Le 21 novembre 2023, après plusieurs tentatives infructueuses, la Corée du Nord parvient à mettre en orbite son premier satellite de reconnaissance, au mépris des nombreuses sanctions internationales. Petit à petit, le satellite prend vie. Mais ses dernières manœuvres laissent supposer l’aide d’un pays allié du régime autoritaire. Quelles sont les possibilités ?


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    Malligyong-1 est le premier satellite de reconnaissance de la Corée du Nord. Après la mise en orbite de quelques prototypes, c'est le premier satellite espion à caractère opérationnel apte à soutenir et documenter des opérations militaires du régime de Kim Jong-il. D'ailleurs, la Corée du Nord a envoyé plusieurs milliers de soldats soutenir les troupes russes sur le front ukrainien.

    Étranges manœuvres

    Spécialisé dans la surveillance du trafic spatial, le docteur Macro Langbroek de la faculté d'ingénierie spatiale de Delft, aux Pays-Bas, a remarqué que Malligyong-1 avait effectué des manœuvres de rehaussement d'orbite inhabituelles du 16 au 18 janvier.

    Tout satellite doit régulièrement rehausser son altitude. En effet, en rencontrant les quelques particules au-dessus de notre atmosphèreatmosphère, le satellite perd en vitesse et par conséquent en altitude. Les précédents rehaussements d'orbite de Malligyong-1 se réalisaient dans une zone à portée des antennes de communication en Corée du Nord.

    D'après Marco Langbroek, entre les 16 et 18 janvier, Malligyong-1 a réalisé ses dernières manœuvres de rehaussement d'orbite au-dessus de l'ouest de l'océan Atlantique Nord, dans une zone qui s'étend du Québec au Brésil et qui se trouve hors de portée des antennes nord-coréennes en raison de la courbure de la Terre.

    Décollage d'une fusée Chollima emportant un satellite Malligyong. © KCNA
    Décollage d'une fusée Chollima emportant un satellite Malligyong. © KCNA

    Aide russe ?

    Selon Marco Langbroek, ces manœuvres ont été soit préprogrammées, soit transmises par le relais d'un satellite en orbite géostationnaireorbite géostationnaire, soit envoyées depuis une antenne située dans cette zone très proche des États-Unis. L'enquête se poursuit afin de savoir si un bateau-relais russe ou chinois aurait pu transmettre ces commandes au satellite nord-coréen.

    Il reste possible que la Russie soit impliquée dans les opérations du satellite espion. Depuis la rencontre entre Vladimir Poutine et Kim Jong-il au cosmodrome russe de Vostochny, en Extrême-Orient, le spatial russe a renforcé sa coopération.