La flotte des navettes spatiales américaines restera immobilisée au moins jusqu'au 29 juillet, a annoncé la NASA, alors que les techniciens sont en proie à un épineux problème de fissures découvertes récemment dans les groupes propulseurs d'Atlantis et Discovery.

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    Une des fissures apparues sur une canalisation de la navette Atlantis. Document Nasa.

    Une des fissures apparues sur une canalisation de la navette Atlantis. Document Nasa.

    Les deux autres navettes n'ont pas encore été inspectées, mais selon Roy BridgesBridges, directeur du Centre spatial Kennedy, il est improbable que ce défaut soit apparu sur deux des quatre vaisseaux spatiaux en épargnant les autres. Atlantis, qui s'est posée le 19 juin dernier sur la piste de la base militaire d'Edwards, en Californie, de retour d'une mission d'assemblage de la Station Spatiale Internationale, vient tout juste d'être rapatriée vers Cap Canaveral sur le dosdos d'un Boeing 747. Dès son retour dans son hall de maintenance, elle fera l'objet d'examens minutieux.

    Ces examens ont déjà débuté par contre pour ColumbiaColumbia, vétéran des navettes dont le premier vol remonte au 12 avril 1981, et qui aurait dû s'élancer le 19 juillet prochain pour une mission de recherche scientifique en microgravité. Jeudi 27, les boucliers entourant les trois moteurs principaux de la navette ont été démontés, et les techniciens devraient incessamment déconnecter les groupes propulseurs eux-mêmes avant leur dépose.

    Le problème s'est révélé sous la forme de microfissures de 2,5 à 8 millimètres de long, apparues sur les tubulures amenant l'hydrogène et l'oxygèneoxygène liquidesliquides sous haute pressionpression à l'intérieur des chambres de combustionchambres de combustion selon un circuit très complexe, comprenant aussi plusieurs raccords de flexionflexion en accordéon destinés à compenser les mouvementsmouvements de dilatationdilatation et contraction induits par les températures extrêmes lors de leur fonctionnement. Trois de ces fissures sont apparues sur chacune des deux navettes Atlantis et DiscoveryDiscovery, sur un seul conduit parmi des dizaines d'autres inspectés et apparemment intacts. Invisibles à l'œilœil nu, elles ont été détectées lors d'examens radiographiques approfondis.

    Mais la NasaNasa ne souhaite prendre aucun risque ni avec le matériel, ni avec la sécurité des vols, et le souvenir de la catastrophe de ChallengerChallenger, qui explosa en plein ciel le 28 janvier 1986, hante encore toutes les mémoires. En ce jour maudit, la défaillance d'un simple joint au niveau d'un des accélérateurs à poudre avait provoqué une fuite de gazgaz incandescentincandescent qui avait entraîné la perte de l'engin spatial et de ses sept membres d'équipage.

    Les experts de l'agence spatiale américaine doivent maintenant déterminer l'étendue exacte des microfissures, comprendre ce qui a pu les provoquer et déterminer si elles risquent de s'étendre. S'il s'avère qu'aucune réparation n'est possible, les techniciens devront se résoudre à remplacer les éléments défectueux, ce qui représente un travail d'une complexité considérable car une partie se trouve à l'intérieur même des moteurs.

    Les navettes spatiales sont actuellement bel et bien clouées au sol, et aucun calendrier de vol ne pourra être établi tant que les techniciens n'auront pu examiner dans le détail l'ensemble du groupe propulseur de chacune d'entre elles. Mais deux choses paraissent déjà évidentes : aucun vol spatial habité ne pourra avoir lieu au départ des Etats-Unis avant la fin de l'été, et les navettes, même si elles représentent le moyen le plus moderne de se rendre dans l'espace, montrent leurs limites tout en vieillissant plutôt mal alors que les projets de remplacement par une navette de seconde génération piétinent, essentiellement par manque de crédits.

    Par Rama, Futura-Sciences Belgique