Des observations réalisées avec le télescope spatial européen Herschel viennent de montrer que le rayonnement ultraviolet interstellaire pouvait permettre la fabrication d'eau dans l'espace.

au sommaire


    La constellation boréale du LionLion héberge une curieuse étoile. IRCIRC+10216, également connue sous le nom de CW du Lion, est une géante rougegéante rouge. À environ 500 années-lumière de nous, elle est très discrète à l'œilœil nu, mais c'est l'étoile la plus brillante du ciel en infrarouge. Une épaisse enveloppe de poussière autour de l'étoile absorbe son rayonnement et le réémet en infrarouge. CW du Lion est considérée comme une étoile carbonée, un astre où la fusion nucléairefusion nucléaire convertit l'héliumhélium en carbonecarbone. Cette étrange existence s'achèvera bientôt sous la forme d'une naine blanchenaine blanche.

    Depuis une dizaine d'années les observations ont révélé divers éléments chimiqueséléments chimiques à l'intérieur de l'enveloppe de poussière qui cache l'étoile, siliciumsilicium, ferfer, azoteazote et oxygèneoxygène, mais aussi de l'eau. Pour expliquer la présence de cette moléculemolécule dans un environnement stellaire aussi peu propice à son apparition, les astronomesastronomes ont longtemps cru qu'elle était le résidu de la fontefonte des comètes qui s'approchaient un peu trop près de l'étoile. Les récentes mesures réalisées par le télescopetélescope Herschel obligent à reconsidérer ce scénario.

    Image de l'étoile carbonée CW du Lion obtenue par le télescope <em>Herschel</em>. La rencontre entre le vent stellaire produit par l'étoile et le milieu interstellaire se traduit par une onde de choc en arc de cercle visible à gauche de l'étoile. Crédit Esa/Pacs/Spire/<em>Mess consortiums</em>

    Image de l'étoile carbonée CW du Lion obtenue par le télescope Herschel. La rencontre entre le vent stellaire produit par l'étoile et le milieu interstellaire se traduit par une onde de choc en arc de cercle visible à gauche de l'étoile. Crédit Esa/Pacs/Spire/Mess consortiums

    Recette pour produire de l'eau chaude dans l'espace

    Herschel, le plus récent et le plus grand des observatoires spatiaux (le miroirmiroir de son télescope mesure 3,5 mètres de diamètre), vient en effet de mesurer la température de la vapeur d'eau autour d'IRC+10216. Les valeurs obtenues s'échelonnent de -200 à 800 degrés C. Si les valeurs les plus basses correspondent au milieu interstellaire, les plus hautes signifient que de la vapeur d'eau se situe beaucoup plus près de l'étoile, dans des zones où on ne trouve pas de comètescomètes.

    Les astronomes ont donc proposé un autre scénario pour expliquer la présence de cette eau : selon eux, l'eau se formerait sous l'action du rayonnement ultravioletultraviolet interstellaire. En cassant les liaisons entre atomesatomes de monoxyde de carbonemonoxyde de carbone et monoxyde de silicium présents dans l'enveloppe de l'étoile, les UV libèreraient de l'oxygène qui se recombinerait ensuite avec l'hydrogènehydrogène interstellaire pour former de l'eau à proximité.

    Si cette hypothèse est avérée, les rayons ultraviolets relèveront la tête : si nocifs sur Terre, ils pourraient servir à produire l'une des molécules fondamentales permettant l'émergenceémergence de la vie. Les astronomes vont maintenant utiliser le télescope Herschel pour partir à la recherche d'eau autour d'autres étoiles carbonées.