Des astronomes américains viennent d'observer un bien surprenant anneau autour d'une étoile en formation dans notre galaxie. Les parties intérieure et extérieure du disque sont bien en rotation comme on s'y attend, mais dans un sens opposé ! De nouvelles questions pourraient en découler sur la formation des planètes.

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    En haut : une gigantesque zone de formation d'étoiles, dans un mouvement de rotation d'ensemble selon la direction donnée par la flèche blanche.  Au centre : une vue détaillée fait apparaître trois protoétoiles dans une partie de la zone de formation seco

    En haut : une gigantesque zone de formation d'étoiles, dans un mouvement de rotation d'ensemble selon la direction donnée par la flèche blanche. Au centre : une vue détaillée fait apparaître trois protoétoiles dans une partie de la zone de formation seco

    « C'est la première fois que l'on observe ce phénomène ! » a tout simplement déclaré Anthony Remijan, du National Radio Astronomy Observatory (NRAO), qui avec des scientifiques de la NASA a exploité le télescope radio Very Large Array (VLA) de la NSF (un réseau de vingt-sept antennes radio installées dans la plaine de San Agustin au Nouveau Mexique). « Le système solaire qui en découlera sera fait de planètes tournant dans des directions différentes les unes des autres... », a expliqué le chercheur dans une communication faite par le NRAO. Et ce à la différence de notre système solaire, où toutes les planètes orbitent autour du soleil de la même façon (1) .

    Il est couramment admis par les scientifiques que les étoiles et les planètes naissent lors de l'effondrementeffondrement, sous l'effet de la gravitégravité, de gigantesques nuagesnuages de gazgaz. Lors de ce phénomène, un disque aplati se forme autour d'une protoétoileprotoétoile (étoile naissante), d'où surgissent des planètes. Celles-ci, ainsi que les matériaux résiduels tournent en même temps et dans le même sens que le nuage initial, avec une vitesse de rotationvitesse de rotation qui croît au fur et à mesure que l'on se rapproche du centre.

    Des mouvements chaotiques dans la direction d'Ophiuchus

    Si l'ensemble de la matièrematière composant l'étoile et le disque provient du même nuage protostellaire, comme pour notre système solaire, alors l'étoile tournera sur son axe et toutes les planètes autour auront le même sens de rotation. Ce n'est apparemment pas le cas de la protoétoile étudiée par les chercheurs américains, qui est située à 500 années-lumièreannées-lumière de la Terre dans la direction de la constellationconstellation d'Ophiuchus. Le système aurait agrégé de la matière provenant de deux nuages et non un seul, initialement en rotations opposées. Et il y a suffisamment de matériaux pour que naissent des planètes dans chaque zone de rotation.

    Le phénomène se produit dans une région de l'espace où de nombreuses étoiles sont en formation, caractérisée par des « remous » et des mouvementsmouvements chaotiques dont résultent de petits nuages de gaz qui peuvent avoir des sens de rotation différents. Il a été mis en évidence par l'effet Dopplereffet Doppler bien connu des physiciensphysiciens: le décalage en longueur d'ondelongueur d'onde des raies spectralesraies spectrales constaté lors de l'analyse des signaux émis par un corps céleste permet de connaître sa vitesse de déplacement. Grâce aux observations faites au VLA, on a pu comparer le mouvement des moléculesmolécules de monoxyde de siliciumsilicium dans cette région de l'espace (la signature spectrale du SiO se situe autour de 43 Gigahertz), à proximité de la protoétoile et dans des zones éloignées.

    S'il s'agit d'une première concernant les protoétoiles, ce n'est pas tout à fait une surprise pour les scientifiques. Des mouvements similaires ont déjà été mis en évidence dans l'universunivers, à plus ou moins grande échelle, dans des disques au sein de galaxiesgalaxies. Mais « cela prouve que le processus de formation des planètes à partir de disques de matière gravitant autour d'une étoile est plus complexe que l'on pensait » a insisté Anthony Remijan.

    (1) : Astrophysical Journal, April 1 (à paraître)