L'art pariétal est plus rare en Amérique qu'en Europe. Pourtant, la technologie permet aujourd'hui d'explorer les tortueux souterrains de grottes qui recèlent des trésors insoupçonnés. Grâce à un modèle 3D, une équipe de recherche vient de découvrir la plus grande gravure pariétale d'Amérique du Nord.


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    L'art pariétal sur le continent américain est beaucoup plus rare et de dimensions plus modestes que celui connu en Europe. Plusieurs dizaines de représentations ont néanmoins été découvertes dans des grottes d'Amérique du Nord depuis la fin des années 1970. La plupart des glyphes gravés dans les sédimentssédiments ont été élaborés par les premiers Américains natifs entre 800 et 1.600 avant J.-C. et précèdent souvent l'arrivée des premiers colons d'Europe. Dans une récente étude publiée dans le journal Antiquity, des chercheurs décrivent l'une des plus grandes représentations pariétales de cette période précolombienne.

    Des personnages royaux gravés à taille réelle

    Cette représentation se trouve dans une grotte en Alabama dont la localisation précise est gardée secrète et qui comprend plus de cinq kilomètres de galeries souterraines. Les glyphes analysés par les chercheurs se trouvent au plafond qui est situé à 1,25 mètre du sol. L'appréciation de ces glyphes requiert donc souvent de l'observateur qu'il s'allonge sur le sol mais cette position ne permet toujours pas de voir l'intégralité d'une gravure lorsque celle-ci dépasse le mètre.

    La galerie souterraine ne permet pas à un être humain adulte de se tenir debout. La photogrammétrie et l'utilisation de modèles 3D sont donc une solution pour analyser les glyphes dans leur ensemble. © Simek et al, 2022
    La galerie souterraine ne permet pas à un être humain adulte de se tenir debout. La photogrammétrie et l'utilisation de modèles 3D sont donc une solution pour analyser les glyphes dans leur ensemble. © Simek et al, 2022

    Les auteurs ont donc utilisé la photogrammétrie afin d'analyser les glyphes. Cette technique consiste à prendre de nombreuses photographiesphotographies (ici 16.000) à haute résolutionrésolution et très proches les unes des autres afin de les agglomérer par la suite et de générer un modèle 3D d'une large zone spatiale. Ce modèle leur a permis de découvrir des gravures indétectables à l'œilœil nu telles que celle de ce qui serait un serpent à sonnette, notamment vénéré par les indigènesindigènes du sud-ouest de l'Amérique du Nord. Trois silhouettes anthropomorphes ont également été identifiées, en posture de royauté. La plus grande mesure 2,08 mètres de long et présente une tête et un corps très anguleux.

    L'une des silhouettes anthropomorphes est très anguleuse et mesure 2,08 mètres de long. Les lignes parallèles sur la gauche de la silhouette pourraient représenter une ceinture. © Simek et al, 2022
    L'une des silhouettes anthropomorphes est très anguleuse et mesure 2,08 mètres de long. Les lignes parallèles sur la gauche de la silhouette pourraient représenter une ceinture. © Simek et al, 2022

    Une silhouette d'1,81 mètre présente des angles plus arrondis et semble regarder l'observateur. Les lignes qui s'étirent depuis la tête pourraient, selon les auteurs, être des plumes tandis que l'une des mains tient une crécelle ou une arme. Ces représentations sont les plus grandes de cette période à avoir été réalisées dans des grottes nord-américaines. Les auteurs soulignent par ailleurs qu'en raison de la taille de ces représentations et de la morphologiemorphologie des galeries souterraines, les artistes ont dû créer ces gravures alors qu'ils ne pouvaient pas voir l'ensemble de leur réalisation d'un seul coup d'œil. Les auteurs indiquent donc que ces artistes ont dû travailler avec leur imagination plutôt qu'avec une perspective visuelle dégagée.