Voici près de 50 ans que l'humanité tente de contacter des civilisations extraterrestres. Plus longtemps encore qu'elle tend l'oreille vers l'espace dans l'espoir de capter un message venu d'ailleurs. Mais il est bien difficile d'entendre quelque chose dont on ignore jusqu'à sa forme. Aujourd'hui, les chercheurs travaillent sur des algorithmes qui pourraient faire avancer nos connaissances en la matière.
[EN VIDÉO] Comment des extraterrestres ont pu découvrir notre existence Des chercheurs de l’université Cornell (États-Unis) et du Muséum américain d’histoire naturelle affirment que de nombreuses civilisations extraterrestres — si elles existent — ont déjà pu découvrir l’existence de notre Terre. En appliquant tout simplement la méthode du transit. Comme nous le faisons nous-mêmes pour débusquer des exoplanètes. (en anglais) © Université Cornell
Au tout début du XIXe siècle, le physicien allemand Carl Friedrich Gauss avait suggéré que nous puissions nous faire repérer par des civilisations extraterrestres intelligentes en traçant à grand renfort de blé, des motifs mathématiques dans une région défrichée à cet égard dans la forêt sibérienne. Un peu plus tard, Percival Lowell, l'astronome amateur américain, suggérait de mettre le feu à des canaux remplis de pétrole dans le désert du Sahara. Aujourd'hui, les chercheurs se demandent quelles idées les extraterrestres pourraient bien avoir eues, de leur côté. Pour se rendre visibles à nos yeux d'humains.
Une équipe internationale dirigée par l'Université de Californie à Berkeley et le Seti Institute (États-Unis) a développé un nouvel outil d'apprentissage automatique destinée à simuler ce à quoi pourrait ressembler un message d'une intelligence extraterrestre. Un outil baptisé Setigen et qui se présente comme une bibliothèque open source susceptible de changer la donne pour les futures recherches d'intelligences extraterrestres.
Rappelons qu'en la matière, les scientifiques terriens ont d'abord cherché des signaux radio dont l'origine serait clairement artificielle. C'était l'objectif du projet Ozma dirigé en 1960 par le célèbre Cornell Frank Drake. Les recherches se concentraient alors autour de la fréquence à laquelle l'hydrogène émet un rayonnement dans l'espace interstellaire : 1,42 gigahertz (GHz). Une émission naturelle très répandue, supposée connue par toute potentielle civilisation extraterrestre intelligente qui l'utiliserait pour maximiser les chances que son message soit entendu. Mais rien.
We don't yet have any confirmed signals from ET, so how can we check that our search algorithms work as expected? One way is to insert simulated signals into the data, as @bryan6brzycki explores in his new paper and accompanying blog post: https://t.co/f0st6CeXdxpic.twitter.com/jQsSj8JWAT
— UC Berkeley SETI (@BerkeleySETI) March 31, 2022
Difficile d’imaginer une activité technologique différente de la nôtre
Alors les recherches se sont étendues. À d'autres gammes de fréquences -- sur une bande de plusieurs gigahertz --, sur différentes régions du ciel et même, à d'autres types de signaux. Et toujours rien. Le tout se heurtant à un obstacle de taille : le fait que l'humanité n'a encore jamais enregistré de signal extraterrestre. Un signal sur lequel nous pourrions fonder notre expérience. Et qui permettrait de mieux orienter les chercheurs.
Des algorithmes basés sur l'apprentissage automatique ont bien commencé à être utilisés pour distinguer d'éventuelles transmissions extraterrestres du bruit de fond. Le plus connu sert le programme Breakthrough Listen. Il vise à identifier des signaux continus tels que ceux qui sont faciles et peu coûteux en énergie de produire sur Terre. Cherchant donc toujours des signes d'une activité technologique telle que nous la connaissons.
Le saviez-vous ?
Les chercheurs ont, un temps, pensé que des signaux captés en 2019 par le programme Breakthrough Listen pourraient être les premières technosignatures extraterrestres — un signal produit par une technologie — jamais enregistrées. Mais des analyses plus poussées ont malheureusement montré qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’interférences radio qui imitent étroitement le type de signal que les scientifiques cherchent. BLC1 — pour Breakthrough Listen Candidate 1 — aura au moins fait la preuve que le programme est bien capable de détecter des signaux inhabituels.
C'est pour surmonter cette difficulté que des chercheurs ont aujourd'hui mis au point une bibliothèque destinée à être régulièrement mise à jour en fonction notamment des avancées rendues possibles par l'intégration à la recherche de civilisations extraterrestres intelligentes d'instruments de plus en plus perfectionnés. Cette bibliothèque doit faciliter la production de signaux extraterrestres de synthèse. Ceux-ci pourront alors être utilisés en tant que tels ou ajoutés à des données d'observation. De quoi produire de grands ensembles de données de signaux de synthèse pour analyser la sensibilité des algorithmes existants ou pour servir de base à un apprentissage automatique. Et développer de nouvelles méthodes de recherche. L'objectif ultime étant de réussir à établir des paramètres qui puissent s'affranchir des hypothèses émises par les chercheurs sur ce à quoi pourrait ressembler un message extraterrestre.