Plus d’un mois après l'échec de la mise à poste de deux satellites par un lanceur russe Proton, la commission d’enquête a rendu son rapport et désigné le coupable : une malfaçon dans la fabrication d’une pièce sous-traitée par Krunitchev. Le lanceur est de nouveau prêt.

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    Le 6 août dernier, après un décollage parfait, le lanceur russe Proton ratait sa mission, ne parvenant pas à placer sa charge sur l'orbite prévue. Les satellites de télécommunications Express-MD2MD2 (russe) et Telkom-3 (indonésien) se sont en effet retrouvés sur une orbite trop basse.

    Lors de ce vol, tout avait bien fonctionné jusqu'à ce que l'étage supérieur Breeze-M s'arrête prématurément. Ses moteurs se sont coupés sept secondes après leur mise en marche, alors qu'ils devaient fonctionner durant 18 minutes et 5 secondes !

    L'étage supérieur Breeze-M incriminé dans l'échec du dernier lancement d'un Proton. © Khrunichev

    L'étage supérieur Breeze-M incriminé dans l'échec du dernier lancement d'un Proton. © Khrunichev

    La commission d'enquête en charge de trouver les causes de cet échec vient de remettre son rapport, expliquant l'origine de la panne par une malfaçon dans la constructionconstruction d'une pièce sous-traitée par Krunitchev, l'entreprise d'État qui construit le lanceur. La pièce en question, un orifice métallique du système de pressurisation du moteur de l'étage, n'aurait pas été été fabriquée conformément aux spécifications. Ce défaut a conduit le système de contrôle de vol de l'étage à arrêter trop tôt le moteur principal de Breeze-M.

    Un bilan catastrophique

    Au cours des dix-huit derniers mois, la Russie a perdu dix satellites. Un comble pour un pays dont le secteur spatial était réputé pour sa fiabilité, malgré une certaine obsolescence de ses équipements et un retard sur les standards internationaux. Après cet échec, Vladimir Poutine a relevé de ses fonctions le directeur général de Krunitchev, Vladimir Nesterov.

    ProtonProton est le principal concurrent d'Arianespace. Sur le marché des satellites ouverts à la concurrence, il est exploité par International Launch Services (ILS) qui doit maintenant s'évertuer à retrouver la confiance de ses clients. Ce qui prendra sans doute un peu de temps car ce rapport fait apparaître que la défaillance survenue sur ce lancement aurait tout aussi bien pu se produire sur une mission, cette même pièce défectueuse ayant déjà volé.

    Le retour en vol est prévu à la mi-octobre avec le lancement du satellite Intelsat 23. Suivra le lancement de Yamal-300k et de Luch 5B en novembre et si possible deux ou trois autres avant la fin de l'année.