Ça a commencé pendant la seconde moitié du XXe siècle. Des témoignages venant d’un peu partout dans le monde. Des gens, de tous les horizons, qui racontent avoir observé ce qu’ils appellent des ovnis. Des objets volants non identifiés. Les scientifiques apportent, la plupart du temps, une explication tout à fait rationnelle. Mais il arrive que le mystère demeure. Comme c’est le cas pour l’ovni observé par l’équipage d’un vol Air France au-dessus de la région parisienne.


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    Dans les années 1940, le tout premier témoignage était déjà celui d'un pilote. Un Américain âgé d'une trentaine d'années. Au-dessus de l'État de Washington, il venait de voir neuf « soucoupes volantes » filant à vive allure. D'autres témoignages ont suivi. Des centaines. Des milliers. Pas mal de pilotes, mais aussi toutes sortes de personnes venues de toutes les régions du monde qui racontent avoir vécu des expériences similaires. Parfois plus déroutantes encore. Les autorités ont tendance à les prendre au sérieux.

    En France, c'est un service du Centre national d'études spatiales (Cnes), le Groupe d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan), qui est chargé d'enquêter sur les cas signalés. Ses experts analysent les observations d'ovnis, pour objets volants non identifiés. Ou plutôt, de phénomènes aérospatiaux non identifiés, comme ils préfèrent les appeler.

    La base de donnéesbase de données du Geipan renferme plusieurs milliers de témoignages. Parmi eux, pas mal de méprises. Des ovnis qui s'avèrent être des ballons météométéo ou des drones que les observateurs ont mal identifiés. Mais il y a aussi une part -- environ 4 % -- de cas qui restent sans explication. Étranges, diront certains. Non élucidés...

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    Parmi les cas rapportés par des pilotes, il y a l'histoire peu commune que raconte l'équipage du vol Nice-Londres du 28 janvier 1994, le vol AF3532.

    Un dessin de l’ovni tel que décrit par l’équipage du vol AF3532. © Sepra, Cnes
    Un dessin de l’ovni tel que décrit par l’équipage du vol AF3532. © Sepra, Cnes

    Une « lentille » qui se transforme en « chevron »

    Il est très précisément 13 heures 14, ce jour-là. À près de 12 000 mètres d'altitude -- une altitude de croisière pour un Airbus A320 -- au-dessus de Coulommiers (Seine-et-Marne), les conditions météo sont excellentes et la visibilité de l'ordre de 200 à 300 km. Alors que le chef steward se trouve dans le poste de pilotage, il est « le premier à voir un objet dans le ciel ». Un ballon météorologique ? C'est ce qu'il pense d'abord. Et ce que confirme la copilote. Le pilote, lui, penche pour un avion en virage à 45°. Il se trouve à moins de 50 km, au nord-ouest de l'A320 dont il tient les commandes. À quelque 10 500 mètres d'altitude.

    Mais, au fur et à mesure de l'observation, les contours de l'objet se dessinent un peu mieux. « Une couleur rouge brunâtre et surtout, une taille immense, de l'ordre de 1 000 mètres de diamètre et de 100 mètres d'épaisseur. Pas de détail apparent, pas d'ailes, pas de gouverne, pas de moteur », raconte le pilote de l'A320. La copilote, elle, décrit une « lentillelentille » qui évolue vers une forme de « chevronchevron » et se déplace à la même vitesse que l'avion. L'objet finira par tout simplement disparaître environ une minute plus tard. Ou peut-être « s'éloigner à une vitesse tellement vertigineuse que l'effet visuel a été le même ».

    Voici comment la copilote du vol AF3532 décrit l’objet qu’elle a observé dans le ciel de la région parisienne le 28 janvier 1994. © Sepra, Cnes
    Voici comment la copilote du vol AF3532 décrit l’objet qu’elle a observé dans le ciel de la région parisienne le 28 janvier 1994. © Sepra, Cnes

    Une trace radar en confirmation de ce mystérieux ovni ?

    Tout comme il disparaîtra des écrans radar du Centre d'Opérations de la Défense Aérienne. Ceux-ci ont en effet bien enregistré une trace de 50 secondes, croisant la trajectoire du vol AF3532 -- mais pas réellement comme le décrivent les témoins. Une trace qui ne correspond à aucun plan de vol déposé. De son côté, Météo France indique qu'un ballon-sonde a bien croisé la trajectoire de l'A320. Mais une heure avant l'observation rapportée par l'équipage. À cet instant, le ballon avait déjà éclaté et redescendait très loin vers le sud-est.

    Notez que ce n'est qu'après que l'affaire a été reprise par la presse, en 1997, que l'équipage du vol AF3532, jusqu'alors gêné d'avoir à rapporter « un phénomène mystérieux et inexplicable », en rend officiellement compte à la gendarmerie et que l'enquête débute. C'est la première « confrontée à la fois à une observation visuelle de qualité et à un enregistrement radar ». Les cas d'observation d'ovni par des pilotes avec confirmation radar sont en effet rares. Ils comptent tout de même pour près de 20 % des cas enregistrés. Mais, en France, seulement deux cas sont rapportés depuis 1956.

    Les enquêteurs regretteront de ne pas avoir pu recueillir le témoignage du chef steward. Celui qui a attiré l'attention des autres sur ce phénomène. Et les témoignages tardifs du pilote et de la copilote compliquent l'analyse. D'autant que la trace radar enregistrée ne correspond pas à la description qu'ils font du phénomène qu'ils ont observé. Les experts concluent que l'équipage du vol AF3532 a peut-être tout simplement observé un « objet souple », de type enveloppe de ballon, volant au gré des ventsvents. Ou qu'il a été témoin d'un « phénomène encore inconnu d'optique atmosphérique ». Pour le Geipan, ce cas reste inexpliqué...