Parmi les découvertes intrigantes de l’année 2024, les archéologues ont prélevé sur un site préhistorique du Koweït une étrange figurine vieille de plusieurs milliers d’années, dotée de caractéristiques en apparence surnaturelles. Les spécialistes tentent de comprendre le sens d’une telle création. 


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    De prime abord, elle aurait pu passer inaperçue parmi d'anciens vestiges. Mais grâce à leur œilœil affûté, les archéologues fouillant le site de Bahra 1, au nord du Koweït, ont mis la main sur un petit artefact sculpté. Ses caractéristiques soulèvent des interrogations : cette petite pierre, d'à peine quelques centimètres, prend la forme d'un facièsfaciès. Mais, comme le relève LiveScience dans un article publié le 17 décembre, la figurine adopte une forme étrange, comparable à celle d'un... alien. Les experts se sont passionnés pour cette découverte, bien que les habitants de la péninsulepéninsule arabique ne se soient probablement pas confrontés à une rencontre du troisième type, il y a plusieurs millénaires.

    Un mélange de cultures au sortir de la Préhistoire ?

    Fabriqué à partir d'argileargile, l'artefact présente des gravures particulièrement fines. On discerne ainsi des yeux, une sorte de neznez aplati et une élongation anormale du crânecrâne. La période d'occupation de Bahra 1 se situe entre 5500 et 4900 avant J.-C., en faisant l'un des plus anciens sites préhistoriques du Koweït, voire de la péninsule arabique. La découverte de cette petite figure en 2024 est une première pour les archéologues, un tel artefact n'ayant jamais été recouvré auparavant. L'objectif des universitaires était alors de comprendre la portée d'un tel objet.

    Vu sous plusieurs angles, cet étrange artefact possède des caractéristiques inhabituelles, s’éloignant des représentations humaines traditionnelles. © Adam Oleksiak, CAS UW
    Vu sous plusieurs angles, cet étrange artefact possède des caractéristiques inhabituelles, s’éloignant des représentations humaines traditionnelles. © Adam Oleksiak, CAS UW

    Une équipe conjointe de chercheurs polonais et koweïtiens tentait alors de déterminer les influences culturelles et artistiques d'une telle tête. Elle ne représente effectivement pas un extraterrestre, mais les peuplades du Levant avaient pour habitude de représenter des personnages aux allures singulières. Il semblerait qu'elle soit la manifestation d'une intricationintrication culturelle, voire d'échanges entre les peuples de la péninsule et les sociétés implantées plus au nord, autour du bassin méditerranéen.

    Quand les cultures mésopotamiennes se diffusaient au Proche et Moyen-Orient

    Le long du TigreTigre et de l'Euphrate, la Mésopotamie voit émerger plusieurs cultures après la révolution agricole du VIe millénaire avant J.-C., théorisée par V. Gordon Childe. Parmi les principales, on retrouve Hassuna, Samarra, Halaf et Obeid. L'époque d'Obeid débute vers 6500 avant J.-C., non loin du golfe arabo-persique. Elle connaît alors une diffusion importante, tandis que son influence grandit. Des figurines, des céramiquescéramiques, mais aussi des temples qualifiés « d'obéidiens » sont bâtis jusque dans la péninsule arabique.

    La période d’Obeid se distingue en plusieurs phases. Ces figurines féminines à l’aspect reptilien ont été retrouvées dans la cité mésopotamienne d’Ur. © Mary Harrsh
    La période d’Obeid se distingue en plusieurs phases. Ces figurines féminines à l’aspect reptilien ont été retrouvées dans la cité mésopotamienne d’Ur. © Mary Harrsh

    Il s'avère que le petit artefact de Bahra 1 arbore des traits caractéristiques, propres aux sculptures fabriquées durant l'ère d'Obeid. Les artisans avaient pour habitude de concevoir des silhouettes humanoïdeshumanoïdes aux extrémités étonnamment longues, ou des animaux servant notamment dans l'agricultureagriculture. L'ouvrage La Mésopotamie, de la collection « Mondes anciens » (Belin), indique que la diffusion de la culture d'Obeid correspond avec la densification du tissu urbain au sein de plusieurs villages. Une véritable époque de changements ouvrant la porteporte à de nouvelles façons de commercer et créant de facto de nouveaux carrefours d'échanges au cœur du Néolithique.