L’abandon du programme Constellation et du système de transport spatial qui devait remplacer la navette laisse les Etats-Unis sans réelles perspectives d’accès indépendant à l’espace pour les vols habités jusque durant la seconde moitié de la décennie 2010-2020. On peut raisonnablement penser que cette situation ne va pas perdurer éternellement et que la question de cet accès à l’espace, à un coût raisonnable, sera une des préoccupations de la prochaine mandature présidentielle.

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    Après le retrait des navettes, officiellement prévu à la fin de l'année, les Etats-Unis vont dépendre des capacités russes pour envoyer des astronautes à bord de la Station spatiale et, pour la ravitailler, des capacités russes, européennes et nippones, voire commerciales si les initiatives privées tiennent leurs promesses.

    Pour limiter cette dépendance notamment vis-à-vis de la Russie pour rejoindre la Station, le gouvernement va soutenir financièrement et techniquement le développement d'un secteur commercial capable d'assurer le transport de personnes et de fret vers la Station dans le cadre du partenariat public-privé Cots (pour le fret) et Commercial Crew Development (CCDEV, pour les équipages). Actuellement, deux sociétés mettent au point leurs propres systèmes de transport de fret et de maintenance. SpaceX, avec son lanceur Falcon 9 et sa capsule récupérable Dragon, ainsi que Orbital Sciences avec sa fuséefusée Taurus (propulsée par des moteurs russes) et son vaisseau Cygnus (utilisant un module fabriqué en Europe par Thales Alenia Space). SpaceXSpaceX et Orbital prévoient de mettre en service Dragon en 2011 et de Cygnus en 2012.

    Cette nouvelle stratégie d'accès à l'espace s'appuie sur l'idée que la concurrence réduit le coût de l'accès à l'espace et est capable de le garantir durablement, sans subvention déguisée. L'objectif final est évidemment de d'abaisser ce coût à des niveaux les plus bas possible sans que la fiabilité et la sécurité, deux conditions indispensables pour envoyer des hommes dans l'espace, soit remises en cause. La Maison Blanche, qui fait donc le pari du privé pour accéder à l'espace, va dépenser plus de 6 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour justement favoriser l'émergenceémergence d'acteurs privés en leur apportant un soutien technique (via la Nasa) et financier pour que la période du développement ne prenne pas plus de temps que prévu ni ne devienne plus coûteuse.

    Retour sur Terre, le 18 mars 2010, de deux astronautes de l'Expedition 22, à bord de la capsule Soyouz TMA-16. © Nasa / Bill Ingals
    Retour sur Terre, le 18 mars 2010, de deux astronautes de l'Expedition 22, à bord de la capsule Soyouz TMA-16. © Nasa / Bill Ingals

    Un coût de l’accès restera durablement élevé

    Aujourd'hui, les entreprises privées qui souhaitent investir dans le développement d'un système de transport spatial habité ont en ligne de mire les 50 millions de dollars facturés par la Russie à la Nasa pour un aller-retour Terre-ISSISS à bord des capsules SoyouzSoyouz. L'une d'entre elles, SpaceX, affirme avoir la capacité de proposer des vols meilleur marché. Lors d'une audience devant le Comité sénatorial sur le Commerce, la Science et le Transport, Gwynne Shotwell, président de SpaceX, affirme pouvoir « garantir le transport d'un équipage de plusieurs astronautes vers la Station pour moins de 50 millions de dollars ». Un optimisme que ne partage pas Orbital Sciences, qui a également en projet la qualification pour le vol habité de son véhicule spatial. Un de ses dirigeants, l'ancien astronaute de la Nasa, Frank Culbertson, a clairement dit qu'il « n'est guère envisageable que l'industrie spatiale américaine soit capable de développer un tel véhicule capable d'abaisser le coût du vol à moins de 400 millions de dollars, sans qu'il soit fortement subventionné ».

    Reste que de nombreux experts et responsables politiques doutent que des firmes privées réussissent là où la Nasa a échoué depuis le programme de la navette spatiale qui promettait d'abaisser de façon considérable le coût de l'accès à l'espace. Certains à la Nasa estiment qu'il ne sera guère possible, sans subventions récurrentes, de proposer des vols moins chers que les Russes et que l'on doit se faire à l'idée qu'un vol à destination de la Station soit facturé entre 300 et 400 millions de dollars, deux à trois fois plus cher qu'un lancement de Soyouz.