L'ADN de populations du Moyen-Orient recèle des détails sur l'évolution et les migrations humaines mais il vient tout juste d'être analysé à grande échelle.


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    La morphologiemorphologie des restes fossilesfossiles au sein de la lignée humaine permet de comprendre de nombreuses étapes ayant eu lieu au cours de l'évolution de l'Homme. La forme du bassin, la position du foramenforamen magnum (trou occipital), les proportions des membres antérieurs et postérieurs ainsi que la morphologie du larynxlarynx et de la mandibulemandibule permettent encore aujourd'hui d'attribuer un spécimen à l'une ou l'autre des espècesespèces d'hominines précédemment définies.

    Les méthodes d'analyse d'ADNADN ancien mises au point au cours des dernières décennies sont de plus en plus accessibles pour de nombreux laboratoires. Des analyses ADN font l'objet d'une nouvelle étude parue dans la revue Cell qui reporte les résultats de l'examen de 137 génomesgénomes dans huit populations humaines du Moyen-Orient.

    Huit populations ont été échantillonnées à travers le Moyen-Orient et ont permis d'analyser 137 génomes. © Almarri et al., 2021
    Huit populations ont été échantillonnées à travers le Moyen-Orient et ont permis d'analyser 137 génomes. © Almarri et al., 2021

    Le Moyen-Orient constitue en effet une région trop peu étudiée dans ce domaine au regard de son importance pour la compréhension des migrations humaines. Ce territoire est en effet situé entre l'Afrique, l'Europe et l'Asie, et y ont été découverts certains des premiers fossiles d'humains sortis d'Afrique (dont l'un est daté d'il y a au moins 177.000 ans au Proche-Orient) et des outils et traces de pas attribués à l'Homme qui remontent à 120.000 ans environ.

    Une histoire de changement climatique et de migrations

    Les résultats de la publication montrent tout d'abord que les populations actuelles du Moyen-Orient proviennent de celle qui est sortie d'Afrique, il y a 50.000 à 60.000 ans. Les auteurs de l'étude indiquent que les populations d'Arabie saoudite, du Yémen et des Émirats arabes unis ont connu une chute démographique il y a environ 6.000 ans. Celle-ci coïncide avec un changement climatique dans la région qui a entraîné une transition depuis un environnement humide et « vert » vers un désertdésert de sablesable sec. Cette sécheresse intense pourrait de plus être à l'origine de la chute des royaumes et empires au Moyen-Orient et en Asie du Sud et se refléter au niveau de la diversité génétiquegénétique quantifiée dans l'étude.

    Les populations d'Arabie saoudite, du Yémen et des Émirats arabes unis ont connu une chute démographique il y a environ 6.000 ans

    Les chercheurs n'ont par ailleurs trouvé aucune preuve génétique selon laquelle une expansion récente des humains hors d'Afrique aurait contribué aux populations étudiées. Ce résultat est donc en accord avec le fait que tous les Hommes modernes actuels qui vivent hors d'Afrique descendent d'Hommes qui sont sortis une seule fois de ce continent. Cette sortie d'Afrique a été suivie par des hybridations avec Néandertal et par des migrations à travers le monde.

    Lorsqu'elle est possible, l'analyse des gènes permet de compléter voire de corriger les conclusions évolutives fondées sur l'analyse morphologique. © kentoh, Fotolia
    Lorsqu'elle est possible, l'analyse des gènes permet de compléter voire de corriger les conclusions évolutives fondées sur l'analyse morphologique. © kentoh, Fotolia

    Les auteurs mentionnent toutefois que les populations du Moyen-Orient qu'ils ont échantillonnées présentent très peu d'ADN néandertalien spécifique à la région et que la majorité de leur ADN néandertalien est partagée avec les Eurasiens. Les populations d'Arabie saoudite, du Yémen et des Émirats arabes unis ont, de plus, une ascendance néandertalienne plus faible que celles de Syrie et de Jordanie, d'Europe et d'Asie de l'Est. Ceci pourrait notamment s'expliquer par de récentes hybridationshybridations avec des populations africaines.