La Corée du Sud a tenté d'envoyer vers l'orbite sa toute première fusée 100 % sud-coréenne. Un évènement historique pour le pays, raté... de peu.


au sommaire


    Une fuséefusée KLSV-2 a fait rugir ses quatre moteurs KRE-75 au-dessus du Centre spatial Naro, jeudi dernier à 10 heures du matin (heure française), une heure en retard sur le planning initial. La première fusée orbitale construite entièrement par la Corée du Sud a effectué un vol exemplaire pendant l'opération de ses deux premiers étages.

    Pour quelques secondes de plus

    La tentative s'est soldée par un échec. Pas de satellite pour ce vol de test, mais une masse simulant la présence d'un satellite, qui n'a alors pas pu être placé en orbite. Rappelons que la condition première pour atteindre l'orbite est d'atteindre une vitesse minimale, dite vitesse de satellisation. Pour la Terre en orbite basse cette vitesse se situe aux alentours de 28.000 km/h.

    Dans le cas de la KLSV-2, c'est son troisième étage, équipé d'un moteur KRE-7, qui a posé problème. Prévue pour générer une poussée pendant 521 secondes, la combustion du kérosènekérosène n'a duré que 475 secondes. Quarante-six secondes, c'est ce qui a manqué pour ne plus jamais retomber. La vitesse, alors insuffisante, a condamné l'engin.

    Kari, l'agence spatiale sud-coréenne, prévoit de retenter l'exploit en mai prochain, le temps d'étudier précisément les causes du dysfonctionnement.


    Demain la Corée du Sud entre dans la cour des grands avec le décollage de Nuri

    Article de la rédaction de Futura, publié le 20/10/2021

    La Corée du Sud prévoit de faire décoller Nuri, la première fusée KLSV-2 opérationnelle, une fusée pour la première fois entièrement sud-coréenne. Un lancement historique pour le pays, prévu demain à 9 heures (heure française).

    Le 30 janvier 2013, la Corée du Sud lance avec succès une fusée Naro, appelée KLSV-1 pour Korea Space Launch VehicleLaunch Vehicle. Le pays devient alors la 11e puissance spatiale après l'URSS, les États-Unis, la France, le Japon, la Chine, le Royaume-Uni, l'Inde, l'Israël, l'Iran et la Corée du Nord, c'est-à-dire un pays avec un accès autonome à l'espace.

    Autonome ? Pas vraiment, car jusqu'à aujourd'hui, le lanceur sud-coréen KLSV-1 était à moitié russe. Pour atteindre la complète autonomieautonomie, la Corée du Sud a développé son successeur : le lanceur KLSV-2 aussi appelé Nuri qui décollera demain depuis le centre spatial de Naro, à l'extrême sud du pays.

    Première fusée 100 % sud-coréenne

    KLSV-2, contrairement à KLSV-1, est entièrement fabriqué en Corée par différents industriels, dont un que l'on connaît tous ici en France, Hyundai, ou plutôt l'une de ses filiales qui s'occupe de bâtir la plateforme de lancement. Cette autonomie est une marque d'ambition pour cette très jeune puissance spatiale. Space is hard comme disent les Américains, « l'espace, c'est dur », et la Corée le sait bien. Déjà pour KLSV-1, il fallut trois tentatives de lancement pour obtenir un succès.

    Depuis ce vol réussi de 2013, la KLSV-1 n'est jamais retournée dans l'espace. Le Kari, l'agence spatiale coréenne, fait donc face à un défi de taille : un lancement entièrement autonome après presque dix ans de développement sans aucun vol opérationnel. Passage obligé pour se lancer dans la grande aventure spatiale.

    Un enjeu de taille

    En cas de succès, Nuri est promise à une carrière commerciale, ce que n'a pas connu le précédent lanceur, mais c'est l'expérience qui déterminera sa compétitivité. Cependant, pas de satellite sous la coiffe demain, juste une maquette pour tester en conditions réelles la fusée jusqu'à l'orbite.

    Nuri est un lanceur léger, il est conçu pour envoyer de petits satellites en orbite basse, pas plus d'1,5 tonne. Il est constitué de trois étages, fait rare aujourd'hui pour un lanceur de cette taille. Ces étages sont propulsés par d'abord quatre moteurs KRE-75 de 655 kN de poussée chacun, puis d'un seul KRE-75, puis d'un KRE-7 pour le dernier étage, tous fonctionnant à la combustion du kérosène par l'oxygèneoxygène liquideliquide (kérolox).

    Si la Corée du Sud est entrée très tard sur orbite, son savoir-faire sur les systèmes de propulsion, lui, est issu des fusées sondes KSR sud-coréennes lancées entre 1993 et 2002, l'équivalent de notre fusée Véronique en France.