Dans le sud-est de la France, un site archéologique particulièrement ancien est fouillé par les archéologues depuis plusieurs mois. Les traces d’une habitation vieille de plus de 5 000 ans y ont été retrouvées, offrant des indices sur une culture méconnue s’étant développée en Europe durant la Préhistoire. 


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    La Riviera est réputée pour ses paysages somptueux, un peu moins pour ses sites archéologiques pourtant fascinants. À Cavalaire-sur-Mer, à quelques kilomètres au sud de Saint-Tropez, les chercheurs de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) se penchaient sur le cas des premiers cultivateurs de la côte méditerranéenne française, avant l'Antiquité. La découverte d'un habitat vieux de plus de 5 000 ans attirait rapidement l'attention des archéologues. L'étude de structures et des fragments de céramiquecéramique retrouvés dans d’autres lieux du Néolithique en France éclaire sur la culture cardiale, précise l'institution dans un communiqué diffusé le 13 janvier.

    Les vestiges d’une culture préhistorique méconnue

    Les fouilles, toujours en cours, se déroulent sur 4 200 m2. Le bâtiment découvert par l'Inrap mesure sept mètres sur cinq. La base de la structure se situe à « un mètre trente sous les niveaux d'occupation du Néolithique moyen », vers 4800 avant J.-C. Les habitats de cette période, le Néolithique ancien, se trouvent plus généralement dans des grottes ou des formations rocheuses. Il est plus rare que des fermes à ciel ouvert soient exhumées par les archéologues.

    C’est une petite résidence préhistorique que les archéologues ont découvert à Cavalaire, datant du Néolithique ancien. © Sylvain Barbier, Inrap
    C’est une petite résidence préhistorique que les archéologues ont découvert à Cavalaire, datant du Néolithique ancien. © Sylvain Barbier, Inrap

    L'aménagement de cet habitat préhistorique est similaire à certaines structures retrouvées dans le nord-ouest de l'Italie, correspondant à la culture « impresso-cardiale ». Celle-ci se développe à partir du VIe millénaire avant J.-C., restant concentrée en Europe méridionale. L'Inrap précise que des traces de cette culture ont été retrouvées sur d'autres sites archéologiques en France, mais elle reste toutefois relativement obscure.

    L’implantation des populations « agro-pastorales » autour de la Méditerranée

    Les spécialistes repèrent les artefacts du courant « impresso-cardial » grâce aux céramiques conçues durant cette période. Elles sont ornementées de motifs réalisés avec des coquillages nommés cardium, permettant de créer des motifs fins sur des poteries en argile. Une étude publiée en 2015 par la National Library of Medicine établit que les origines de la culture cardiale se situent dans les Balkans. Les populations d'agriculteurs et de fermiers auraient migré dans les provinces méridionales de l'Europe.

    Plusieurs céramiques décorées avec des coquillages retrouvées en Europe renvoient à la culture cardiale. Celle-ci provient d’un site ibérique, désormais exposée dans un musée de Grenade, en Espagne. © José-Manuel Benito Álvarez
    Plusieurs céramiques décorées avec des coquillages retrouvées en Europe renvoient à la culture cardiale. Celle-ci provient d’un site ibérique, désormais exposée dans un musée de Grenade, en Espagne. © José-Manuel Benito Álvarez

    Ces peuplades ont ainsi exporté leurs méthodes de culture, se sédentarisant jusqu'en Espagne. Deux sites en France servent de référentiel : celui de Pedro Signado, à proximité de Béziers, et celui de Courthézon dans le Vaucluse. Les fouilles de Courthézon révélaient la présence d'un bâtiment ovale datant d'environ 5300 avant J.-C. L'intérêt est donc d'observer et de constater la présence d'éventuelles similitudes entre les différentes structures. La culture cardiale reste cependant énigmatique pour les universitaires.

    À Cavalaire, le chantier restera ouvert jusqu'à la fin du mois de janvier 2025, les archéologues espérant mettre au jour de nouveaux éléments et de plus amples indices éclairant sur le mode de vie des fermiers locaux durant la Préhistoire.