Une tablette babylonienne datant d'il y a 3.500 ans a révélé ses gravures qui comprennent la plus ancienne représentation connue d'un fantôme. Cette tablette présente également des inscriptions qui sont en quelque sorte un mode d'emploi à l'usage des vivants pour renvoyer les fantômes dans l'au-delà.


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    Les civilisations humaines aujourd'hui disparues croyaient-elles aux fantômes ? Une partie de la réponse, concernant les Babyloniens, vient d'être apportée par le Dr Irving Finkel, conservateur du département dédié au Moyen-Orient au British Museum. Le Dr Finkel se charge de la conservation de plus de 130.000 tablettes cunéiformescunéiformes en argileargile et il est un philologue (une personne qui étudie les civilisations et les langues passées à travers des écrits) spécialisé en assyriologie, c'est-à-dire dans l'étude des anciennes cultures du Moyen-Orient (Assyrie et Mésopotamie, par exemple) grâce à des textes cunéiformes. Il publie cette année un livre intitulé The First Ghosts (signifiant « Les premiers fantômes »), qui se fonde notamment sur une tablette babylonienne datant d'il y a 3.500 ans.

    Le Dr Irving Finkel est philologue et assyriologue au <em>British Museum</em>, il a décrit la gravure de fantôme présente sur la tablette. © Dale Cherry
    Le Dr Irving Finkel est philologue et assyriologue au British Museum, il a décrit la gravure de fantôme présente sur la tablette. © Dale Cherry

    Un rituel et un accompagnant pour le fantôme

    Cette tablette entreposée au British Museum présente en effet la plus ancienne gravure de fantôme connue à ce jour. Depuis l'acquisition de la tablette par le musée au XIXe siècle, cette gravure n'avait pas été identifiée car elle est révélée sous un éclairage particulier. Le profil de deux personnes en train de marcher a cependant récemment été mis au jour.

    Le fantôme d'une femme se trouve à gauche, il est attaché à un jeune homme, à droite. © Photographie du <em>Bristish Museum</em>, lignes dessinées par James Fraser et Chris Cobb pour le livre <em>The First Ghosts</em>
    Le fantôme d'une femme se trouve à gauche, il est attaché à un jeune homme, à droite. © Photographie du Bristish Museum, lignes dessinées par James Fraser et Chris Cobb pour le livre The First Ghosts

    Selon le Dr Finkel, le personnage de gauche est le fantôme d'une femme alors que celui de droite, auquel elle est attachée, est un jeune amant. Ce dernier aurait été désigné pour accompagner le fantôme lors de son retour dans l'au-delà. Au dosdos de la tablette, des inscriptions indiquent comment libérer le fantôme. Celles-ci indiquent notamment qu'il faut procéder à un rituel au lever du soleil en faisant face à celui-ci et de placer au sol deux vases contenant de la bière, un encensoir contenant du genévrier et la figurine d'un homme et d'une femme. Une incantation doit ensuite être prononcée et l'inscription se termine par un avertissement qui indique de ne pas regarder derrière soi. Cette dernière mention n'est pas sans rappeler le mythe d'Orphée rapporté dans les MétamorphosesMétamorphoses d'Ovide, qui perd Eurydice lors de leur remontée des Enfers car il s'est retourné pour la regarder.

    L'inscription se termine par un avertissement qui indique de ne pas regarder derrière soi

    Le Dr Finkel explique que les fantômes de Babyloniens pouvaient probablement venir hanter les vivants ou chercher leur aide s'ils n'avaient pas été enterrés suivant un rituel précis, qui aurait assuré leur passage définitif dans l'au-delà. Ces fantômes pouvaient par exemple provenir de soldats tués à la guerre ou de personnes disparues en mer, qui avaient des enterrements non traditionnels ou dont l'absence de corps ne permettait simplement pas au défunt de reposer. Selon le Dr Finkel, cette tablette devait probablement se trouver dans la bibliothèque de livres de sorts d'un exorciste ou dans un temple.