La participation française à l'ambitieuse mission de retour d'échantillons martiens (1) orchestrée par la NASA est apparemment sérieusement remise en question.

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    Baptisé Mars Premier, cette participation prévoyait (entre autres) l'envoi d'un orbiteur français (2) en 2007, pour tester le rendez-vous en orbite martienne avec un container d'échantillons et larguer les quatre petites stations de la mission franco-européenne Netlander (3). Initialement dirigé par le CNES, Mars Premier risque aujourd'hui d'être placé sous le girongiron d'AuroraAurora, un programme de l'Agence Spatiale EuropéenneAgence Spatiale Européenne (ESA) qui est sensé définir pour l'Europe la stratégie d'exploration du système solaire pour les 30 prochaines années. Programme fourre-tout à long terme, Aurora ne semble malheureusement pas adapté à l'accueil de Mars Premier. Son financement est de plus en inadéquation complète avec le lancement d'une sonde martienne (14 millions d'euros pour les trois premières années, alors que Mars Premier nécessite dans son ensemble une enveloppe d'au minimum 300 millions d'euros).

    Image du site Futura Sciences
    Jusqu'à aujourd'hui, l'exploration spatiale de la planète Mars a été dominée sans partage par la NASA. L'Europe va lancer sa première sonde martienne en juin 2003 (4), les Etats-Unis ont lancé la leur en 1964 ! Si rien n'est fait, le grand livre de la conquête martienne sera entièrement écrit par la NASA et les Etats-Unis. Nous pouvons décider d'être acteur de cette exploration, en nous donnant les moyens de nos ambitions. Ou nous pouvons continuer d'être de simples spectateurs en regardant, par le biais d'InternetInternet, les atterrissages et les mises en orbite des robotsrobots américains. Si nous choisissons cette solution de facilité, nous devrons en assumer les conséquences. Il ne faudra pas crier au scandale lorsque la NASA s'adjugera toutes les roches martiennes, en nous jetant à titre gracieux quelques milligrammes de poussière à analyser. Il ne faudra pas jouer les envieux frustrés lorsque les premiers américains débarqueront sur Mars en imprimant dans le régoliterégolite les mêmes empreintes que celles qu'ils ont déjà laissés sur la Lune. Il ne faudra pas gémir tel un partenaire éconduit devant la prise en otage de la science martienne par la NASA.

    Forcés de rappeler au Monde qui ils sont, les américains sont de nouveau partis en guerre, une guerre qui n'aura pas seulement lieu sur les désertsdéserts terrestres, et dont les robots ne seront pas uniquement des drones de combat. Claude Allègre (ex Ministre de la Recherche), qui avait parfaitement compris l'importance et les enjeux fondamentaux de l'exploration martienne (mais qui n'est manifestement pas écouté comme il le mérite), avait donné à la France l'opportunité unique de participer à cette aventure scientifique et technique aux retombées faramineuses. Si nous passons à côté, si nous laissons s'échapper cette occasion de prendre une part active dans l'exploration martienne pour cause de tergiversations politiques ou financières, c'est que nous n'avons décidément rien appris.

    Par Philippe Labrot, de Nirgal.net

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