Jusque là, on croyait que les jets de matière envoyés en continu dans l'espace, à une vitesse proche de celle de la lumière, étaient la propriété exclusive des trous noirs. Or, le télescope spatial Spitzer vient de prouver que certaines étoiles à neutrons en sont tout aussi capables…

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    Une jolie performance à l'actif de Spitzer !(Crédits : NASA)

    Une jolie performance à l'actif de Spitzer !(Crédits : NASA)

    Vue d'artiste d'un jet de matière émis par l'étoile à neutrons d'un système Binaire X <br />(Crédits : NASA/JPL-Caltech/R. Hurt (SSC))

    Vue d'artiste d'un jet de matière émis par l'étoile à neutrons d'un système Binaire X
    (Crédits : NASA/JPL-Caltech/R. Hurt (SSC))

    Révélation en a été faite dans les Astrophysical Journal Letters : Spitzer vient d'observer un jet de matière continu émis non par un trou noir mais par une étoile à neutrons. Autant dire une première ! « Depuis des années, les scientifiques pensaient que les trous noirs avaient quelque chose de particulier leur permettant d'alimenter ces jets compacts, car nous n'observions de tels phénomènes qu'émanant d'eux », résume Simone Migliari, astrophysicienastrophysicien de l'université de San Diego, en Californie.

    Pourtant, c'est bien dans un Binaire X, un système formé d'une étoile « traditionnelle » gravitant autour d'une étoile à neutrons quatorze fois plus massive, que l'œilœil infrarougeinfrarouge de Spitzer est allé trouver ce jet de matière continu. Ce binaire X (4U 0614+091) est situé à environ 10.000 années lumièrelumière de la Terre, dans la constellation d'Orionconstellation d'Orion.

    Mais comment cette étoile à neutrons produit-elle ce jet ? Probablement de la même façon qu'un trou noir, grâce à la présence simultanée d'un champ gravitationnel intense et d'un disque d'accrétiondisque d'accrétion autour d'elle. Ce disque qui la ceint, l'étoile à neutrons le forme en cannibalisant la matière de son étoile compagnon.

    Usuellement, ce sont des radiotélescopesradiotélescopes qui sont utilisés pour observer les jets continus émis par les trous noirs. Mais, dans le cas d'une étoile à neutrons, où le phénomène peut-être 10 fois moins brillant, le temps d'exposition nécessaire à sa visualisation peut être de plusieurs heures. Par contre, grâce aux yeux infrarouges surentraînés de Spitzer, il n'a fallu que quelques minutes à l'équipe de Simone Migliari pour assister à l'événement.

    On savait déjà que les étoiles à neutrons des binaires X et les trous noirs avaient en commun leur disque d'accrétion et leur champ gravitationnel très intense. Maintenant, il faut ajouter à cela les jets de matière. Des jets de matière qui sont sûrement plus fréquents dans l'universunivers, et moins « élitistes », qu'on ne le pensait...