En deux missions distinctes, Deep Impact en 2005 et Stardust en 2011 ont démontré tout l’intérêt scientifique de visiter une même comète à plusieurs reprises. Cette avancée scientifique significative pourrait ouvrir la voie à des missions bien plus ambitieuses qui ne se contenteront pas seulement de survols mais d’accompagnement, comme le fera en 2014 la sonde européenne Rosetta.

au sommaire


    Le survolsurvol a deux reprises, en 2005 et 2011, de la comète Tempel 1 a été une véritable aubaine pour les scientifiques qui ont une occasion unique de mieux comprendre comment relier l'activité d'une comète à son évolution. Comme nous l'explique OlivierOlivier Groussin, chercheur au laboratoire d'Astrophysique de Marseille (CNRS-INSU, Université de Provance) et co-investigateur sur la mission Stardust-Next en charge de l'analyse des images des deux survols, c'est la première fois « qu'un noyau cométaire est observé à plusieurs années d'intervalle et que l'on détecte la trace de l'érosion sur ce type de petits corps du Système solaire ».

    Cette aubaine « laisse entrevoir une possibilité de comprendre comment les comètes évoluent dans le temps et en quoi la surface que l'on observe aujourd'hui est représentative de ce qu'elle a été dans le passé ». La combinaison des missions Deep Impact et StardustStardust-Next permet de se faire une « petite idée sur la façon dont on peut relier ces processus d'érosion avec les évolutions géologiques de la surface ». Les résultats acquis sont de bon augure pour la mission Rosetta de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne qui, en 2014, doit atteindre la comète Churyumov-Gerasimenko et l'accompagner pendant plusieurs mois pour justement « suivre en direct et en continu tous les processus d'évolutions à mesure qu'elle s'approchera du Soleil »

    Image anaglyphe du cratère d'impact formé par le projectile tiré par la sonde Deep Impact (2005). © Nasa/JPL-Caltech/<em>University of Maryland</em>/Cornell.

    Image anaglyphe du cratère d'impact formé par le projectile tiré par la sonde Deep Impact (2005). © Nasa/JPL-Caltech/University of Maryland/Cornell.

    En deux survols, 70 % de la comète a été observé

    Six ans après avoir été survolée par Deep ImpactDeep Impact, la comète Tempel 1 l'a été de nouveau le 15 février par Stardust-Next. Ce scénario d'une double visite a été rendu possible par l'idée ingénieuse de la Nasa de réutiliser la sonde Stardust à la fin de sa mission initiale en 2006, afin d'observer de plus près le cratère formé sur Tempel 1 par le projectile lancé par Deep Impact.

    Les trois objectifs de la mission ont été atteint. La sonde a pu survoler les régions de la comète ignorées par Deep Impact en 2005, de sorte que « l'on estime que plus de 70 % de sa surface a été imagée ». Lorsque les scientifiques ont reçu les images acquises par Stardust-Next, ils constatèrent que le noyau cométaire s'est « à certains endroits érodé depuis le passage de Deep Impact ». Localement, « plus de 20 mètres ont disparu sur des centaines de mètres carrés ». Il n'y a là rien de surprenant. Cette érosion est en effet normale car les matériaux cométaires, mélange de glaces et de poussières, « se subliment à proximité du Soleil », c'est-à-dire qu'ils passent de l'état solideétat solide à l'état gazeuxétat gazeux.

    Concernant l'impact, on remarque que le projectile « n'a pas créé un cratère significatif comme on peut en observer sur la Lune, par exemple ». Pour expliquer cette faible trace au sol, on suppose que le projectile est tombé « dans un matériaumatériau probablement très poreux ». Il faut aussi tenir compte de l'activité des comètes, qui se traduit en effet par une érosion de la surface. Au fil du temps, le cratère a pu se reboucher naturellement...