La décision du gouvernement américain d’arrêter les projets de retour sur la Lune et le système de transport pour s’y rendre pousse d’anciens astronautes et des parlementaires à monter au créneau pour critiquer cette décision qui, selon eux, pourrait réduire la capacité des Etats-Unis à maintenir son leadership dans l'espace pour les vingt prochaines années.

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    Barack Obama souhaite mettre à contribution le secteur privé et internationaliser l'exploration. Ce nouveau paradigme s'appuie sur le monde universitaire des Etats-Unis et le développement de nouvelles technologies mais aussi sur l'absence de feuille de route. Aucun objectif n'est imposé autre que celui, ultime, de l'exploration de Mars. Le Président américain fait le pari que de nouveaux objectifs se matérialiseront d'eux-mêmes à mesure que les Etats-Unis se doteront de nouvelles capacités technologiques capables de rendre le voyage spatial plus sûr et plus simple.

    Ce choix plonge de nombreux parlementaires de tous bords dans l'expectative. Leur crainte est que les Etats-Unis perdent leur rang de première puissance spatiale au profit de la Chine, voire de la Russie. Ils sont 15 députés (10 démocrates et 5 républicains), la plupart du Texas et de la Floride, où se situe une grande partie de l'industrie spatiale, à demander à l'administrateur de la Nasa, Charles Bolden, de mettre sur pied rapidement une commission en charge de passer en revue toutes les solutions pour réaliser les objectifs du programme Constellation dans les limites du budget proposé par la Maison Blanche.

    Une politique qui signe un recul des ambitions américaines dans l’exploration

    Devant ce projet s'appuyant sur le secteur privé pour assurer le transport des astronautes dans l'espace, on peut se demander s'il ne s'agit pas d'un moyen déguisé de repousser aux calendes grecques le retour des Etats-Unis dans l'exploration. La question de l'utilité des vols habitésvols habités et des programmes spatiaux dont la durée dépasse de loin l'horizon politique de leurs décideurs refait surface et d'aucuns se demandent à quoi cela sert d'autant que cela coûte très cher. Aujourd'hui, il est raisonnable de penser que si Mars est le prochain monde à conquérir, le Système solaire ne sera pas réellement colonisable tant que le coût de lancement n'aura pas été divisé par un facteur 10, voire 100. D'ici là, on continuera de faire ce qu'on fait actuellement, c'est-à-dire offrir à des astronautes des tours en orbiteorbite basse qui n'apportent quasiment rien. Il est à craindre que pendant plusieurs décennies on demeure incapable d'explorer au-delà de Mars de sorte que l'on peut se demander si la Planète rouge n'est pas une fin en soi.

    Cette question du leadership dans l'espace est très sensible aux Etats-Unis. Elle trouve son origine dans la course à la Lune que se sont imposée l'ex-URSS et les Etats-Unis dans les années soixante. Depuis cette époque, la fierté, le prestige et la puissance sont les trois piliers qui cimentent la politique spatiale des Etats-Unis. En 1961, l'administrateur de la NasaNasa, James Webb, et le secrétaire à la défense, Robert McNamara, s'exprimaient ainsi : « nous croyons que l'exploration humaine, autour et sur la surface de la LuneLune, représentera un domaine majeur dans lequel la compétition internationale devra s'exercer. La mise en orbite de machines ne représente pas la même chose que la mise en orbite ou l'alunissage d'un homme. C'est l'homme, et non la machine, qui captivera l'imagination du monde ».

    Ces phrases n'ont pas pris une ride ! Comme le souligne le président du Cnes, Yannick d'Escatha, « les projets spatiaux préparent l'avenir et sont porteurs de croissance. L'espace a un effet de levier industriel dans le secteur le plus technologique, un effet de levier économique très important, un effet de levier scientifique et sociétal. Il permet d'acquérir de la compétitivité ».

    Pour répondre à toutes ces inquiétudes et clarifier sa position sur l'avenir du spatial américain, Barack Obama doit accueillir le 15 avril, en Floride une conférence sur l’espace, où il exposera sa vision de l'avenir des vols habités. Il expliquera en quoi « la nouvelle stratégie ambitieuse du Président repousse les frontières de l'innovation pour placer la Nasa sur une trajectoire plus dynamique, souple et rentable qui peut nous propulser vers une nouvelle aventure d'innovation et de découvertes » comme l'explique la Maison Blanche.