au sommaire
Lors de la mission Aida, le satellite AIM surveillera l'astéroïde et les conséquences de l'impact sur sa structure interne et son orbite. © Esa
Une des solutions envisagées pour se prémunir d'un astéroïde fonçant droit sur la Terre est la déviation. Encore faut-il savoir comment procéder car plusieurs possibilités sont à l'étude pour dévier un astéroïde. L'une d'elles, la déviation par un impact, fait l'objet d'une étude réalisée par la Nasa et l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (Esa) dans le cadre de la mission Aida (Asteroid Impact & Deflection Assesment, en anglais, ce qui signifie « évaluation de l'impact et de la déviation d'un astéroïde »)).
L'idée des deux agences spatiales n'est évidemment pas de disloquer un astéroïde menaçant en plusieurs morceaux, ce qui ajouterait du risque au risque, mais bien de le dévier de sa trajectoire suffisamment tôt pour qu'il évite la Terre. Cependant, si envoyer un engin s'écraser contre lui pourrait être le meilleur moyen de le dévier de sa trajectoire, cette possibilité n'a encore jamais été démontrée et les scientifiques ne sont pas d'accord sur le rôle que jouera précisément le panache d'éjectas se formant après l'impact. D'aucuns se demandent s'il sera suffisant pour dévier la trajectoire de l'astéroïde et, le cas échéant, dans quelle proportion.
Aida n'est pas la première mission prévoyant un impact contre un petit corps du Système solaire. En juillet 2005, la sonde Deep Impact avait en effet percuté la comète 9P/Tempel 1 afin d'étudier le cratère d'une trentaine de mètres qui s'était formé. © Nasa
Un tir sur l'astéroïde Didymoon prévu en 2022
C'est tout l'enjeu d'Aida qui prévoit de percuter un astéroïde inoffensif pour comprendre comment cette technique pourrait être appliquée à un astéroïde réellement menaçant. Le choix s'est porté sur l'astéroïde binaire composé Didymos, de 800 mètres de diamètre, autour duquel tourne un objet de plus petite taille (170 mètres), Didymoon. Ce petit astéroïde sera la cible du tir que réalisera la Nasa en 2022, lorsqu'il passera à seulement 11 millions de kilomètres de la Terre.
Avant cela, deux ans avant, l'Agence spatiale européenne devrait avoir lancé le satellite AIM (Asteroid Impact Mission) de surveillance de l'impact. Elle caractériserait alors l'orbite de l'astéroïde et étudierait en détail la surface du satellite et sa structure interne. Elle comparerait ensuite ces données avec celles acquises juste après que Didymoon ait été percuté par le bolide Dart de la Nasa à la vitessevitesse de 6 kilomètres par seconde.
Les conséquences de l’impact ainsi observées finement devraient permettre aux scientifiques de se faire une idée assez précise de la force nécessaire pour déplacer un objet de cette taille. Selon un responsable de la mission, les résultats permettront aux modèles d'impact d'être étalonnés sur une base à grande échelle pour bien comprendre comment un astéroïde pourrait réagir à ce type d'action.
La mission AIM de l'Esa prévoit également l'atterrissage d'un petit module sur la surface de l'astéroïde ainsi que le déploiement de plusieurs CubeSatCubeSat (des engins de petites tailles utilisés aussi en orbite terrestre). Ces derniers réaliseront des expériences et recueilleront également des données.