Poursuivant son voyage de dix années en direction de la comète Churyumov-Gerasimenko, la sonde européenne Rosetta vient de croiser la planète Mars à une distance de seulement 250 kilomètres afin de modifier sa vitesse par réaction de gravitation ainsi que sa trajectoire, et ainsi mettre le cap sur sa prochaine étape intermédiaire : la Terre !

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    Le passage à distance minimale s'est produit comme prévu le 25 février 2007 à 01 h 57 mn 59 sec TU (la marge d'erreur était de 1,3 seconde). Alors qu'il ne s'agit que d'une manœuvre passive, la situation se révélait néanmoins critique car non seulement RosettaRosetta se trouvait alors occultée par la masse de la planète durant un quart d'heure, empêchant toute communication avec la Terre, mais de plus elle se trouvait plongée dans l'ombre martienne, ce qui exigeait de déconnecter ses immenses panneaux solaires et de brancher son instrumentation scientifique sur un jeu de batteries de secours.

    Survol de Mars par Rosetta, vue d'artiste. Crédit ESA.

    Survol de Mars par Rosetta, vue d'artiste. Crédit ESA.

    Le défi était de taille, car il était prévu d'activer non seulement les instruments de la sonde, mais aussi de l'atterrisseur destiné à se poser ultérieurement sur le noyau de la comète Churyumov-Gerasimenko afin de fournir données et images du survolsurvol. Outre l'intérêt scientifique, cette opération constituait une excellente répétition du programme qui sera exécuté lors de l'arrivée de l'engin spatial à proximité de son objectif, en 2014.

    La réaction de gravitation résultant du passage de la sonde à proximité de Mars avait ceci de particulier que, contrairement aux habitudes, elle ne visait pas à accélérer l'engin mais bien à le ralentir, avec pour conséquence d'infléchir sa trajectoire vers l'intérieur du Système solaire et de l'amener à croiser la Terre le 13 novembre prochain en vue d'une nouvelle manœuvre.

    Lancée le 2 mars 2004 à bord d'une Ariane-5, Rosetta est la première sonde jamais conçue pour se placer en orbite autour du noyau d'une comète. Lorsqu'elle aura rejoint Churyumov-Gerasimenko, en 2014 après avoir parcouru près de 5 milliards de kilomètres à travers le Système solaire, elle se livrera à une étude scientifique approfondie de ce reliquat de la nébuleuse primitive qui a donné naissance à notre cortège planétaire, voilà quelque 4,6 milliards d'années. Au terme de son long périple, Rosetta aura réalisé en tout quatre manœuvres gravitationnelles, dont trois autour de la Terre et une au niveau de Mars. Elle aura également observé les astéroïdesastéroïdes Steins et Lutetia, en septembre 2008 et juillet 2010 respectivement.

    Mais l'aspect spectaculaire de la mission sera le largage de Philae, un atterrisseur destiné à rejoindre le noyau de la comète et s'y poser. Là aussi le défi est de taille, car non seulement la nature de son sol est inconnue, mais la force de gravitationforce de gravitation de ce corps de moins de 5 kilomètres de diamètre est insuffisante pour retenir fermement un objet à sa surface. Aussi, Philae dispose d'un système d'ancrage pour s'y fixer sans courir le risque de rebondir et partir à la dérive.

    Un noyau cométaire pourra alors être étudié pour la première fois, apportant des connaissances inédites sur sa structure, les éléments entrant dans sa composition, ainsi que la solidité, la densité, la texturetexture, et les propriétés thermiques de la surface.

    Lancement de la mission européenne Rosetta le 2 mars 2004 au moyen d'une fusée Ariane 5 depuis Kourou. Crédit ESA.

    Lancement de la mission européenne Rosetta le 2 mars 2004 au moyen d'une fusée Ariane 5 depuis Kourou. Crédit ESA.

    Détail de l'approche de Mars, montrant une partie de l'atmosphère martienne vue en ultraviolet le 24 février. Crédit ESA.

    Détail de l'approche de Mars, montrant une partie de l'atmosphère martienne vue en ultraviolet le 24 février. Crédit ESA.

    Mars vue par l'instrument OSIRIS (Optical, Spectroscopic, and Infrared Remote Imaging System) de Rosetta peu avant son survol. Crédit ESA.

    Mars vue par l'instrument OSIRIS (Optical, Spectroscopic, and Infrared Remote Imaging System) de Rosetta peu avant son survol. Crédit ESA.

    Formations nuageuses martiennes photographiées par l'instrument OSIRIS. Crédit ESA.

    Formations nuageuses martiennes photographiées par l'instrument OSIRIS. Crédit ESA.

    Formations nuageuses martiennes photographiées par l'instrument OSIRIS. Crédit ESA.

    Formations nuageuses martiennes photographiées par l'instrument OSIRIS. Crédit ESA.

    Le noyau de la comète Churyumov-Gerasimenko, reconstitué sur base de données obtenues par le télescope spatial Hubble. Crédit ESA-NASA

    Le noyau de la comète Churyumov-Gerasimenko, reconstitué sur base de données obtenues par le télescope spatial Hubble. Crédit ESA-NASA

    Largage de l'atterrisseur Philae à proximité du noyau cométaire, en 2014 (vue d'artiste). Crédit ESA.

    Largage de l'atterrisseur Philae à proximité du noyau cométaire, en 2014 (vue d'artiste). Crédit ESA.

    Philae ancré sur le noyau cométaire (vue d'artiste). Crédit ESA.

    Philae ancré sur le noyau cométaire (vue d'artiste). Crédit ESA.

    A titre de comparaison, le noyau de la comète de Halley, photographié par la sonde européenne Giotto le 13 mars 1986. Crédit ESA.

    A titre de comparaison, le noyau de la comète de Halley, photographié par la sonde européenne Giotto le 13 mars 1986. Crédit ESA.