Le 13 janvier 2012, un petit télescope français automatisé (Tarot) installé au Chili a photographié ce qui semblait être une comète aussi rapide que brillante. Il s'agissait en fait d'un étage de fusée chinoise emportant un satellite météorologique.
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Tout peut arriver un vendredi 13 ! C'est ce qu'ont sans doute pensé les membres d'une équipe d'astronomes français présents ce jour-là à l'observatoire de La Silla dans les Andes chiliennes, à l'endroit même où moins d'un mois auparavant Guillaume Blanchard, un opticien de l'ESO, avait filmé la comète Lovejoy derrière les coupoles du VLT.
Tarot, Télescope à action rapide pour les objets transitoires, est un réseau de deux instruments de 25 centimètres de diamètre avec un très grand champ, équipés d'une caméra CCD et destinés à traquer les sursauts gamma dans le domaine optique. Ces sursauts sont des phénomènes cosmiques très énergétiques associés aux supernovae et aux trous noirs. Bien que le rayonnement soit stoppé par l'atmosphère terrestre, son arrivée y provoque une gerbe de particules à l'origine de flashs lumineux très brefs qu'enregistrent certains instruments comme le célèbre télescope Magic aux Canaries.
C'est également un rôle que jouent plus modestement les télescopes Tarot, l'un depuis le plateau de Calern, le site de l'observatoire de la Côte d'Azur, l'autre depuis le Chili. Ces instruments ont aussi à leur actif l'observation d'autres phénomènes comme l'occultation d'étoiles par des astéroïdes, le suivi de certaines variables ou encore l'étude de l'orbite de satellites géostationnaires.
Drôle de comète
Le 13 janvier au soir, plusieurs techniciens s'affairent donc autour du télescope automatique Tarot à La Silla pour une mission de maintenance. Profitant de l'absence de Lune et d'un très beau ciel, ils ont également sorti un autre télescope pour faire de l'observation visuelle. Leur regard est rapidement attiré par l'éclat d'un objet céleste d'aspect cométaire devenu soudainement lumineux dans la portion de ciel qu'occupe la galaxie NGC 253 au sein de la constellation australe du Sculpteur.
Les observateurs sont surpris par les caractéristiques de cet objet : magnitude 0 (donc forte luminosité), jets qui s'étendent sur 3 degrés (6 fois la taille apparente de la Pleine Lune) et vitesse apparente d'environ 1 degré par minute, trop rapide pour une comète mais comparable au déplacement d'un satellite situé à environ 10.000 kilomètres d'altitude. Plusieurs photographies sont réalisées avec le télescope Tarot et d'autres caméras dont dispose le groupe d'observateurs qui raconte cette aventure sur une page Internet spéciale.
Finalement, il s'avère que cette fausse comète correspond à l'allumage des moteurs du troisième étage d'une fusée chinoise. Tirée depuis la base de Xichang au sud de la Chine dans la province de Sichuan quelques heures plus tôt, elle emporte à son sommet le satellite météorologique FenYun-2F.
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