Après l'observation d'un disque protoplanétaire autour d’une étoile double, des astronomes viennent de découvrir deux disques autour de chaque étoile d’une binaire. Une grande première... Comme dans le cas de V4046 Sagittarii, on doit la découverte au Submillimeter Array on Mauna Kea, à Hawaï.

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    Dans le domaine submillimétrique, les deux disques de poussière autour des étoiles de 253-1536 sont clairement visibles à gauche, si on compare l'image obtenue avec Hubble à droite. Crédit : University of Hawaii, Nathan Smith, University of California at Berkeley

    Dans le domaine submillimétrique, les deux disques de poussière autour des étoiles de 253-1536 sont clairement visibles à gauche, si on compare l'image obtenue avec Hubble à droite. Crédit : University of Hawaii, Nathan Smith, University of California at Berkeley

    Il y a peu de temps, des astrophysiciensastrophysiciens avaient réalisé un zoom sur le Trapèze de la nébuleuse d'Orion. Ils avaient ainsi obtenu une image saisissante du système binairesystème binaire Thêta 1 Orionis C dans le proche infrarouge. Deux astronomesastronomes de l'université de Hawaï viennent cette fois d'observer la nébuleuse d'Orion dans le domaine submillimétrique, c'est-à-dire à des longueurs d'onde plus longues. Leur cible s'appelle 253-1536 et il s'agit encore d'une binaire située à 1.300 années-lumière environ.

    Le résultat n'a pas été décevant. Le Submillimeter Array on Mauna Kea ou SMA leur a en effet permis d'observer non pas un mais deux disques protoplanétaires riches en gazgaz et en poussières, un pour chaque étoileétoile. C'est le premier exemple de binaire visuelle, séparable dans le domaine optique avec un instrument comme HubbleHubble, possédant un double disque protoplanétaire capable de donner naissance à des systèmes planétaires comme le nôtre.

    En fait, un premier disque avait déjà été détecté à l'aide de Hubble et celui de 253-1536 faisait partie des nombreux disques protoplanétaires connus dans la nébuleuse d'Orion, véritable pouponnière d'étoiles. Jusqu'à présent, l'éclat de l'étoile principale dissimulait l'existence d'un second disque mais grâce à SMA, ce n'est plus le cas et une image rivalisant avec celle de Hubble a pu être obtenue. En fait, les astronomes avaient bien détecté ce qui semblait être l'ombre laissée par un second disque, mais sa massemasse était difficile à évaluer et elle pouvait être insuffisante pour la formation d'un système planétaire.

    Bientôt des voisins ?

    Si un jour la vie apparaît sur l'une des planètes probablement en formation dans l'un de ces disques, la seconde étoile ne donnera tout de même pas lieu à un spectaculaire double coucher de SoleilSoleil, comme dans le cas de la scène mythique sur la planète Tatooine de Star Wars.

    La raison en est simple. Les deux étoiles de la binaire ont chacune seulement un tiers de la masse de notre Soleil, ce qui veut dire, d'après les équationséquations de la structure stellaire, qu'il s'agit d'étoiles assez nettement moins lumineuses que notre Soleil et de couleurcouleur plus rouge puisqu'elle sont plus froides.

    Etant de plus séparées par 400 unité astronomiquesunité astronomiques (UA), elles orbitent l'une autour de l'autre en 4.500 ans. A titre de comparaison, NeptuneNeptune orbiteorbite à 30 UA du Soleil en 165 ans environ. L'une des étoiles apparaîtrait quand même dans le ciel d'une hypothétique planète comme un point lumineux un millier de fois plus brillant que notre SiriusSirius.

    On peut se prendre à rêver à la possibilité que les deux systèmes planétaires peut-être en formation finissent par abriter deux formes de vie intelligentes. Dans ce cas, le voyage interstellaire ne serait pas un véritable obstacle et l'une des civilisations pourrait probablement finir par rencontrer l'autre. Les Terriens, décidément, sont malchanceux...