Nichée dans la constellation de Pégase, Iras 23166+1655 est un objet cosmique surprenant. Il s'agit d'une étoile agonisante qui éjecte de la matière en spirale. Une configuration unique que le télescope spatial Hubble vient de détailler.

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    La mort des étoiles est toujours spectaculaire. Si les plus massives (plus de huit masses solaires) terminent leur vie en supernova, une phénoménale explosion, certaines de leurs petites sœurs deviennent des naines blanches qui projettent dans l'espace leur atmosphèreatmosphère. Il en résulte une bulle de gaz en expansion rendue lumineuse par le rayonnement ultravioletultraviolet de l'étoile agonisante. Cette enveloppe gazeuse était inexplicable pour les premiers observateurs. L'astronomeastronome français Charles MessierCharles Messier rangea ces astresastres étranges dans la famille des nébuleuses planétairesnébuleuses planétaires en raison de leur aspect flou et circulaire. Les progrès de l'imagerie astronomique ont permis de découvrir la diversité de ces astres.

    Prenons la nébuleuse du Hibou. Découverte dans la constellation de la Grande Ourseconstellation de la Grande Ourse en 1781 par Pierre Méchain, M 97 a révélé sa vraie nature il y a quelques mois seulement. Sur proposition d'une étudiante canadienne, les astronomes ont utilisé le télescopetélescope Gemini de 8 mètres de diamètre pour en obtenir une image très détaillée. La nébuleuse du Hibounébuleuse du Hibou ne ressemble pas à une bulle gazeuse mais plutôt à un cylindre où deux jets de gaz ont creusé des cavités circulaires plus sombres. Dumbell est un autre exemple de nébuleuse planétaire spectaculaire située dans la constellation du Petit Renard. Cette fois c'est un astronome amateur, Ken Crawford, qui à l'aide de son télescope de 500 millimètres de diamètre en a réalisé dernièrement un magnifique portrait qui révèle les détails de la coquille gazeuse. Autre exemple, autre aspect. Dans la constellation de la Boussole, à 10.000 années-lumièreannées-lumière de nous, la nébuleuse planétaire NGC 2818 déploie ses draperiesdraperies avec à chaque extrémité deux extensions qui évoquent les pinces d'un lucane cerf-volantlucane cerf-volant.

    Dans sa "Nuit étoilée" peinte en 1889, Vincent Van Gogh représente les astres comme des spirales, une forme qu'on retrouve dans la nébuleuse planétaire Iras 23166+1655. Crédits DR

    Dans sa "Nuit étoilée" peinte en 1889, Vincent Van Gogh représente les astres comme des spirales, une forme qu'on retrouve dans la nébuleuse planétaire Iras 23166+1655. Crédits DR

    Une spirale parfaite

    Malgré leurs formes variées, aucune nébuleuse planétaire n'est aussi singulière qu'Iras 23166+1655. Précisons d'abord d'où lui vient ce nom barbare. Iras (pour Infrared Astronomical Satellite) est un télescope spatial qui réalisa en 1983 une cartographie complète du ciel en infrarougeinfrarouge. Les objets célestes qu'il découvrit prirent son nom accompagné de leurs coordonnées célestes. A quelques encablures de la brillante étoile LL Pegasi, la nébuleuse planétaire Iras 23166+1655 présente une spirale gazeuse parfaite. Elle se déroule à partir d'un disque poussiéreux qui masque la naine blanche à l'origine du phénomène. Les astronomes ont calculé que le gaz s'éloigne à la vitessevitesse de 50.000 kilomètres à l'heure et que l'écart entre chaque spire est de 800 ans.

    Mais comment expliquer cette forme étonnante qui rappelle certains des astres de "La nuit étoilée" de Vincent Van Gogh ? Les scientifiques tentent d'y répondre avec une hypothèse hardie. Selon eux le nuagenuage poussiéreux central ne contient pas une étoile mais un système binairesystème binaire. L'un des astres tournerait autour de l'autre en 800 ans, provoquant une déformation régulière de l'enveloppe gazeuse éjectée, déformation à l'origine de la spirale. C'est une nouvelle fois la caméra ACS (pour Advanced Camera for Surveys) du télescope spatial Hubble qui nous offre cette vue spectaculaire. Plus de 20 ans après son lancement, Hubble continue de nous faire rêver et d'apporter du travail aux astronomes !