Mi-dirigeable mi-avion, la Natac (Navette aérienne de transport automatique de conteneurs), de la société française Voliris, pourra, malgré son volume réduit, porter 30 tonnes, au format d’un conteneur, dans des régions désertiques. Son enveloppe, en forme d’aile, assure une force portante en vol. L’engin grandeur nature est en cours de réalisation et un petit modèle, ULM, vole déjà.

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    Excellente solution pour transporter du fret à moindre coût, les dirigeables souffrent d'un trop gros handicap : leur volume énorme qui, au sol, les rend difficiles à manier quand le ventvent souffle. De plus, ces engins peu aérodynamiques ne peuvent atteindre des vitesses élevées et, en vol, le vent les fait trop facilement dériver. Une entreprise de l'Allier, Voliris, travaille depuis plusieurs années sur une solution innovante : donner à l'enveloppe des dirigeables une forme d'aile d'avion. Ainsi, en avançant dans l'air, une force portante apparaît, qui s'ajoute à la flottabilité de l'héliumhélium.

    « Le handicap d'un dirigeable classique est le volume de son enveloppe. Nous, nous changeons de formule : nous écrasons l'enveloppe... », résume Arnaud Siegel, responsable du bureau d'études. De l'idée à la réalisation, il a fallu plusieurs années et la ténacitéténacité d'une équipe, pour l'essentiel venue de l'aéronautique, derrière Alain Bernard, directeur technique.

    Pour tester le principe en vol, Voliris a réalisé plusieurs prototypes, comme les 901C et D, mais aussi, en 2016, une version monoplace classée en ULM. En novembre dernier, l'appareil a d'ailleurs volé, démontrant que ce concept original fonctionne. Avec ses 80 m3, le V902 est ainsi devenu le plus petit dirigeable au monde, dûment inscrit à ce titre dans le Guinness des records.


    Le V902 ULM est le plus petit dirigeable du monde. Son enveloppe est petite : à l'arrêt, l'engin est donc plus lourd que l'air ; mais, dès que la vitesse devient suffisante, il s'envole, à la manière d'un avion. © Voliris

    La Natac pourra décoller de pistes courtes

    « En vol, 60 % de la portance est apportée par l'écoulement aérodynamique sur l'aile, explique Arnaud Siegel. 40 % seulement viennent de la flottabilité de l'hélium dans l'enveloppe, qui peut donc être bien plus petite. » Le prix à payer est la nécessité d'une piste de décollage et d'atterrissage. Plus lourd que l'air, l'engin doit prendre de la vitesse, comme un avion, jusqu'à ce qu'apparaisse la force portante.

    De même, à l'atterrissage, il touche le sol à faible vitesse et ralentit. Tout cela le plus possible face au vent, comme pour tout engin ailé ou un autogyre. La longueur de piste nécessaire semble en revanche très petite pour l'ULM, que l'on voit décoller de la piste de Moulins-Montbeugny sur la vidéo.

    La Natac, en vue d'artiste, avec son conteneur et ses deux moteurs. Son enveloppe profilée assure l'essentiel de la portance (60 %), à la manière de l'aile d'un avion (<em>Aerodynamic lift</em>), 40 % de cette force étant apportée par la flottabilité (<em>Buoyancy lift</em>) due à l'hélium. © Voliris

    La Natac, en vue d'artiste, avec son conteneur et ses deux moteurs. Son enveloppe profilée assure l'essentiel de la portance (60 %), à la manière de l'aile d'un avion (Aerodynamic lift), 40 % de cette force étant apportée par la flottabilité (Buoyancy lift) due à l'hélium. © Voliris

    La Natac, automatisée, transportera plus de 30 tonnes

    Le V902 ULM n'est qu'un démonstrateurdémonstrateur. La véritable idée de Voliris, c'est la Natac (Navette aérienne de transport automatique de conteneurs). Exigeant une piste de 800 m (ce qui est très peu pour un engin volant de cette dimension), elle pourra transporter 32 tonnes à 200 km/h jusqu'à 500 km, avec deux originalités :

    • une mise en place facile ;
    • un chargement prévu pour le format d'un conteneur standard de 40 pieds (c'est l'unité de mesure dans le transport maritime), soit 12 m de long, avec une massemasse de 30,4 tonnes.

    La Natac, démontée, est transportable en dix conteneurs. Le vol sera automatisé et ce transporteur est donc un peu la version lourde des drones de livraisons d’Amazon...

    La Natac, cependant, n'est pas destinée à concurrencer les trains ou les camions dans les pays bien dotés en réseaux de communication. « Il y a de gros besoins dans les pays désertiques, autour du Sahara notamment, mais aussi en Australie, au Canada ou en Russie », commente Arnaud Siegel. D'ailleurs, des bailleurs de fonds ont été trouvés aux Émirats arabes unis. Annoncé depuis des décennies, l'éternel retour du dirigeable pourrait donc se jouer avec cette astuce : le faire ressembler à un avion.