Comme tous les partenaires utilisant la Station spatiale internationale, l’Agence spatiale européenne paie sa part en nature, avec des missions ATV. L’Esa ayant cessé la production de cet engin remarquable, elle doit trouver une autre monnaie d'échange. Pourquoi pas participer à la réalisation d'un vaisseau spatial habité ?


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    Consciente qu’elle ne pourra vraisemblablement jamais développer son propre système de transport spatial, l’Europe souhaite participer au développement du futur véhicule d’exploration de la Nasa (MPCV) en fournissant un module dérivé de l’ATV. Quant à la Nasa, avec la volonté de son gouvernement de se désendetter à hauteur de 1.500 milliards de dollars sur 10 ans, il est clair que ses grands projets d’exploration seront plus difficiles à financer. Les deux agences spatiales finiront par trouver un terrain d'entente. © Esa

    Consciente qu’elle ne pourra vraisemblablement jamais développer son propre système de transport spatial, l’Europe souhaite participer au développement du futur véhicule d’exploration de la Nasa (MPCV) en fournissant un module dérivé de l’ATV. Quant à la Nasa, avec la volonté de son gouvernement de se désendetter à hauteur de 1.500 milliards de dollars sur 10 ans, il est clair que ses grands projets d’exploration seront plus difficiles à financer. Les deux agences spatiales finiront par trouver un terrain d'entente. © Esa

    Avec le laboratoire scientifique Columbus et le bras robotique Era (2013), le Véhicule de transfert automatique (ATV) est une des trois contributions majeures de l'Europe au programme de la Station spatiale internationale. Ce cargo spatial automatique est utilisé pour ravitailler l'ISS, rehausser son orbite et emporter puis détruire ses déchetsdéchets lors de sa rentrée destructive dans l'atmosphèreatmosphère terrestre.

    Pour que la Station spatiale internationale reste continûment opérationnelle, chaque partenaire doit contribuer à son exploitation et ce de deux manières : d'une part en s'occupant de ses propres modules et équipements et d'autre part en participant aux missions concernant l'ensemble de la Station, comme la desserte (rotation des équipages, ravitaillement) et les opérations au sol (contrôle, préparation des missions). À la place d'un compte joint qui servirait à rémunérer divers prestataires de service, il a été décidé que chaque partenaire s'efforcerait de fournir des services en nature jusqu'à la valeur correspondant à sa part.

    Préparation de l'ATV-3 dans une des salles blanches du Centre spatial guyanais en vu de son lancement en mars. © Esa, Cnes, Arianespace, Optique Video du CSG, JM Guillon

    Préparation de l'ATV-3 dans une des salles blanches du Centre spatial guyanais en vu de son lancement en mars. © Esa, Cnes, Arianespace, Optique Video du CSG, JM Guillon

    Après les ATV, quelle participation européenne pour l'ISS ?

    L'Europe s'acquitte de ses obligations en fournissant les ATV qui couvrent la part européenne des coûts liés à l'ensemble de l'ISS, soit environ 9 %. Or, avec l'arrêt de la production de l'ATV, seul cinq exemplaires ont été construits, bien loin des huit initialement prévus. Deux ont été lancés avec succès, Jules-Verne en 2008 et Johannes-Kepler en 2011. Le troisième le sera en mars de cette année (Edoardo-Amaldi), avant l'ATV 4 (Albert-Einstein) en 2013 et l'ATV-5 en 2014 qui sera nommé par l'Espagne. Ces cinq missions ATV couvrent la contribution européenne jusqu'en 2017 alors que la Station est prévue pour fonctionner jusqu'en 2020, voire 2025.

    La Nasa et l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne discutent actuellement sur la manière dont l'Europe remplira ses obligations au-delà de 2017. Parmi les idées proposées, celle qui consisterait à fournir à la Nasa une évolution de l'ATV fait son chemin. Lors du Salon du Bourget de juin 2011, Jean-Jacques Dordain avait expliqué vouloir capitaliser sur le programme ATV en développant un module qui pourra devenir un élément du futur véhicule spatial habité de la Nasa (MPCV, ex OrionOrion). Le 16 janvier, devant la presse du secteur spatial, il s'est fait plus insistant en précisant que cette contribution pourrait prendre la forme du module de service du MPCV. Pour l'Europe, il s'agit d'utiliser au mieux les capacités industrielles développées pour l'ATV et ColumbusColumbus. Quant à la Nasa, cela lui permettrait de raccourcir de façon significative le calendrier de développement de cet engin, dont le premier vol d'essai inhabité est prévu en 2017 et d'abaisser le coût de ce programme. À suivre donc.