Une molécule de sucre, précurseur de l'ARN, vient d'être découverte dans un nuage de gaz et de poussières dans lequel des étoiles sont probablement en train de naître. C'est la première fois que l'on détecte ce genre de molécule organique là où peuvent se former des planètes.
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De nombreuses molécules organiques (c'est-à-dire à squelette de carbone) ont été découvertes dans l'espace, au sein de nuages de gazgaz ou dans des météoritesmétéorites tombées sur TerreTerre. La liste est longue et inclut des hydrocarbureshydrocarbures, de l'adénineadénine (composant de l'ADNADN), des sucres et des acides aminésacides aminés, autant de composés qui caractérisent la vie terrestre.

Mais jusqu'à présent, aucune moléculemolécule organique n'avait été détectée dans des nuages de gaz et de poussières entourant des étoilesétoiles en formation. Il manquait donc la preuve que cette chimiechimie fabriquant ces molécules dans des nuages de gaz chauds pouvait aussi se dérouler dans un système planétaire en train de se constituer.

C'est ce chaînon manquantchaînon manquant qui vient d'être découvert grâce au radio-interféromètre Iram du Plateau de Bure (France), par une équipe européenne (M. T. Beltran, département d'Astronomie de l'Université de Barcelone, C. Codella, Institut de Radioastronomie de Florence, S. Viti, département de PhysiquePhysique et d'Astronomie duUniversity College London, R. Neri, Iram, et R. Cesaroni, Observatoire d'AstrophysiqueAstrophysique de Florence). Leurs résultats viennent présentés dans Science & Technology.

Ces chercheurs ont mis en évidence trois raies d'absorptionabsorption principales à 1,4, 2,1 et 2,9 millimètres au cœur du nuagenuage de gaz et de poussières, baptisé G31.41+0.31, situé à 26.000 années-lumièreannées-lumière de la Terre et considéré comme une vaste région d'étoiles en formation. Mais d'autres raies ont été découvertes, en particulier un pic d'émissionémission correspondant à la molécule de glycolaldéhyde.

Une molécule de glycolaldéhyde, CH<sub>2</sub>OH-CHO, un sucre monosaccharide, ou &quot;ose&quot;, c'est-à-dire un monomère, par opposition aux glucides formés de plus de deux atomes de carbone (trioses, tétroses, pentoses...). Source <em>Commons</em>

Une molécule de glycolaldéhyde, CH2OH-CHO, un sucre monosaccharide, ou "ose", c'est-à-dire un monomère, par opposition aux glucides formés de plus de deux atomes de carbone (trioses, tétroses, pentoses...). Source Commons

Le glycolaldéhyde, de formule C2H4O2 est le plus simple des sucres monosaccharides. Il peut réagir avec un autre sucresucre pour former le riboseribose, épine dorsale de l'ARNARN (de même que le désoxyribosedésoxyribose forme le squelette de l'ADN).

Ce sucre avait déjà été mis en évidence plusieurs fois près du centre galactique entre 2000 et 2008. Cette nouvelle observation, loin du centre de la galaxiegalaxie, suggère que la production de cet élément essentiel à la vie pourrait être commune à toute la galaxie. Il s'agit donc d'une bonne nouvelle pour la recherche d'une forme de vie extraterrestre.

Cette observation confirme que, à l'instar du glycolaldéhyde, certains éléments fondamentaux de la vie sont bien d'origine extraterrestre et répandus en abondance dans l'espace. Il est même vraisemblable que ces molécules se soient formées au niveau des systèmes stellairessystèmes stellaires bien avant l'apparition des planètes susceptibles d'accueillir la vie, demeurant inaltérées dans ces régions froides avant d'ensemencer les planètes dès le début de la solidificationsolidification de leur croûtecroûte par le biais des comètescomètes. « La découverte d'une molécule de sucre autour d'une étoile en formation est passionnante, commente Keith Mason, directeur du STFC (Science and Technology Facilities Council), et fournira des informations utiles pour la recherche d'une vie extraterrestre ».