Depuis une trentaine d’années, certains chercheurs pensaient avoir mis en évidence une périodicité dans le taux d’impact de petits corps célestes sur Terre, expliquant en partie les grandes extinctions. Elles seraient causées par l’orbite périodique d’un compagnon obscur du Soleil, Némésis. Mais selon un chercheur de l’institut d’astronomie Max Planck à Heidelberg, il n’en serait rien.

au sommaire


    En 1984, les paléontologuespaléontologues David Raup et Jack Sepkoski ont publié un article dans lequel ils affirmaient avoir identifié une périodicité d'environ 26 millions d'années dans les extinctions importantes ayant frappé la biosphèrebiosphère au cours des derniers 250 millions d'années. Les grandes crises du PermienPermien-|58ffd3d4ee81a770e63e26a065cab4cb| et du CrétacéCrétacé-Tertiaire, avec la fameuse disparition des dinosaures, n'étant que des exemples extrêmes de ces extinctions.

    Rapidement, plusieurs astronomesastronomes et physiciensphysiciens, dont Richard A. Muller, ont proposé d'expliquer cette périodicité à l'aide de phénomènes astrophysiques. L'une des théories les plus connues est celle de Némésis qui serait une naine rouge très peu lumineuse, ou encore une naine brune (à moins que ce ne soit une géante comme l'hypothétique Tyché) compagne du Soleil et qui se rapprocherait périodiquement du nuage de Oortnuage de Oort. En perturbant gravitationnellement ce nuage, cette compagne précipiterait un nombre important de comètes vers le Système solaireSystème solaire interne, augmentant le taux d'impact.

    D'autres explications ont été proposées. On sait par exemple que dans son voyage autour du bulbe galactique le Soleil ne suit pas une simple orbiteorbite circulaire mais effectue aussi des oscillations lui faisant traverser périodiquement le plan galactique.

    En vert, l'orbite complexe du Soleil dans la Voie lactée. © Mikhail Medvedev, Dimitra Atri

    En vert, l'orbite complexe du Soleil dans la Voie lactée. © Mikhail Medvedev, Dimitra Atri

    Némésis rangée au placard

    Selon Coryn Bailer-Jones, une analyse statistique correcte de la répartition dans le temps des 180 grands cratères d'impacts connus sur Terre avec des âges allant jusqu'à 2,4 milliards d'années et des diamètres allant jusqu'à 300 kilomètres ne montre rien de tel. Les périodicités identifiées par différents auteurs et qui pouvaient aller de 13 à 50 millions d'années ne seraient que des artefacts dus à de mauvaises applicationsapplications des méthodes statistiques utilisées jusqu'à présent.

    En utilisant une méthode bayésienne évitant selon lui divers biais statistiques, il trouve même une diminution monotone du taux d'impact, enregistrée en remontant dans le temps au cours des 250 derniers millions d'années pour les cratères de plus de 5 kilomètres. Cela s'explique bien si le taux d'impact est constant depuis cette époque mais que l'érosion finit par faire disparaître les petits cratères les plus anciens. L'ensemble des cratères plus grands que 35 kilomètres (donc moins affectés par l'érosion et le remplissage) et plus jeunes que 400 millions d'années sont bien expliqués aussi par un modèle reposant sur une probabilité d'impact, constante pendant cette période.

    Némésis, comme dans l'Antiquité grecque, ne serait donc qu'un mythe...