C'est une théorie extraordinaire qui vient d'être avancée par un groupe de spécialistes des sciences planétaires en Australie. Il y a 466 millions d'années environ, une rencontre entre la Terre et un gros astéroïde se serait mal passée, laissant un anneau transitoire de débris chutant sur la surface de notre Planète bleue pendant des dizaines de millions d'années, alors que la vie n'était pas encore vraiment sortie des océans et juste avant une grande crise biologique.


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    La version intégrale du Monde d'Arkadi va bientôt sortir. Dans la mythique BD de Caza, la Terre du futur est très différente de celle que l'on connaît, elle est en rotation synchronesynchrone autour du Soleil et la Lune a explosé formant un anneau de débris autour de notre Planète bleue. C'est généralement à AristoteAristote que l'on attribue la célèbre expression que « l'art imite la nature ». On la trouve en tout cas dans son ouvrage La Physique. Mais il semble aujourd'hui que la nature a peut-être imité l'art si l'on en croit un article du géologuegéologue australien Andrew Tomkins que lui et ses collègues Erin Martin et Peter Cawood ont publié dans Earth & Planetary Science Letters et qu'il explique pour le grand public dans un article de The Conversation AU.

    Selon les trois chercheurs en effet, il y a environ 466 millions d'années et ensuite pendant quelques dizaines de millions d'années, la Terre était peut-être entourée d'un anneau lui faisant ressembler à SaturneSaturne, ce qui pourrait expliquer plusieurs énigmes du passé de notre Planète, déclare donc Andrew Tomkins.


    Cette vidéo explique que c'est en étudiant des roches spatiales vieilles de 4,5 milliards d’années que le géologue Andrew Tomkins de l'université Monash en Australie découvre des indices sur les origines de notre Système solaire. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Monash University Faculty of Science

    Des pluies de météorites exotiques pendant l'Ordovicien

    Le géologue rappelle ainsi que l'on connaît 21 importants cratères d'impact de météorites datant du milieu de l'OrdovicienOrdovicien (485-444 Ma) qui est une période géologique caractérisée par la concomitance d'une glaciationglaciation majeure et de l'une des cinq plus grandes extinctions de masse de l'histoire de la Terre. Ces cratères sont également concomitantsconcomitants de nombreux tsunamistsunamis, comme le montrent des stratesstrates sédimentaires dont le contenu exhibe des roches inhabituellement mélangées.

    Très curieusement, on constate en outre à ce moment-là que des dépôts de calcairecalcaire en Europe, en Russie et en Chine contiennent des niveaux très élevés de débris d'un certain type de météorite. Débris dont l’étude montre qu’ils ont été exposés aux rayons cosmiques avant de tomber sur Terre pendant beaucoup moins de temps que dans le cas des autres météorites et qui prennent leur origine dans la fragmentation suite à des collisions de membres de la Ceinture principale d’astéroïdes.


    Depuis quelque temps déjà, les roches calcaires retrouvées dans la carrière de Thorsberg, dans le sud de la Suède, livrent de nombreuses météorites dites fossiles car, bien qu’elles aient été altérées, elles ont visiblement bénéficié de conditions d’enfouissement qui leur ont permis de traverser les âges jusqu’à nous. Ces météorites datent de l'Ordovicien moyen, qui s’étend de 470 à 458 millions d’années environ. Elles montrent qu’il y a eu une brusque augmentation du flux de ces corps célestes heurtant la Terre pendant cette période. Surtout, l’une de ces météorites découvertes, Österplana 065, ne ressemble à aucune de celles que l’on connaissait. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © LundUniversity

    Des cratères d'impacts concentrés vers l'équateur

    Andrew Tomkins et ses collègues ont cherché à en savoir plus et pour cela ils ont utilisé les reconstitutions paléogéographiques montrant les terres émergées pendant l'Ordovicien en remontant en arrière la dérive des continents produite par la tectonique des plaques. Ils ont alors constaté que les 21 astroblèmes de grande taille étaient tous positionnés proche de l'équateuréquateur à ce moment-là.

    Ils ont ensuite tenté d'estimer un biais possible qui aurait fait que le bombardement aurait été homogène à ce moment-là sur la surface de la Terre, mais que les archives géologiques n'auraient pas conservé les grands impacts en dehors de la zone équatoriale. Selon les géologues, les terrains les plus propices à la conservation de la mémoire des astroblèmes ne se trouvaient pas majoritairement dans cette zone justement. L'article de The Conversation explique en effet que seulement environ 30 % des terres propices se trouvaient près de l'équateur, avec 70 % à des latitudeslatitudes plus élevées.

    D'ordinaire, les corps célestes qui tombent sur Terre ne font pas de préférence pour une latitude donnée. Il semble bel et bien que la seule façon de bien rendre compte de l'existence des 21 cratères d'impact (comme le Pilot crater au Canada ou le Lockne en Suède) est de les former à partir de la chute continuelle, pendant plusieurs dizaines de millions d'années, de débris provenant d'une ceinture entourant la Terre tels les anneaux de Saturne.

    Une catastrophe cosmique avec la limite de Roche

    Est-ce vraiment plausible ? Tout à fait, répondent Andrew Tomkins, Erin Martin et Peter Cawood. Il suffit de faire intervenir un gros astéroïdeastéroïde passé tellement proche de la Terre que sa distance était inférieure à la fameuse limite de Roche, du nom du mathématicienmathématicien et astronomeastronome français Édouard Roche. Elle exprime le fait qu'il existe une distance limite d'approche d'un petit corps céleste au voisinage d'un corps plus grand car les forces de maréeforces de marée de ce dernier sont alors supérieures aux forces de cohésion du petit corps qu'elles détruisent. C’est ce qui s’est passé avec la fameuse comète Shoemaker-Levy 9, en 1994, avec Jupiter. Les débris tendent alors à se rassembler sur des orbitesorbites équatoriales selon les lois de la mécanique céleste, peu importe la direction d'arrivée initiale du corps parent, formant un anneau.


    Les origines des formes de vie avancées remontent à 500 millions d'années, au cours de la période ordovicienne qui s'est terminée avec l'extinction du Silurien. Le biologiste australien Richard Smith parcourt le continent pour étudier les fossiles d'êtres vivants qui ont continué à prospérer à cette époque comme au début de la période cambrienne. Les invertébrés, à savoir les mollusques et les arthropodes, dominaient les océans et les poissons, les premiers véritables vertébrés du monde, ont continué d'évoluer, les mâchoires apparaissant tard dans la période, sans encore se diversifier sur terre. Environ 100 fois plus de météorites ont frappé la Terre au cours de l'Ordovicien qu'aujourd'hui. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Blue-Globe

    Un refroidissement global causé par des anneaux planétaires ?

    Toujours dans The Conversation, Andrew Tomkins explique en conclusion que l'anneau ayant été autour de l'équateur « comme l'axe de la Terre est incliné par rapport à son orbite autour du Soleil, l'anneau aurait ombragé certaines parties de la surface de la Terre.

    Cet ombrage aurait à son tour provoqué un refroidissement global, car moins de lumièrelumière solaire atteignait la surface de la planète.

    Cela nous amène à une autre énigme intéressante. Il y a environ 465 millions d'années, notre Planète a commencé à se refroidir de façon spectaculaire. Il y a 445 millions d'années, elle était dans l'ère glaciaire hirnantienne, la période la plus froide du dernier demi-milliard d'années.

    L'ombrage de la Terre par l'anneau est-il responsable de ce refroidissement extrême ? La prochaine étape de notre enquête scientifique consiste à créer des modèles mathématiques de la manière dont les astéroïdes se brisent et se dispersent, et de l'évolution de l'anneau qui en résulte au fil du temps. Cela posera les bases d'une modélisationmodélisation climatique qui explorera l'ampleur du refroidissement que pourrait imposer un tel anneau ».

    Peut-être découvrira-t-on alors que c'est bien un tel refroidissement qui aurait causé la crise biologique de l'Ordovicien.