans un environnement « zéro gravité ». Des échantillons partiront pour l'ISS d'ici quelques semaines.


    La fertilité des souris reste intacte après un long séjour dans l’espace

    Après presqu'un mois passé dans l'espace, à bord de la Station spatiale internationale, des souris mâles ont démontré à leur retour sur Terre qu'elles avaient conservé intactes leurs capacités reproductrices. De là à imaginer que l'humanité pourrait se reproduire en s'envoyant en l'air... il y a encore loin de la coupe aux lèvres !

    Article de Futura avec l'AFP-Relaxnews paru le 27/09/2019

    L'humanité pourra-t-elle un jour se reproduire dans l'espace ? Des souris mâles ayant passé 35 jours dans la Station spatiale internationale (ISS) ont en tout cas gardé leurs capacités reproductrices intactes à leur retour sur Terre. C'est le constat qu'ont fait des chercheurs japonais. De précédentes études avaient montré qu'un séjour prolongé dans l'espace pouvait affecter les fonctions reproductrices de mammifères mâles.

    Du sperme de souris congelé pendant 9 mois à bord de l'ISS avait notamment été altéré par des radiations, et la production et la quantité de sperme avaient été affectés chez des rats après 13 jours passés en orbiteorbite. Une nouvelle étude japonaise a examiné 12 souris mâles ayant séjourné dans des cages individuelles spécialement conçues à bord de l'ISS pendant 35 jours.

    Certaines de ces cages étaient dans des conditions d'apesanteur, tandis que d'autres étaient maintenues dans un environnement de gravité artificielle. Les chercheurs dirigés par Masahito Ikawa, un professeur de l'université d'Osaka (Japon), ont utilisé le sperme de ces souris à leur retour sur Terre pour féconder des ovulesovules de souris femelles, lesquelles n'avaient pas voyagé dans l'espace.

    Un séjour prolongé dans l'espace n'a pas affecté les fonctions reproductrices de souris mâles. © Philippe Merle, AFP, Archives
    Un séjour prolongé dans l'espace n'a pas affecté les fonctions reproductrices de souris mâles. © Philippe Merle, AFP, Archives

    Des résultats non transposables sur les humains

    Il s'est avéré que leur progéniture était normale et en bonne santé. Des analyses moléculaires ont révélé que ni le système reproducteur des rongeursrongeurs de l'espace ni celui de leurs descendants n'ont par ailleurs été affectés. « Nous en concluons que des séjours spatiaux de court terme ne causent pas de dommages à la fonction physiologique des organes reproducteurs mâles, à la fonction du sperme et à la viabilité de la descendance », affirme cette étude publiée mardi dans la revue Scientific Reports de Nature.

    La recherche médicale a déjà démontré que les séjours spatiaux avaient des effets nocifs sur la santé des astronautes : détérioration de la massemasse musculaire et de la densité osseusedensité osseuse, troubles de la vue et mutations du génomegénome. De précédentes études avaient observé les conséquences de séjours spatiaux sur les systèmes reproducteurs d'autres animaux, dont des oursins et des oiseaux. Mais c'est la première fois qu'une étude analysait ces effets à un niveau aussi détaillé sur des mammifères.

    Toutefois, la recherche n'en est qu'à ses débuts dans ce domaine, et les résultats de cette étude ne peuvent être extrapolés sur les humains. « D'autres analyses sont nécessaires pour examiner les effets de long terme de l'environnement spatial sur le système reproducteur mâle », reconnaissent les auteurs de l'étude japonaise, qui n'a par ailleurs pas porté sur des souris femelles.