Dans le nord-est des États-Unis, la centrale nucléaire de Three Mile Island va rouvrir ses portes. La raison ? Les serveurs de Microsoft consomment une quantité exponentielle d’énergie en raison du développement des intelligences artificielles. 


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    L'énergie nucléaire pour alimenter les serveursserveurs de MicrosoftMicrosoft ? Aux États-Unis, ce n'est pas de la fiction mais bel et bien la réalité. La firme fondée par Bill GatesBill Gates et Paul Allen en 1975 devrait bénéficier au cours des prochaines décennies de l'énergie produite par une centrale nucléaire. Et pas n'importe laquelle : la centrale de Three Mile Island, située en Pennsylvanie, et plus spécifiquement l'Unité-1. Celle-ci avait été décommissionnée, avant de cesser toute production d'énergie en 2019.

    Pour faire tourner les serveurs, les géants de la tech ont besoin d'électricité, mais aussi d'une quantité phénoménale d'eau. À tel point que les experts s'inquiètent qu'ils ne précipitent la prochaine pénurie. © Futura

    Plus de data, plus d’énergie ?

    Outre-Atlantique, l'utilisation massive de serveurs soulève de sérieuses questions environnementales. Le développement des intelligences artificiellesintelligences artificielles grignote une part de plus en plus importante du réseau électriqueréseau électrique, produisant de facto une plus grande quantité de gaz à effet de serre. Les data centersdata centers fonctionnent ainsi sans interruption. En 2023, Microsoft explosait ses émissions de CO2, avec une augmentation de 29,1 % par rapport à 2022. L'intelligence artificielle se révèle particulièrement gourmande en énergie. L'entreprise américaine, visant la neutralité carboneneutralité carbone à l'horizon 2030, doit donc trouver des solutions pour réduire progressivement ses émissions polluantes.

    La centrale nucléaire de Three Mile Island se compose de quatre tours de refroidissement et deux dômes abritant les Unités 1 et 2. © Domaine public
    La centrale nucléaire de Three Mile Island se compose de quatre tours de refroidissement et deux dômes abritant les Unités 1 et 2. © Domaine public

    Et à grandes problématiques, les grands moyens. Dans un communiqué publié sur leur site le 20 septembre, la compagnie Constellation annonçait le lancement du Crane Clean Energy Center (Centre d'énergie propre Crane, CCEC, du nom du précédent P.-D.G.)). Derrière ce nom, Constellation prévoit donc de relancer l'Unité-1 de Three Mile Island. Si cette dernière a cessé de fonctionner il y a cinq ans, elle pourrait de nouveau alimenter le réseau de la côte nord-est des États-Unis jusqu'à 2054. Propriétaire de l'Unité-1, Constellation précise que cette partie de la centrale est totalement indépendante de l'Unité-2. Cette dernière, stoppée en 1979, avait subi de graves dommages lors d'un incident technique et humain la même année. Des gaz et des résidus radioactifs s'étaient échappés de l'enceinte de confinement, occasionnant une vive réaction médiatique et une levée de boucliers d'organismes militant contre le nucléaire.

    Une solution privilégiée par la tech américaine

    Pour Constellation, la réactivationréactivation de l'Unité-1 est une aubaine sur l'aspect économique, nécessitant cependant un investissement important. « Constellation va injecter 1,6 milliard de dollars de sa poche pour redémarrer la centrale. Nos inspections et les études menées démontrent que l'Unité-1 est en excellent état. Toutefois, nous allons remplacer et améliorer certains équipements », précise à Futura Paul Adams, du service presse de Constellation. Un rapport estime que 3 400 emplois pourraient être créés en Pennsylvanie, dont trois milliards de dollars de recettes imposables et un apport de seize milliards de dollars au PIB (produit intérieur brutproduit intérieur brut) de l'État. Le CCEC serait de nouveau actif en 2028, l'Unité-1 ajoutant 835 MW de puissance au réseau électrique de la région. Un apport bénéfique pour les data centers de Microsoft, qui deviendrait l'un des premiers clients de Constellation.

    Dans l’Oregon, c’est une vraie centrale électrique qui permet d’alimenter les data centers de Google. © CC BY-SA 3.0, Visitor7
    Dans l’Oregon, c’est une vraie centrale électrique qui permet d’alimenter les data centers de Google. © CC BY-SA 3.0, Visitor7

    Dans un article publié le 10 août, CNBC expliquait que la solution du nucléaire devenait une piste de choix pour les grandes entreprises américaines telles que Microsoft ou Nvidia. En mars 2024, AmazonAmazon acquérait un data center alimenté par la centrale nucléairecentrale nucléaire de Susquehanna, toujours en Pennsylvanie. En 2023, le Scientific Forum organisé par l'International Atomic Energy Agency (IAEA) mettait en évidence les nécessités de plus en plus importantes du développement technologique. Tant InternetInternet que les IA ou la robotiquerobotique font face à un besoin croissant en énergie.

    Actuellement, seule l'énergie nucléaire parvient à offrir un mix décarboné avec une production suffisante pour alimenter les besoins électriques des entreprises et des localités. À terme, le choix de Microsoft se démocratisera probablement pour les multinationales, aux États-Unis mais aussi dans d'autres pays. Concernant Three Mile Island, il faudra désormais attendre un feu vert complet des autorités pour relancer complètement les activités de la centrale.