De Starship à Ariane 6 et de Juice à Psyche, sans oublier Euclid et les premières missions commerciales sur la Lune, l’année 2023 s’annonce passionnante et exaltante. Cette année, l'ESA, l'Agence spatiale européenne, décidera aussi de se doter de son propre programme de vols habités. Voici les grands événements astronautiques à ne pas manquer en 2023.


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    Sans surprise, l'année 2022 aura été marquée par l'impact de la guerre en Ukraine sur le secteur spatial européen, la première mission du programme Artemis qui amorce le retour des Américains sur la Lune et la « machine à lancer des satellites », SpaceXSpaceX, avec ses 60 missions en 12 mois ! Un record qui devrait être balayé : Elon MuskElon Musk a annoncé viser une centaine de vols de Falcon 9 et de Falcon Heavy pour cette année.

    Pour l'Europe des lanceurs, l'année 2022 se termine aussi mal qu'elle avait débuté. La guerre en Ukraine l'a privée de l’utilisation du Soyouz russe, le premier vol d’Ariane 6 et sa mise en service n'en finissent plus d'être repoussés de semestre en semestre et, alors que seules deux Ariane 5Ariane 5 restent à lancer, le petit lanceurpetit lanceur européen Vega CVega C a raté son premier vol commercial. Alors, comment se profile 2023 ? Voici l'essentiel.

    2023 verra la fin de la carrière d'Ariane 5, un lanceur iconique devenu la référence sur les marchés commerciaux des satellites lancés en orbite de transfert géostationnaire qui aura marqué toute une génération de passionnés d'espace. En 2023, il réalisera ses deux dernières missions : en janvier, avec le lancement des satellites Heinrich HertzHeinrich Hertz (H2Sat), et Syracuse 4B (milsat) en avril, avec le lancement de la sonde Juice à destination de JupiterJupiter et de ses mondes. Avec ce retrait et en attendant la mise en service d'Ariane 6Ariane 6, l'Europe qui, encore il y a seulement quelques années, était le leader de l'accès à l'espace, sera dépendante du bon vouloir de SpaceX pour lancer ses satellites !

    De Starship à Ariane 6, sans oublier le Vulcan

    Quant à Ariane 6, son premier vol, initialement prévu en juillet 2020, est aujourd'hui annoncé au cours du dernier trimestre 2023, mais pourrait être décalé à début 2024. Pour l'heure, place aux essais combinés qui se dérouleront tout au long de l'année et qui consisteront à s'assurer du bon fonctionnement dans l'interaction entre le lanceur et le pas de tir (Ela-4), et à tester toutes les procédures opérationnelles de la base de lancement relatives à Ariane 6.

    Ariane 6 n'est pas le seul nouveau lanceur attendu. On compte également sur le Starship de SpaceX, le VulcanVulcan d'ULA et quelques nouveaux lanceurs chinois dont certains sont privés. Le premier vol d'essai du StarshipStarship, sans cesse repoussé pour de bonnes raisons, devrait avoir lieu en début d'année. Il est prévu pour durer plus ou moins 90 minutes. Starship sera mis en orbite par le lanceur Super Heavy et s'envolera à destination de l'archipel d'Hawaï, avec un passage dans l'espace, mais sans réaliser une orbite complète autour de la Terre. Si tout se passe comme prévu, l'étage principal du Super Heavy retournera se poser sur la terre ferme, ce qui ne sera pas le cas du Starship. Après une rentrée atmosphérique, le Starship devrait s'abîmer en pleine mer au large des côtes d'Hawaï, après un amerrissage contrôlé.

    Premières missions privées sur la Lune 

    Autre lanceur très attendu, le Vulcan d’ULA. Ce dernier n'est pas destiné aux marchés ouverts à la concurrence. Il aura pour seul client le gouvernement des États-Unis et le Falcon 9 sera son principal concurrent. Il doit remplacer progressivement les lanceurs américains Delta IV heavy et à terme, l'Atlas V. Pour son premier vol, il visera la Lune avec le lancement de l'atterrisseur lunaire Peregrine de la société Astrobotic. Cet atterrisseur, qui transportera plusieurs charges utiles, sera le tout premier engin spatial de nature privée à alunir. Cette mission sera réalisée dans le cadre du programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS) de la NasaNasa qui a pour but de livrer du matériel scientifique et technologique sur la Lune pour le compte de la Nasa. Lancé en décembre, l'alunisseur privé d'ISpace Hakuto-R livrera sur la Lune le rover Rashid des Émirats arabes unis. Ses premiers tours de roues sont prévus fin avril, début mai. Il sera rejoint quelques semaines plus tard, en juin, par le roverrover Indien ChandrayaanChandrayaan-3.

    Dans le domaine des vols habitésvols habités, le CST-100 de Boeing devrait réaliser au printemps son premier vol à destination de la Station spatiale internationale avec à son bord deux astronautesastronautes. En Inde, Gaganyaan, le prototype de véhicule habité développé par l'agence spatiale indienne devrait réaliser son vol d'essai en 2024, voire fin 2023. Enfin, si l'année 2022 s'est terminée avec la sélection d'une nouvelle classe d’astronautes européens, c'est en février, ou lors de son Conseil du mois de mars, que l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne décidera si elle se dote d'une capacité autonome d’accès à l’espace pour ses astronautes. Un rapport très complet sur le sujet sera remis aux dirigeants de l'ESA en janvier.

    Une mission dédiée à l'Univers sombre et un « Hubble » chinois

    En matièrematière de missions spatiales, plusieurs lancements sont attendus. En 2023, l'Agence spatiale européenne lancera la sonde Juice (avril) et Euclid (entre juillet et septembre). La mission Juicemission Juice a pour but de caractériser les lunes glacées de Jupiter -- GanymèdeGanymède, Europe et CallistoCallisto -- en tant qu'objets planétaires et habitats potentiels, et d'étudier en profondeur l'environnement complexe de Jupiter. Elle examinera le système jovienjovien comme modèle pour les géantes gazeusesgéantes gazeuses dans tout l'UniversUnivers.

    Quant à Euclid, il s'agit d'une mission très ambitieuse et inédite qui a pour but l'étude de l'univers sombreétude de l'univers sombre, c'est-à-dire la matière noire, l'énergie sombre (lambda) et les champs responsables de l'inflation. La Nasa lancera en octobre la sonde Psyche à destination de l'astéroïdeastéroïde métallique du même nom qui sera atteint en 2026. Il serait le vestige du noyau ferreux d'une ancienne protoplanète. La mission a aussi pour but d'identifier ses caractéristiques et de recenser ses quantités d'or, de nickelnickel et de ferfer dont on estime la valeur à plus ou moins... 10 000 quadrillons de dollars, soit plus que toute l'économie mondiale !

    Quant à la Chine, qui a terminé la construction de sa station spatiale, elle devrait lancer en 2023 son « Hubble ». En effet, cette station sera complétée fin décembre par le télescope spatialtélescope spatial Xuntian qui volera en retrait de la station et viendra s'y amarrer pour des opérations de maintenance. Ce télescope sera doté d'un miroirmiroir de deux mètres de diamètre, légèrement plus petit que celui du télescope spatial Hubble (2,4 mètres) mais son champ de vision sera bien plus grand.