Pendant des siècles, les historiens et archéologues ont tenté de retrouver la dépouille du poète français Joachim du Bellay. C’est potentiellement chose faite : des fouilles sous la cathédrale Notre-Dame de Paris ont permis d’analyser les caractéristiques d’un squelette présentant des similarités avec le poète de La Pléiade.


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    L'incendie de Notre-Dame de Paris en 2019 a provoqué la destruction partielle d'un joyau du patrimoine français, occasionnant néanmoins de belles découvertes. Une grande partie de la structure ainsi que plusieurs artefacts ont été sauvés et les travaux de restauration ont permis d'entreprendre des fouilles archéologiques sur le site. Lors d'une conférence de presse organisée le 17 septembre, l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) faisait le point sur l'avancée des recherches. Elles s'avèrent pour le moins concluantes : deux sarcophages de plomb ont été exhumés au cours des dernières années et l'un d'entre eux aurait abrité la dépouille du poète français Joachim du Bellay.

    Mais où est passé Joachim du Bellay ?

    Joachim du Bellay est l'une des plus importantes figures de la langue française. Né vers 1522 en Anjou, il s'inscrit dans le rayonnement culturel de la Renaissance, sous la régence de François Ier. Avec d'autres poètes émérites tels que Pierre de Ronsard ou Rémy Belleau, il crée La Pléiade, collectif de penseurs dont l'objectif est de perfectionner le français et de promouvoir son excellence face à un latin déclinant. Frappé d'apoplexieapoplexie après plusieurs années de maladie, il meurt dans la nuit du 1er au 2 janvier 1560. Sur son souhait, il est alors inhumé dans la chapelle Saint-Crépin, accolée à Notre-Dame.

    Les restes de Joachim du Bellay sont recherchés à partir du XVIIIe siècle. Plus récemment, les fouilles dans la chapelle laissaient les archéologues circonspects, ne permettant pas de recouvrer la dépouille du poète. A-t-il jamais été enterré dans la chapelle ou son corps a-t-il été déplacé au fil des siècles ? Les fouilles entreprises par l'Inrap après l'incendie ont permis de découvrir une centaine de sépultures. À la croisée du transept de Notre-Dame, deux sarcophages de plomb dénotent. Et focalisent rapidement l'attention des chercheurs.

    De nombreux ossements gisaient sous la cathédrale, dont deux abrités dans des sarcophages de plomb. L’un d’eux pourrait-il cacher les restes de Joachim du Belley ? © Denis Gliksman, Inrap
    De nombreux ossements gisaient sous la cathédrale, dont deux abrités dans des sarcophages de plomb. L’un d’eux pourrait-il cacher les restes de Joachim du Belley ? © Denis Gliksman, Inrap

    De la médecine légale à travers les siècles

    L'un des deux sarcophages porteporte une épitaphe, du nom d'Antoine de La Porte, un chanoine ayant dû acquérir une certaine importance de son vivant. La seconde est cependant anonyme. L'analyse des restes est confiée à une unité de recherche de l'université Toulouse III - Paul-Sabatier. Les scientifiques se lancent donc dans un véritable exercice de médecine légale. Auprès du journal Le Monde, le chercheur au CNRS Éric Crubézy insiste sur le facteur pluridisciplinaire de cette enquête. Il a fallu croiser les sources pour essayer de deviner l'identité du corps inconnu. Ce mystérieux individu est mort d'une méningiteméningite chronique tuberculeuse, ayant atteint les os et altérant les vertèbres dans de rares cas. Autre caractéristique, les os du bassin démontrent que l'inconnu était un cavalier expérimenté.

    La tâche des chercheurs était de déterminer quelle personnalité renommée aurait été enterrée à Notre-Dame. En étudiant les relevés d’autopsie de Joachim du Bellay, les archéologues ont réalisé des similarités entre l'affliction ayant causé la mort du poète et les maux soufferts par l'inconnu de la cathédrale. Joachim du Bellay était aussi un cavalier chevronné, ce qui correspond avec les récentes observations. L'âge de la personne, son sexe et les datations coïncident aussi. Un véritable succès pour les archéologues, qui prônent toutefois la tempérance. De plus amples examens doivent être effectués sur les corps retrouvés sous Notre-Dame, avant que les archéologues ne confirment pleinement avoir retrouvé le poète de La Pléiade.