C'est aujourd'hui que la grotte Chauvet fête les trente ans de sa découverte. Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, le site est devenu particulièrement prisé et célèbre à travers le monde, abritant les œuvres paléolithiques les plus anciennes et les mieux conservées au monde. 


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    Entre Alès et Valence, au sud du parc naturel des Monts d'Ardèche, la grotte Chauvet attire depuis maintenant trois décennies des archéologues et autres chercheurs venus de toute la France. Il y a trente ans, le 18 décembre 1994, une équipe de spéléologues dirigée par Jean-Marie Chauvet découvrait une galerie à flanc de falaise, menant vers un puits. Ils s'avançaient alors des salles décorées de dessins manifestement anciens. 

    Les salles sont de nouveau explorées et topographiées les semaines suivantes, les scientifiques étant conscients de l'ampleur de la trouvaille. L’exploration de Chauvet est un véritable jalon : elle est l'une des plus anciennes grottes ornées au monde et vient se ranger aux côtés de sites mythiques tels que Lascaux, tout en offrant un nouveau regard sur l'art paléolithique.

    En 1994, la grotte Chauvet était redécouverte, plus de 21 000 ans après un éboulement obstruant son entrée. © Grotte Chauvet
    En 1994, la grotte Chauvet était redécouverte, plus de 21 000 ans après un éboulement obstruant son entrée. © Grotte Chauvet

    Révolution paléolithique

    Pour les chercheurs du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), la découverte de la grotte Chauvet « a marqué une révolution à plusieurs niveaux ». Lorsque les archéologues observent les œuvres pariétales, ils constatent que les peintures sont particulièrement détaillées, antérieures à 36 000 avant J.-C. Le bouleversement au sein de la communauté scientifique spécialisée est majeur. Plus de trois-cent-cinquante animaux sont identifiés sur les parois, parmi lesquels des mammouthsmammouths, des rhinocérosrhinocéros ou encore des chevaux. La présence de marques plus symboliques, aussi plus complexes à interpréter, est aussi relevée.

    Le détail des œuvres vient détricoter la thèse de l'universitaire André Leroi-Gourhan sur l'art préhistorique. Dans un ouvrage monumental publié en 1965, baptisé « Préhistoire de l'art occidental », l'historienhistorien et archéologue établit l'idée d'une évolution linéaire de l'art. Si les sociétés préhistoriques commençaient à dessiner sur les mursmurs avec de simples esquisses, les peintures se sont complexifiées au fil des siècles et des millénaires. Mais dans les galeries de Chauvet, les paléontologuespaléontologues comprennent que l'assertion formulée par Leroi-Gourhan trente ans plus tôt est erronée, tant les peintures sont détaillées.

    Une grotte préservée pendant 21 500 ans

    L'état de préservation de la grotte et de ses œuvres se révèle exceptionnel. Les scientifiques ont rapidement compris que son entrée avait été obstruée par un éboulementéboulement, vers 19 500 avant J.-C. Ainsi, aucun être humain, ni aucun animal, ne semble avoir pénétré dans les obscurs boyaux pendant des millénaires.

    La grotte Chauvet, Patrimoine mondial de l'humanité. © AFP, YouTube

    Son état absolument exceptionnel fait de la grotte Chauvet un site unique dans le monde, abritant les plus anciennes peintures préhistoriques répertoriées à ce jour. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, elle est le lieu de rendez-vous de nombreux scientifiques, d'archéologues aux géologues en passant par les historiens de l'art ou des chimistes. Avec le développement de nouvelles technologies de modélisation 3D et de topographie, les chercheurs espèrent désormais en apprendre plus sur les peuplades de chasseurs-cueilleurs qui circulaient dans les environs, il y a plus de trente-cinq-mille ans. Si la grotte est parcourue par des scientifiques de tous horizons, elle est aussi ouverte au grand public.