Selon des chercheurs, la ville de Tall el-Hamman (Jordanie) — qui pourrait correspondre à l'antique Sodome, avec toutes les précautions qui s'imposent à ce sujet, car les indications laissées dans les textes anciens restent parcellaires — a été littéralement rasée de la carte il y a environ 3.600 ans. Par une météorite semblable à celle qui a explosé dans le ciel de Toungouska (Sibérie) en 1908.


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    À sa plus belle époque, il y a environ 3.600 ans, la ville que l'on nomme aujourd'hui Tall el-HammamHammam était dix fois plus grande que Jérusalem et cinq fois plus étendue que Jéricho. Elle trônait sur les hauteurs du sud de la vallée du Jourdain, au nord-est de la mer Morte. C'est dans cette région que la complexité culturelle de nos ancêtres est réputée s'être développée. Il est donc facile de comprendre pourquoi elle intéresse beaucoup les archéologues.

    Celle que l’on appelle aujourd’hui Tall el-Hammam est située en Jordanie. © Nasa
    Celle que l’on appelle aujourd’hui Tall el-Hammam est située en Jordanie. © Nasa

    Et en y regardant de plus près, des chercheurs de l’université de Californie à Santa Barbara (États-Unis) y ont trouvé quelque chose d'inhabituel. Dans la stratestrate correspondant à l'âge du bronze. Du charboncharbon de boisbois, de cendres et des éclats de poteries ou encore des matériaux de constructionconstruction présentant des surfaces extérieures fondues. Sur environ 1,5 mètre d'épaisseur. « Nous avons des preuves que les températures ont pu dépasser les 2.000 °C », précise James Kennett, chercheur, dans un communiqué. De quoi indiquer qu'un événement tout à fait anormal a dû se produire là il y a 3.650 ans.

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    Le 30 juin 1908, un astéroïde provoquait la plus grande explosion de l'histoire moderne

    Selon les modèles et l'interprétation des chercheurs, ce qui aurait pu provoquer cette élévation brutale de la température, c'est le passage au-dessus de Tall el-Hammam d'une météorite résultant en une explosion semblable à celle qui a soufflé la région de Toungouska en 1908. Celle-ci avait renversé plus de 80 millions d'arbresarbres. Celle-là a littéralement rasé la ville. Une météorite filant à plus de 60.000 km/h pour une explosion environ 1.000 fois plus puissante que celle de la bombe atomique d'Hiroshima. Puis une onde de choc se déplaçant à quelque 1.200 km/h. Le tout ne laissant que la désolation de bâtiments fondus et balayés et de corps désarticulés aux squelettes réduits en morceaux.

    Des preuves d’une explosion de météorite

    Les chercheurs avancent que de nombreux éléments découverts sur place confirment aujourd'hui la thèse. La présence de quartz choquésquartz choqués tels qu'il ne s'en forme que sous de très hautes pressions -- de l'ordre de 5 gigapascals. De minuscules diamonoïdes, aussi. Des sortes de diamants plus petits que des virus et formés à partir de bois et de plantes lorsque température et pression augmentent brutalement. Ou encore la teneur en sel de certains échantillons, allant jusqu'à 25 % alors que la moyenne des sédimentssédiments locaux se situe autour de 4 % seulement. Il se peut, en effet, que l'impact de la météorite ait partiellement touché la mer Mortemer Morte, qui est riche en sel. Tout comme ses rives. Ainsi l'impact peut avoir redistribué ces cristaux de sel au loin. Et ce pas seulement à Tall el-Hammam, mais aussi à proximité de Tell es-Sultan et de Tall-Nimrin, deux autres villes qui ont subi une destruction violente à la même période.

    Quelques images au microscope électronique de quartz choqués retrouvés du côté de Tall el-Hammam. © Allen West, CC by-ND, Université de Californie
    Quelques images au microscope électronique de quartz choqués retrouvés du côté de Tall el-Hammam. © Allen West, CC by-ND, Université de Californie

    C'est d'ailleurs peut-être la forte salinité des sols, empêchant quoi que ce soit de pousser, qui a fait fuir les derniers habitants vers d'autres terres. Des preuves de réinstallation à Tall el-Hammam n'apparaissent pas avant environ 600 ans plus tard.

    Finalement, le scénario décrit ici par les chercheurs ressemble étrangement à une histoire racontée dans la Bible, celle de Sodome. La ville -- et plusieurs autres -- aurait été détruite par un « feu tombant du ciel ». Alors qu'un habitant sauvé par les angesanges s'enfuyait, sa femme était, elle, transformée en statue de sel, précise le texte ancien. « Toute l'histoire est cohérente avec l'explosion aérienne d'une météorite, confirme James Kennett. Mais nous n'avons pas de preuve scientifique que Tall el-Hammam et la ville de Somode ne font qu'une. » Avec toutes les précautions qui s'imposent donc en la matièrematière, il se pourrait bien que la catastrophe très naturelle qui a secoué la région il y a environ 3.600 ans se soit transmise à l'oral jusqu'à finir dans l'Ancien Testament. Y laissant la première trace écrite d'un tel événement cosmique.


    Un astéroïde aurait détruit les villes de Sodome et Gomorrhe

    Des archéologues pensent depuis quelques années qu'ils ont bel et bien retrouvé les villes de Sodome et Gomorrhe, détruites par une catastrophe d'origine divine dans la Bible. Mais pour eux, certaines indications laissent penser qu'elles ont été détruites par une explosion similaire à celle de la TunguskaTunguska, c'est-à-dire en rapport avec la chute d'un petit corps céleste, astéroïdeastéroïde ou comètecomète.

    Article de Laurent SaccoLaurent Sacco paru le 29/11/2018

    Une image d'artiste d'un astéroïde géocroiseur sur le point de chuter sur Terre. © Stephane Masclaux, Fotolia
    Une image d'artiste d'un astéroïde géocroiseur sur le point de chuter sur Terre. © Stephane Masclaux, Fotolia

    C'est parce qu'il était persuadé que la ville de Troie avait bel et bien existé et qu'il suffisait pour la trouver de se fier aux descriptions du texte d'Homère, en l'occurrence l'Iliade, que Heinrich Schliemann avait débuté les fouilles qui ont conduit à la découverte d'une ville que l'on pouvait rattacher aux chantschants du divin aède à défaut d'être certain qu'il s'agissait bien de la même cité.

    Il semble aussi que la description de l'Atlantide de Platon soit bien une référence à la civilisation crétoise frappée par l'éruption de Santorin. On peut donc raisonnablement faire des fouilles archéologiques pour tenter de retrouver des traces des villes et des évènements décrits dans l'Ancien Testament. Cette archéologie biblique a une longue histoire derrière elle. Depuis quelques années, l'archéologue Steven Collins de la Trinity Southwest University aux États-Unis mène des fouilles dans le cadre du Tall el-Hammam Excavation Project avec des collègues sur le site de Tall El-Hammam. Un site qui pourrait figurer parmi les plus grandes villes antiques de l'âge du bronze au Proche-Orient et que le chercheur pense qu'il peut correspondre aux villes de Sodome et Gomorrhe de la Bible. Ces villes y sont décrites comme des lieux de perdition qui finissent par attirer la colère divine et qui sont donc détruites en conséquence par une catastrophe.


    L'archéologue Steven Collins nous parle de ses recherches pour trouver les villes de Sodome et Gomorrhe. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Steven Collins

    Une explosion de la Tunguska près de la mer Morte ?

    Certains se sont demandé si celle-ci ne pouvait pas être mise en relation avec un tremblement de terretremblement de terre et même une violente éruption volcaniqueéruption volcanique, car le texte biblique mentionne une destruction par « le soufresoufre et le feu ». Mais aujourd'hui, les archéologues étudiant le site de Tall El-Hammam, situé au sud de la vallée du Jourdain, à environ 14 kilomètres au nord-est de la mer Morte, avancent une tout autre hypothèse : la chute et l'explosion d'une météorite comme celle de Chelyabinsk ou encore comme celle à l'origine de la fameuse explosion de la Tunguska. L'hypothèse est en fait développée depuis un certain temps et un bilan de plusieurs années d'étude à son sujet vient d'être exposé récemment lors de la réunion annuelleannuelle de l'American Schools of Oriental Research.

    Les archéologues ont en effet constaté qu'une région d'une vingtaine de kilomètres de diamètre, où ils pensent que se trouvaient Sodome et Gomorrhe, était une plaine fertile occupée pendant au moins 2.500 ans, pendant l'âge du bronze, avant d'être mystérieusement et brusquement désertée il y a 3.700 ans et ce pour plusieurs siècles.

    Or, on constate que les études sur les vestiges de 120 petites colonies de cette région ont livré des signes de chaleurchaleur extrême en surface sur des poteries. Certaines indications laissent penser aussi qu'un brusque apport de saumuresaumure, issue de la mer Morte, aurait stérilisé les terres agricoles au même moment.

    Tout cela est donc compatible avec l'explosion dans l'atmosphèreatmosphère d'un corps céleste, ne laissant pas de cratère, mais produisant une onde de choc thermique tuant peut-être des dizaines de milliers de personnes et soufflant une partie de l'eau de la mer Morte. Il reste sans doute encore du travail à faire pour confirmer pleinement cette hypothèse, et aussi celle que l'on a bel et bien retrouvé Sodome et Gomorrhe.