De récentes observations montrent que le noyau de 2I/Borisov, comète interstellaire découverte en 2019, s'est fragmenté en plusieurs morceaux.


au sommaire


    Depuis sa découverte en 2019, 2I/Borisov a été suivie avec attention par les astronomesastronomes. Un sursaut d'activité détecté début mars laissait penser que la comète interstellaire pourrait être en train de se fragmenter. Des observations effectuées fin mars avec HubbleHubble ont permis de confirmer que c'est effectivement le cas.

    Les images continues du télescope spatial Hubble de l’objet interstellaire 2I/Borisov montrent un changement d’aspect distinct. © Jewitt et al. (2020) 
    Les images continues du télescope spatial Hubble de l’objet interstellaire 2I/Borisov montrent un changement d’aspect distinct. © Jewitt et al. (2020) 

    Fragmentation du noyau : de découverte en découverte

    Le 2 avril, David Jewitt et ses collègues ont annoncé la découverte d'un fragment situé à 0,1 seconde d'arc du noyau principal, soit 180 kilomètres. Ce fragment, absent des photographiesphotographies du 23 mars, est visible sur celles des 28 et 30 mars. Qicheng Zhang et ses collègues rapportent le 6 avril que, sur les images obtenues le 3 avril, seul le noyau principal est visible et que le fragment a laissé la place à une structure diffuse.

    Le 3 avril, Bryce T. Bolin et ses collègues révélèrent, pour leur part, avoir repéré un autre fragment situé, lui, à 0,3 seconde d'arc du noyau. Ce fragment, dont la taille est estimée à moins de 100 mètres, n'était pas présent sur les photographies du 24 février mais est visible sur celles des 23, 28 et 30 mars. Il aurait été éjecté le 7 mars, à peu près quand la comète a eu un sursaut de 0,7 magnitude observé depuis le sol. Les observations postérieures au sursaut d'activité montrent par ailleurs deux nouveaux jets.

    Photographies de la comète 2I/Borisov, prises par Hubble le 3 avril. © Nasa/ESA <i data-stringify-type="italic">Hubble Space Telescope</i>
    Photographies de la comète 2I/Borisov, prises par Hubble le 3 avril. © Nasa/ESA Hubble Space Telescope

    Si le premier fragment a été éjecté le 23 mars, sa vitesse par rapport au noyau serait de 0,3 mètre par seconde. La vitesse minimale du second fragment est, elle, estimée à 0,5 mètre par seconde. De telles vitesses de séparationséparation sont typiques pour les comètes du Système solaire se fragmentant et comparables à la vitesse de libération du noyau sub-kilométrique de 2I/Borisov.

    Ces fragments s'ajoutent à ʻOumuamua et au noyau principal de 2I/Borisov, comme autant d'objets interstellairesobjets interstellaires supplémentaires connus dans le Système solaireSystème solaire.


    La comète interstellaire Borisov serait en train de se fragmenter

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer, publié le 20 mars 2020mars 2020

    Depuis sa découverte en 2019, la comète interstellaire Borisov a beaucoup fait parler d'elle. Aujourd'hui, elle revient sur le devant de la scène avant de tirer sa révérence. Des astronomes pensent en effet qu'elle est sur le point se de désintégrer.

    La comète interstellaire Borisov a été observée pour la première fois fin août 2019 -- même si les astronomes en ont retrouvé, après coup, des images datant de 2018. En décembre dernier, elle était passée à son périhéliepérihélie, comprenez au point de sa trajectoire le plus proche de notre SoleilSoleil. Depuis, elle avait repris la direction des confins de notre Système solaire. Mais des chercheurs de l'université de Cracovie (Pologne) continuent à la suivre. Et ils ont noté récemment, deux augmentations de sa luminositéluminosité.

    Dans une note publiée ce 12 mars 2020, ils rapportent « une augmentation totale de luminosité d'environ 0,7 magnitude entre le 4 et le 9 mars ». Le résultat, semble-t-il, de deux explosions cométaires. « Ce comportement est fortement indicatif d'une fragmentation continue du noyau », remarquent les chercheurs.

    Les augmentations de luminosité observées par les chercheurs de l’université de Cracovie (Pologne) avaient été annoncées comme les signes d’une prochaine désintégration de la comète interstellaire Borisov. Ici, deux photos de l’objet prises en fin d’année dernière par le télescope spatial Hubble. © Nasa, ESA, D. Jewitt (UCLA)
    Les augmentations de luminosité observées par les chercheurs de l’université de Cracovie (Pologne) avaient été annoncées comme les signes d’une prochaine désintégration de la comète interstellaire Borisov. Ici, deux photos de l’objet prises en fin d’année dernière par le télescope spatial Hubble. © Nasa, ESA, D. Jewitt (UCLA)

    En apprendre plus sur la comète interstellaire Borisov

    Le phénomène, toutefois, n'étonne pas réellement les astronomes. Les analyses qu'ils ont pu mener classaient en effet la comète interstellaire Borisov dans la catégorie des comètes à longue période. Or, il est connu que les comètes de ce type sont jusqu'à dix fois plus susceptibles de se désintégrer que les comètes dont la période orbitalepériode orbitale n'excède pas les 200 ans. La raison probable : une résistancerésistance structurelle plus faible mise à l'épreuve par leur passage à proximité du Soleil ou, en l'occurrence, d'autres étoilesétoiles.

    Et finalement, cette désintégration progressive apporte aux astronomes de nouvelles informations relatives à la composition chimique du cœur de la comète interstellaire Borisov. Une occasion de déterminer à quel point cet objet est semblable ou différent de ceux qui sont originaires de notre Système solaire. Voire de découvrir si les ingrédients nécessaires à l'émergence de la vie sont communs dans la Voie lactéeVoie lactée.