C'est un record du monde : 882 km/h sans moteur. Et uniquement à la force du vent !


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    Voici l'aéronef radiocommandé le plus rapide du monde. Il n'a pas d'hélice, pas de moteur, ni de réacteur. Pour résumer, il ne dispose d'aucune source de propulsion embarquée. Et pourtant, cet appareil vient d'atteindre la vitesse de 882 km/h en n'exploitant rien d'autre que la force des masses d'airmasses d'air en montagne. L'avion en question est un planeur DSKinetic Transonic DP d'une envergure de 3,3 mètres. Constitué de carbone, son profil a été étudié pour qu'il puisse voler le plus vite possible. Et ce 19 janvier 2021, son pilote, Spencer Lisenby a battu le record du monde sur la montagne de Parker Mountain au nord de Los Angeles.

    Pour parvenir à cette vitesse similaire à celle des avions de ligne, le vélivole s'appuie sur une technique appelée vol de gradient ou Dynamic Soaring. Il s'agit d'une méthode qui consiste à traverser à répétition l'espace entre deux masses d'air dotées de vitesses différentes. Le pilote réalise des boucles de forme ovoïde pratiquement à la verticale avec des montées en flèche. La vitesse s'accroît de façon importante au moment où le planeur passe d'une masse d'air à l'autre. La vitesse est alors égale à deux fois la différence de vitesse entre les deux masses d'air.

    Cette technique de vol de gradient, est loin d'être nouvelle. Dans la nature, l’Albatros l'exploite pour planer sans battre des ailes en plongeant dans le creux des vaguesvagues et en remontant au-dessus de leur crête. Une méthode qui lui permet de ne pas dépenser d'énergieénergie, alors que les autres oiseaux de mer utilisent une autre technique appelée vol de pente et qui repose sur l'effet de sol. Pour disposer de conditions favorables au vol de gradient, la montagne est le terrain de jeu idéal en raison des reliefs et de leurs effets sur les masses d'air.

    Le pilotage doit être fin et rapide. En une demi-seconde, le planeur peut parcourir plus de 100 mètres et parfois, l’appareil ne se trouve qu’à cinq mètres du sol. Aucune marge d’erreur n’est tolérée. © DSKinetic
    Le pilotage doit être fin et rapide. En une demi-seconde, le planeur peut parcourir plus de 100 mètres et parfois, l’appareil ne se trouve qu’à cinq mètres du sol. Aucune marge d’erreur n’est tolérée. © DSKinetic

    Des accélérations de 120 G

    Lors de ce record, les ventsvents du nord-est soufflaient avec des rafales atteignant 105 km/h au sommet de Parker Mountain (863 mètres). Le pilote s'est donc appuyé sur la différence de vitesse entre cette masse d'air et celle plus calme sur le versant du mont. Ce type d'exploit est mené avec des planeurs radiocommandés depuis les années 60 mais, depuis une vingtaine d'années, des spécialistes de ce type de vol ont affiné les techniques pour pousser plus loin l'optimisation et dépasser les 800 km/h.

    Lors des manœuvres, les contraintes physiquesphysiques sont très importantes et le planeur peut subir des charges de 60 à 80 G, voire 120 G, lors des virages rapides. C'est pourquoi la structure du planeur en carbone a été renforcée. Le pilote considère que l'aéronef devrait être capable d'atteindre 933 km/h, soit plus qu'un Boeing 787 en croisière. Pour évaluer cette vitesse, un canon radar est utilisé, puisqu'il permet de relever la vitesse réelle de l'appareil et non pas sa vitesse relative dans la masse d'air. Reste que parvenir à une telle finesse de pilotage est un véritable exploit. Il faut corriger très rapidement la symétrie du vol à grande vitesse et la moindre erreur de pilotage conduit à la pulvérisation du planeur.